INTERVIEW

Alex Ramirès en interview

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Sur tous les fronts en ce moment, Alex Ramirès se partage entre la reprise de son spectacle, ses vidéos low cost et sa nouvelle activité de chroniqueur dans l’émission Quotidien. Si dans cette dernière il propose une vraie-fausse actu culturelle et que dans ses tournages artisanaux, il se glisse dans la peau des héros de son enfance, sur scène en revanche, il s’est aventuré à être lui-même dans toutes ses contradictions… Sensiblement viril et désormais heureux de ne surtout pas rentrer « dans les cases », l’humoriste a choisi de démonter les clichés auxquels il a parfois dû faire face devant son propre miroir… 

 

Alex Ramires dans « Sensiblement viril » à Paris jusqu’au 29 décembre • à Aix du 07 au 09 novembre

 


« Je ne pense pas que sans névroses on soit en mesure d’aller sur scène… »


 

Morgane Las Dit Peisson : Sensiblement viril n’est pas un nouveau spectacle…

Alex Ramirès : Il n’est pas nouveau à proprement parler et en même temps, il est en train de se « recréer », c’est assez plaisant comme état car en ce moment, par exemple, on retravaille les jeux de lumière et la mise en espace comme s’il s’agissait d’une création mais je ne ressens pas l’angoisse des fameuses premières ! (rires) J’ai hâte de retourner sur scène avec lui comme on est impatient de retrouver un vieux pote que l’on n’a pas vu depuis longtemps. C’est agréable car je m’aperçois que plus je le « maîtrise », plus je suis détendu et plus le spectacle fonctionne… 

Le travail libère… 

C’est exactement ça ! Tout ce qui peut apparaître fastidieux et difficile au début laisse place, au fil du temps, à une certaine aisance et au plaisir… C’est un peu comme en pâtisserie, il y a un travail collossal et pointilleux qui ne se devine pas à la dégustation mais qui permet à chaque saveur d’exploser en bouche. 

L’humour doit apparaître simple

C’est ce qui est à la fois traître et passionnant dans ce registre… Il faut, pour provoquer un rire franc que ça semble instantané et naturel alors que ça a été travaillé, modifié et analysé pendant des heures ! Avec l’humour, il n’y a pas de place pour l’à-peu-près, c’est un exercice précis qui ne doit jamais donner l’impression de se prendre au sérieux ! Il doit être fluide s’il veut provoquer, tel un reflexe, le rire chez le spectateur…

Le choix du one-man… 

Le seul en scène est quelque chose qui s’impose à l’humoriste, je ne crois pas qu’on puisse se forcer à s’y contraindre, ce serait trop de souffrances ! (rires) Mais il faut être honnête, je ne pense pas que sans névroses on soit en mesure d’aller sur scène en solitaire, c’est une activité un peu bizarre mais c’est la seule qui me donne la sensation d’être au bon endroit…

Une passion depuis l’enfance...

J’ai commencé le théâtre à neuf ans comme si j’avais ça en moi depuis la naissance… Je ne me rappelle pas avoir eu un déclic particulier mais j’adorais aller voir des pièces avec l’école, ce qui se passait sur scène m’intriguait et attirait toute mon attention.

Sensiblement viril

Dès l’affiche et le titre du spectacle, je laisse entendre que rien, dans la vie, n’est tout blanc ou tout noir. La société essaye de tous nous ranger dans des cases alors que ce qui fait la richesse de l’humain c’est justement le fait d’être multiple et complexe. Une femme n’est pas une fragile princesse de conte de fées qui a besoin d’être secourue et un homme n’est pas non plus un roc inébranlable. Ne me reconnaissant dans aucun schéma, j’ai eu envie de me moquer un peu de ces clichés…

Parler de soi… 

C’est compliqué au début mais, dans mon cas, ça a été essentiel d’y arriver car ça m’a énormément appris autant professionnellement que personnellement. J’ai accepté de devenir moi-même grâce à l’écriture et au jeu… Ça a été une réelle psychanalyse pendant laquelle je ne me suis pas fait de cadeaux ! (rires) Pour avoir de la matière, il faut admettre de mettre à plat tous ses défauts, ses échecs, ses craintes… Sans autodérision et sans recul, il n’y a pas, selon moi, d’humour possible.

Se livrer sans être prêt peut rendre vulnérable…

C’est ce qui m’inquiétait à l’origine mais finalement, quand on s’expose soi-même, c’est qu’on s’assume et ça nous donne la sensation d’être invincible… Personne ne savait que j’étais gay avant ce spectacle alors en parler sans chercher à faire un coming-out tonitruant, juste pour en rire comme avec n’importe quel autre sujet, m’a aussi permis de désamorcer toutes les critiques auxquelles je m’attendais…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Ranobrac


Interview parue dans les éditions n°396 #1, #2 et #3 du mois d’octobre 2018

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