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Ali Bougheraba dans Ali au Pays des Merveilles en interview pour Le Mensuel – 2012
ALI BOUGHERABA
Dans « Ali au Pays des Merveilles »
« Je prends beaucoup de plaisir à faire ça ! »
Ali Bougheraba ? C’est un OVNI dans le monde l’humour ! C’est une bouffée d’air frais, c’est du positivisme, c’est une richesse de jeu d’acteur,
c’est un univers dans lequel se mêlent tous les êtres humains sans aucune distinction de classe sociale ou d’origine raciale…
Son pays des merveilles à lui, c’est celui dans lequel on a tous envie de faire un tour pour revoir le monde comme on aurait toujours dû le regarder…
Avec une pincée d’émerveillement, on peut décidément faire des merveilles !
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Ali Bougheraba : quand j’ai eu mon BAC j’ai fait un BTS action commerciale dans un lycée à Marseille, où ils proposaient des cours de théâtre. Ça permettait aux commerciaux que nous allions être d’être plus performants à l’oral, d’être plus à l’aise, d’avoir une prestance… Et puis, dès que j’ai goûté au théâtre et à l’improvisation, ça m’a totalement drogué ! Du coup, c’est à ce moment là que j’ai glissé vers le côté obscur… (rires)
Quels sont les grands du rire qui vous ont influencé ?
Alex Métayer, dans un premier temps. Puis, Coluche, comme beaucoup, Fernand Reynaud pour ses personnages. Ensuite, il y a eu pas mal de films, des comédies algériennes, très, très fortes en personnages qui se rapprochaient des comédies italiennes. Elles ont le pouvoir de faire passer du rire aux larmes !
Ce qui m’a étonné chez vous c’est qu’on reconnaît la modernité de l’humour actuel mais aussi le traditionnel, la culture du personnage…
Oui tout à fait, c’est exactement ça que je voulais faire. Je viens de l’impro donc on reconnaît chez moi des classiques urbains qui m’ont poussé dans ce qu’on pourrait rattacher au stand-up et le reste de ma formation, la commedia dell’arte, que j’ai fait pendant des années, à apporter le reste à mon style humoristique. J’ai par la suite bifurqué vers le burlesque, le clownesque mais aussi le pur classique de Shakespeare, Molière, Victor Hugo… Et c’est seulement après tout ça que j’ai décidé de me lancer en solo dans un one-man-show.
Comment est né « Ali au pays des merveilles » ?
Avec tout ce bagage, j’ai créé mon spectacle. Je voulais que ce soit une sorte de passerelle entre deux mondes pour ne pas céder au racisme qui existe entre le théâtre et le café-théâtre. Car pour moi, théâtre ou café-théâtre, dans la rue, le métro, dans une grande salle ou une petite salle, peu importe le lieu où l’on joue, c’est toujours du théâtre. J’ai voulu amener dans mon spectacle de la fraîcheur urbaine, une fraîcheur quotidienne, une sorte de nouveauté tout en conservant le classicisme du théâtre et tout ce que peut apporter une aventure créée d’une façon théâtrale… C’est un mélange entre deux genres.
La mise en scène est extrêmement soignée…
J’avais créé ce one-man tout seul et Didier Landucci m’a apporté autre chose, un regard extérieur. On n’a pas parlé à proprement dit de la mise en scène parce que la personne qui écrit son spectacle sait où elle veut aller avec ses personnages, elle sait comment leur donner vie donc la mise en scène était pratiquement créée à 80%. Ce qui a été intéressant, c’est qu’il m’a mené sur des chemins que j’avais négligé parce que j’étais trop « dedans ». Du coup, ça a aéré la mise en scène, ça lui a apporté de la précision mais le travail des lumières a été primordial aussi. Quand on a ni costume ni accessoire, la lumière est notre seul « habillage ». C’est important au théâtre.
Il y a aussi une grande richesse de la gestuelle et des mimiques… C’est dû à la Commedia dell’Arte ?
Non franchement, je crois sans vouloir me la péter, que chez moi, c’est naturel ! (rires) J’aime créer des personnages et du coup la gestuelle vient assez facilement. Je prends beaucoup de plaisir à faire ça.
Il y a beaucoup de personnages ?
Dans les personnages principaux vous avez Monsieur Martinet le concierge, Achille dit « crevette », les gars de quartier, les piliers de bar, Benchekrim le danseur classique, Madame Suzanne la vieille, vous avez Nordine le prof de maths de la dernière chance, et vous avez tous les petits personnages des bobos, des jeunes qui traînent en bas des immeubles, l’huissier, la mère de Féchal, le gendarme et plusieurs petits personnages qui gravitent autour. Ils y en a que j’ai croisés, ils y en a que j’ai observés et il y en a d’autres que je compose.
C’est le quartier du Panier à Marseille votre pays des merveilles ?
Exactement ! (rires) Quand j’étais plus jeune, j’étais timide et mes parents étaient très rigoureux, du coup même si j’ai grandi au Panier, je ne suis pas un mec qui a traîné dans les rues. Je connais le quartier par coeur, j’y ai vécu mais je m’en suis échappé tous les jours en allant faire mes études. Ça m’a offert un autre regard sur cet endroit. C’est quand on s’échappe que l’on se rend compte que ce qu’on a quitté était beau. J’avais une double fréquentation, la journée et le soir, et ça m’a permis de ne pas m’enfermer dans un seul aspect. Si je ne l’avais pas fait, j’aurais pu produire le même spectacle, moins drôle et plus obscur…
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Interview parue dans Le Mensuel n°332 – Décembre 2012 Retour aux interviews
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