COUPS DE COEUR
Astrid Veillon en interview pour la saison 5 de la série « Tandem » et son roman « Pourquoi nous ? »
Alors que Tandem vient de faire son grand retour sur France 3, Astrid Veillon est déjà repartie à fond sur le tournage de la saison 6 ! Une série qu’on aime retrouver chaque année un peu comme un bon pote qu’on n’a pas vu depuis un moment grâce, en grande partie, au naturel de ses comédiens et au plaisir communicatif qu’ils éprouvent sincèrement à jouer ensemble. Passionnée autant par les histoires que par les rôles qu’elle façonne, Astrid Veillon – également auteure de romans et de pièces de théâtre – n’a pas pu résister au désir de reprendre la plume pour coucher sur le papier des envies d’amour et d’espoir. Un nouvel ouvrage – Pourquoi nous ? – qui incite à vivre un peu plus pleinement nos vies et ce, quoi qu’il advienne…
Astrid Veillon « Tandem » & « Pourquoi nous ? »
📺 Saison 5 de la série « Tandem » diffusée tous les mardis à 21h05 sur France 3 & en replay sur france.tv
📚 Roman « Pourquoi nous ? » à paraître le 03 juin 2021 chez Plon • Présente au Festival du Livre de Nice du 17 au 19 septembre 2021
Astrid Veillon nous offre « Pourquoi nous ? », un roman plein d’espoir, d’amour et de résilience
« J’en ai fait une anti-héroïne ! »
Morgane Las Dit Peisson : Encore en tournage pour Tandem alors que les épisodes sont diffusés en ce moment…
Astrid Veillon : En effet, vous voyez la saison 5 mais nous, on est déjà sur la 6ème ! (rires) On vient de tourner 4 épisodes et on reprend début juin pour tourner les 8 suivants ! C’est génial d’avoir ce rythme-là, particulièrement en ce moment ! Quand je pense à tous ces métiers artistiques malmenés depuis plus d’un, je savoure encore plus la chance que j’ai de pouvoir travailler autant et dans d’aussi bonnes conditions… Je m’éclate, je m’amuse, je fais plein de choses, je ne me limite pas, j’ose, je n’ai pas peur de me casser la gueule et j’avance… C’est un vrai bonheur !
Incarner Léa Soler est toujours aussi plaisant ?
Honnêtement oui ! Je ne sais pas si ça va s’éterniser parce que, de nature, je suis quelqu’un qui aime prendre des décisions, bouger et changer d’air mais étrangement, je ne me lasse pour l’instant pas de ce personnage ! (rires) Si le plaisir venait à s’endormir, on ne serait plus dans la même énergie, la même envie et sincèrement, je ne veux pas tomber là-dedans… On est sur la saison 6, je pense qu’on fera la 7ème et pour la suite, je ne sais pas encore. Ça ne dépend évidemment pas que de moi mais à un moment, il faut savoir s’arrêter même si c’est extrêmement douloureux de stopper quelque chose qu’on aime et qui, en plus, fonctionne. Mais, par respect pour le public il faut à tout prix éviter de tomber dans la routine. Je dis ça aujourd’hui et peut-être qu’on continuera jusqu’à la saison 10, qui sait ? Mais je sais qu’on prendra les bonnes décisions au bon moment pour que la série ne s’essouffle pas…
C’est un peu comme en amour, il y a heureusement des histoires éternelles mais d’autres parfois se fanent, s’abîment… On ne regarde plus dans la même direction, on n’a plus envie des mêmes choses et à ce moment-là, il vaut mieux avoir le courage de dire stop que de tout gâcher de manière irréversible. Évidemment, il y a la peur de l’après mais je suis convaincue que la fin de quelque chose est aussi le début d’une autre. J’ai foi en ça. Aujourd’hui, j’adore Léa Soler, j’adore Stéphane Blancafort et mes autres partenaires et j’adore les équipes de tournage donc j’en profite à fond !
Il y a votre tempérament mais aussi les scénarios qui penchent dans la balance…
Complètement ! Si demain je ne reconnaissais plus mon personnage, si je n’y croyais plus, je tournerais les talons ! Mais là encore, on est chanceux sur Tandem car les auteurs de la série sont très imaginatifs et d’ailleurs je vous recommande vivement la fin de la saison 5 parce qu’on y découvre une Léa Soler qu’on n’a jamais vue et surtout qu’on ne peut pas imaginer comme ça ! J’ai pris un plaisir dingue à jouer ce final ! C’est un double épisode spécial sur elle et à la lecture du scénario, je ne savais pas trop comment j’allais pouvoir l’aborder… Je n’ai pas encore vu le résultat final mais à tourner, c’était jouissif d’être encore surprise par mon personnage, après 5 années passées ensemble ! (rires)
Alors que le comédien passe sa vie à changer de « collègues » et de lieux de travail, c’est rassurant de retrouver chaque année une équipe stable ?
