« L’envie que j’avais n’était pas de « crier » mais de raconter des choses avec beaucoup de douceur »
Morgane L : Deux jours que votre premier album « Oserais-je ? » est sorti (17 octobre 2011), comment vivez-vous à chaud le fait d’avoir osé le faire ? Aurélie CABREL : Je suis très très heureux d’avoir enfin, entre guillemets, accouché il y a deux jours ! (rires)
Je suis hyper heureuse car j’ai eu de très bons retours, notamment sur ma page Facebook… La musique a plu aux gens et c’était tout de même le but recherché ! Et là, je suis à Toulon pour le concert de demain au Pradet, en train de manger en terrasse… donc tout va bien ! (rires) C’est très agréable !
Auparavant manageuse d’un groupe punk rock, quand l’idée est-elle venue de passer des coulisses à la scène ? Je manageais des groupes et c’est vrai qu’en 2007, j’ai eu la chance de m’inscrire aux rencontres d’Astaffort qu’on appelle « Voix du Sud » en tant qu’auteur et je continuais en parallèle à manager mes groupes du coin… Sauf que… à partir des rencontres faites en 2007, je me suis vraiment rendue compte que j’avais vraiment l’amour de la scène et que je voulais vraiment interpréter mes textes. Le déclic est donc arrivé tout simplement en proposant des textes et surtout en me retrouvant totalement par hasard à interpréter trois morceaux sur la scène… Ce n’était pas du tout prévu mais c’est là que je me suis aperçue que c’était ça que je voulais faire.
Il n’y avait donc jamais eu cette envie de monter sur scène ? Non… J’ai toujours eu l’amour de l’écriture, c’est quelque chose que j’ai en moi depuis très longtemps mais j’ai aussi fait beaucoup de théâtre et c’est vrai que j’ai ressentais cet amour de la scène mais monter sur scène en interprétant ces propres textes c’est encore quelque chose d’extrêmement différent.
L’écriture et la composition ? Je n’ai pas écrit l’album toute seule. J’ai signé la moitié des textes et j’ai fait appel à d’autres auteurs que je connaissais, des jeunes artistes. Les compositions, quant à elles, sont de différents artistes car je ne compose pas. Plusieurs sont d’Esthen, un musicien belge, qui a également réalisé l’album et arrangé tous les morceaux.
Vos influences musicales ? J’ai toujours écouté beaucoup beaucoup d’artistes ! Donc c’est vrai que quand on écoute ce premier album, on peut entendre un petit peu toutes les influences qui ressortent de moi… Et si je commence à vous raconter toutes mes influences, on en a pour quelques heures ! (rires) Mais des artistes m’ont évidemment touché… Dans la chanson française, mon père en fait partie mais il faut avouer que je suis beaucoup plus touchée par la culture anglo-saxonne. J’ai beaucoup écouté les Beatles, ZZ Top, Led Zeppelin ou encore des choses plus actuelles comme Radiohead, Muse ou même Jack Johnson… Il y en a eu plein ! Je suis une grande auditrice de Jazz aussi, donc c’est vrai que les influences sont très variées. Je n’ai jamais été uniquement attirée par un style musical bien particulier. Tout me plaît dans la musique et c’est vrai que sur ce premier album, on peut se rendre compte de ces genres que j’ai toujours apprécié.
« Oserais-je ? » c’est la question que vous vous posiez avant de sortir ce premier album ? Je crois que c’est un peu la question que tout le monde se pose avant de se lancer dans un projet. C’est juste une interrogation assez basique, assez banale…
Le terme « Oserais-je ? » est venu grâce à un message que j’ai reçu on l’on me disait « oserais-je t’inviter à déjeuner ? »… J’ai trouvé la formule très agréable puisqu’on n’a plus réellement tendance à utiliser ce type d’expression de nos jours et ça l’a donné l’idée d’écrire ce morceau. Quand je l’ai fini, je me suis dit que je me devais d’appeler cet album ainsi car à l’époque, c’était vraiment ce que je ressentais au fond de moi.