Ce qui est génial avec cette configuration c’est qu’il y a un côté troupe de théâtre. On se retrouve régulièrement, on œuvre ensemble pour améliorer nos personnages, il y a un aspect familial qui est rassurant et très plaisant mais il faut faire attention à ne jamais tomber dans la routine ! Ce qui est agréable aussi c’est que saison après saison, on s’est un peu « détaché » du binôme Soler / Marchal, devenant ainsi une série plus chorale. Chaque personnage a gagné en profondeur grâce à des comédiens géniaux comme Patrick Descamps qui joue mon papa, Piérick Tournier – Lieutenant Erwan Lebellec – qui a fait des progrès de dingue et qui devient de plus en plus beau, Sarah-Cheyenne et Titouan Laporte qui incarnent mes enfants ou encore Alban Casterman qui vient de faire son entrée dans cette saison 5 en Lieutenant Célestin Morel…
On est tous dans la même énergie et on est tous animés par la même volonté de tirer la série vers le haut et pas de se tirer la couverture à soi. Je pense que c’est ce qui fait aussi le succès de Tandem…
Même si le comédien joue à être quelqu’un d’autre que lui, s’il n’est pas sincère – que ce soit au théâtre ou face caméra -, le public n’adhère pas…
Il y a cette sincérité dans Tandem et j’en suis heureuse ! Quand on regarde un épisode, je crois qu’on est directement emporté par les personnages parce qu’ils ont ce supplément d’âme, cette véracité. Quand on tourne, en réalité, on ne joue pas, on est le personnage… Ça permet aux gens de s’identifier et d’éprouver du plaisir à nous retrouver. Les séries policières sont nombreuses et, en dehors de l’atmosphère qui peut se dégager de certaines d’entre elles, ce qui fait qu’on va en préférer une plutôt qu’une autre, c’est l’humanité des protagonistes, leurs histoires personnelles, leurs relations, leurs caractères, leurs failles… Avec Stéphane, on est gardiens de ça. On ne fait jamais de chichi, on est là, on est heureux de se retrouver, on s’aime et on fait en sorte de faire du bon boulot parce qu’on a envie que les gens nous aiment ! On est sur la même longueur d’onde et ça rend les choses aussi simples que ça !
Une série qui fonctionne autant c’est un rendez-vous pour le public, il y a donc une attente de sa part…
Heureusement, quand on est dans le feu de l’action sur le plateau, on fait abstraction de ça sinon ce serait une pression insupportable ! (rires) En revanche, inconsciemment, on sait que cette attente est là et ça nous pousse à être extrêmement vigilants sur la qualité. Si on s’aperçoit que notre personnage a déjà fait ou dit telle ou telle chose, on retouche la scène avec les auteurs et les réalisateurs pour ne pas tomber dans un écueil de facilité. Il faut que chaque rendez-vous que l’on donne aux téléspectateurs soit réussi !
Vous êtes garante de Léa, de sa façon de s’exprimer et d’agir…
Avant chaque saison, les rôles récurrents font des lectures avec le directeur de collection dans ce sens. C’est un moment essentiel qui nous permet de dire ce qui ne nous convainc pas, ce qu’on aimerait creuser, ce qu’on pense devoir retoucher pour que nos personnages restent dans une évolution « logique » qui correspond au tempérament qu’on leur a façonné. Les auteurs sont excellents mais ce ne sont pas toujours les mêmes donc c’est normal que, bien s’ils se soient imprégnés de la série, quelques infimes détails de vocabulaire ou d’intonation puissent leur échapper. Pour nous, comédiens, c’est plus facile de s’en rendre compte parce qu’on a Paul et Léa en bouche et dans notre corps depuis longtemps ! (rires)
C’est un travail de précision qui me plait énormément ! D’ailleurs, je reçois en général les scénarios en amont pour pouvoir les étudier et faire des retours aux auteurs sur les intrigues développées. Je ne sais pas si c’est un « don » mais j’arrive rapidement à détecter, en lisant un texte, ce qui marche et ce qui ne marchera pas et surtout, contrairement à ceux qui ont trop la tête dedans, j’arrive avec un regard « neuf », c’est plus facile… Tandem, c’est vraiment un travail d’équipe !
Un rôle intéressant et équilibré d’une femme de pouvoir qui n’en abuse pas. Entre volonté, faiblesses et remises en question, c’est une femme très actuelle…
C’est exactement ce vers quoi je voulais aller ! Au début, elle était très froide, très sèche avec son ex-mari qui lui, était constamment dans la légèreté et j’avais peur que, sur le long terme, ça ne fonctionne pas parce que ce n’est pas représentatif de la réalité. On est tous plein de forces et de faiblesses et c’est pour ça qu’on ne peut pas s’identifier à un personnage trop manichéen. J’avais envie de montrer les failles de Léa… Dans cette saison 5 par exemple, elle a peur de vieillir, elle ne sait jamais trop comment se positionner face à ses enfants et on sent bien qu’elle ne veut pas s’avouer que voir Paul avec quelqu’un d’autre la touche… J’en ai fait une anti-héroïne et c’est ça qui me plaît ! C’est ce qui la rend si attachante… Le héros est un demi-dieu inatteignable, on peut l’envier, il peut nous faire rêver mais on ne pourra jamais se reconnaître en lui et ça, ça ne m’intéresse pas. D’ailleurs, les auteurs ont souvent tendance, de par son grade de Commandant, à confier à Léa les résolutions d’affaires ou les éclairs de génie ! Mais selon l’épisode, si c’est au détriment de la logique, je préfère laisser ça au partenaire qui me semble plus légitime. Je n’ai pas voulu en faire une guerrière féministe qui se gargarise de ses pouvoirs ! (rires)
Il y a le jeu mais aussi l’écriture, votre nouveau roman Pourquoi nous ? sortira le 03 juin…
J’avais envie de parler d’amour au sens large parce qu’une vie sans amour ne mérite pas d’être vécue… Et pourtant, j’ai la sensation que le mot « amour » – comme le mot « gentil » d’ailleurs – est presque devenu péjoratif aujourd’hui… On s’éloigne de l’humain en permanence et je suis convaincue que l’on va tout droit à notre perte si on ne prend pas conscience de ça !
J’ai créé des personnages : Charly, un navigateur et Lucy, une comédienne au talent ravageur. Deux personnalités fortes et très différentes à qui j’ai choisi des prénoms riches de sens à mes yeux. Charly en hommage à Charlie Hebdo, Lucy comme la première femme de l’humanité ou encore Léo – leur fils – pour Léo Ferré…
Un livre écrit en solitaire…
Pourquoi nous ? est un peu différent de mes deux précédents ouvrages car c’est le tout premier roman que j’écris complètement seule. Pour Pourras-tu me pardonner ? et Neuf mois dans la vie d’une femme, mes éditeurs m’ont énormément aidée et appris mais, d’une certaine manière, j’étais moins « libre ». Par manque d’expérience, je ne suis pas allée au bout de mes idées et de mes envies parce que j’étais trop « dépendante » des conseils que je recevais, des conseils, de surcroît, d’une sensibilité masculine.
Pour celui-ci, je me suis lancée comme une grande et j’y ai mis tout ce que je désirais. Il y a l’amour entre un homme et une femme, l’amour filial, l’amour familial, l’amour amical… Tous ces sentiments qui sont tellement forts qu’ils font nos joies et nos tristesses. On va suivre Lucy et Charly de leur coup de foudre à la fin de leur histoire… Une fin tragique mais pleine d’optimisme et de résilience car je ne voulais pas d’un livre triste et sans espoir.
https://www.le-mensuel.com/events/gagnez-pourquoi-nous-le-nouveau-roman-dastrid-veillon/
L’écriture exige de prendre son temps…
Quand on n’a pas de date butoir on a tendance à prendre son temps alors j’ai mis deux ans à l’écrire, à le relire, à le corriger et puis… J’ai bloqué ! (rires) J’ai eu peur de l’envoyer à des éditeurs ! (rires) Je l’ai mis de côté et j’ai attendu… Un jour, j’ai reçu un mail charmant d’un monsieur qui travaille chez Plon et qui, avec sa femme, venait de découvrir Tandem… Il adorait ! J’ai pris ça pour un signe du destin et lui ai parlé de mon 3ème roman ! Je lui ai envoyé et un mois plus tard, il m’a rappelée pour me dire qu’il avait ri, qu’il avait pleuré, qu’il était persuadé que ce livre devait exister et qu’il serait ravi de m’accompagner dans cette aventure…
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos par Fabien Malot Starface
Interview parue dans Le Mensuel n°420 de mai 2021
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