Et cette personne a finalement obtenu son rendez-vous avec vous ? Eh non ! parceque j’ai écrit mon texte et puis du coup… Je n’ai pas eu le temps (rires)
En écoutant les chœurs et les arrangements, on a l’impression que vous « camouflez » un peu une voix que l’on devine puissante… Non… En fait c’est plutôt la force tranquille en quelque sorte… C’est vrai que l’envie que j’avais n’était pas de « crier » mais de raconter des choses avec beaucoup de douceur. J’ai été très sincère sur cet album et c’est vrai que la voix est telle qu’elle est sortie. Il n’y a pas eu de superflu, j’aurais pu effectivement la pousser plus mais ce n’était pas le but car je voulais que ça corresponde vraiment à ce que je racontais, tout simplement… Ça a été très naturel.
Vos textes semblent refléter les craintes et les envies que vous avez à 25 ans, vous aviez envie de vous présenter au public par cet album ?
Exactement, les 12 morceaux qui figurent sur cet album parlent de ce que je ressens, de ce que je suis… Il n’y a aucune triche. Chaque morceau fait totalement partie de moi. J’avais vraiment envie que ce soit une présentation de moi, parce que pour un premier album je trouve ça important.
Pourtant certains artistes ont tendance à éviter de se mettre à nu la première fois…
C’est vrai, je n’ai pas besoin d’artifices… Cet album est vraiment à travail de mise à nu plutôt qu’une tentative de se cacher de quoi que ce soit.
Après cette partie de création et de studio, comment appréhendez-vous les épreuves de la scène ?
Je suis très heureuse, c’est vraiment l’aspect du métier qui me correspond totalement ! Je me sens bien sur une scène, j’ai envie de rencontrer les gens, de voir leurs yeux, de savoir s’ils comprennent les mêmes choses que ce que j’ai voulu leur faire passer et je suis surtout très heureuse de pouvoir travailler avec l’équipe artistique que j’ai derrière moi qui sont d’excellents musiciens mais aussi de pouvoir faire mûrir les morceaux. Quand on est en studio, c’est quelque part très « restreint »… On doit complètement figer les choses qui resteront à vie gravées comme ça sur un album tandis qu’en live, on a vraiment la possibilité de faire mûrir chaque morceau et de peut-être les amener ailleurs finalement…
Ça doit déjà commencer à être pesant mais on ne peut pas ne pas vous parler de votre père, et pourtant, en écoutant votre album, on s’aperçoit tout de suite que vous n’avez pas du tout le même style… Comment arrive-t-on en étant aussi proche d’un si grand artiste à ne pas se laisser inconsciemment influencer ?
En réalité, on fait comme tout le monde fait, tout simplement ! Vous avez des parents mais vous ne vous habillez pas de la même façon qu’eux par exemple. On évolue avec son époque, avec ses idéaux, avec la politique actuelle, avec ce qu’est le monde… Forcément nos parents pensent et font des choses mais on est différents d’eux… En fait c’est juste très normal ! (rires) C’est banal finalement d’être différent, d’avoir une personnalité différente et des goûts musicaux différents.
Francis Cabrel n’a pas participé du tout à votre projet en tant qu’artiste ?
En fait, il n’a pas du tout participé au projet, ni en tant que père ni tant qu’artiste ! Avec mon équipe, on a travaillé presque en secret, cet album s’est vraiment enregistré dans l’intimité la plus totale et personne n’y est rentré à part le réalisateur, les musiciens et moi. Donc finalement je n’ai pas eu de conseils particuliers ni d’un père ni d’un chanteur… Je désirais vraiment conserver ma façon très personnelle de voir les choses.
S’appeler « Cabrel », est-ce que ça peut être un cadeau « empoisonné » (même c’est un peu fort) ? Est-ce qu’on n’en attend pas plus de vous que des autres jeunes artistes ?
Non… Je pense que les difficultés dans le milieu de la musique, à l’heure actuelle, sont vraiment partout. Si vous n’avez pas de nom, vous en aurez et si vous êtes « la fille de », les difficultés seront encore ailleurs. On a tous, artistes, des difficultés… Le monde de la musique est un monde très très difficile en ce moment… Se faire connaître et faire parler de vous, c’est une chose mais ensuite il faut perdurer ! C’est un métier et un métier on espère le faire toute une vie… C’est quelque chose, à long terme, de compliqué. Je pense qu’il n’y a pas de choses plus faciles ou plus difficiles pour les uns ou pour les autres… Les difficultés et les facilités ne sont simplement pas au même endroit, c’est tout.
Que pouvons-nous vous souhaiter désormais ?
Que les gens poussent la porte des salles de spectacle et viennent nous découvrir… Ça me ferait plaisir ! (rires)
Album « Oserais-Je ? » sorti le 17 octobre 2011
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
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