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Alain Boyaci producteur du spectacle STOMP en interview pour Le Mensuel – 2012
ALAIN BOYACI
Producteur du spectacle « STOMP »
« C’est le premier spectacle qui dépasse le cap des vingt ans ! »
STOMP a choisi de s’offrir une petite semaine à Nice pour fêter dignement son vingtième anniversaire.
Unique spectacle pouvant se targuer de remplir les salles pendant 20 ans, sans interruption et aux quatre coins du monde, STOMP a relevé ce défi extraordinaire peut-être tout simplement parce qu’il est un spectacle unique. Sur scène, ce sont des artistes complets que vous retrouverez.
Pratiquant la percussion sur toute sorte d’objets, de la bouteille d’eau à la banane, ils émerveilleront petits et grands…
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Alain Boyaci : Luke Cresswell, Sean J. Edwards et Steve Mac Nicholas, les créateurs du spectacle, étaient des musiciens de rue. Ils faisaient déjà de petites tournées en jouant des reprises. Un jour, le batteur en a eu marre de trimballer sa batterie alors il a eu l’idée de s’installer dans des endroits où il y avait des poubelles, des arbres… pour faire de la percussion dessus. Ils se sont rendus compte que trois fois plus de personnes s’arrêtaient pour les écouter ! Et un jour qu’ils dormaient dans un aéroport, ils se sont fait réveiller par un balayeur. Ce son de balai sur le sol leur a donné l’idée de faire un spectacle de percussion avec des objets de la vie quotidienne.
Et c’était il y a 20 ans ?
Ils sont allés dans 52 pays et ça fait vingt ans que ça dure ! Il y a toujours au moins deux ou trois représentations par jour dans le monde. C’est le premier spectacle qui dépasse le cap des vingt ans !
À l’époque, quel âge avaient-ils ?
Ils étaient très jeunes, à peine une vingtaine d’année. Pour eux, ça a été un conte de fées mais aussi pour tous ceux qui travaillent sur STOMP. C’est une rencontre humaine plus qu’un simple spectacle. On est devenus très amis. C’est la même chose avec les artistes qui font le show même si au fil des années ce ne sont plus les mêmes. Les artistes passent mais le spectacle reste, la qualité du spectacle reste. STOMP est une grande famille, il a une envergure mondiale mais il est resté très familial dans sa gestion artistique.
C’est un spectacle physiquement éprouvant non ?
C’est un mélange de performances d’artistes. Le public se rend compte qu’on ne se moque pas de lui, que ce sont bien des artistes qui se donnent à trois cents pour cent sur scène. Quand le spectacle s’arrête, on sent qu’ils sont totalement épuisés et qu’ils ont offert une énergie incroyable au public. Et puis, avec les percussions, le public a envie de bouger et ça crée une vraie communion pendant presque deux heures !
Quels genres d’artistes sont sélectionnés pour participer à STOMP ?
C’est un « melting pot » de gens qui ont des expériences différentes. On peut être un excellent percussionniste et ne pas pouvoir faire STOMP parce qu’il faut acquérir une manière de bouger, une façon d’être sur scène. C’est une grosse responsabilité de choisir les artistes avec qui on va travailler. Il faut au moins compter huit semaines de répétitions pour leur transmettre les techniques de ce spectacle. Des percussionnistes peuvent le faire, d’autres ne le peuvent pas. Il faut apprendre à bouger, à jouer la comédie mais aussi à danser. Si ces artistes n’ont pas toujours au départ l’expérience voulue pour participer à STOMP, ils en ont, même inconsciemment, la capacité.
STOMP, c’est quoi exactement ?
C’est un spectacle total, une expérience à vivre ! Un mélange de percussions acoustiques et amplifiées influencées par le Kodo japonais, les tambours du Burundi, la batucada brésilienne… C’est un mélange des rythmes du monde avec des objets de la vie quotidienne et avec énormément d’humour. C’est un spectacle complet ! Un spectateur a même dit que cela devrait être remboursé par la Sécurité Sociale parce qu’on « arrive patraque et on ressort avec la patate ! » (rires)
Comment arrive-t-on à tenir le public pendant plus d’une heure et demi sans jamais parler ?
Parce que l’échange avec le public vient du langage du corps, du langage de la percussion. Au début de l’humanité, les gens ne parlaient pas donc ils communiquaient au travers de bruits, de percussions et de manières de bouger. Dans « Stomp », il n’y a pas de dialogue mais personne ne s’ennuie. C’est le langage corporel qui parle au public. Il y a un réel échange. J’ai vu le spectacle un nombre incalculable de fois et je continue à y assister avec exactement le même plaisir que la toute première fois. Ils arrivent encore à étonner ceux qui ont déjà vu le spectacle. Alors si moi je suis encore étonné, j’imagine que le public peut l’être encore et toujours… Il y a même des « aficionados » qui reviennent régulièrement revoir le spectacle !
Qu’est-ce qui vous a séduit dans STOMP pour avoir envie d’en être le producteur ?
Tout ce que je vous ai raconté ! Quand on a vu le spectacle, en sortant, avec Patrick, mon associé, on s’est dit qu’on ne pouvait pas passer à côté de ça ! On ne pouvait pas imaginer une seconde que quelqu’un d’autre que nous le fasse. Ça a été une rencontre humaine fantastique ! Même avec les artistes qu’on avait rencontrés avant même de voir le spectacle… On se comprenait, on n’avait qu’une seule idée, devenir des amis. J’aurais été malade de voir quelqu’un que nous d’autre le faire. Ça fait seize ans qu’on les produit et c’est toujours un émerveillement, il y a toujours des nouveautés. La dernière fois, par exemple, que l’on est venu à Nice, c’était en 2007 et je peux vous dire que si le public revient le voir cette fois-ci, il ne le reconnaîtra pas.
Ce spectacle évolue au fil des ans ?
Oui ! Il y a toujours plein de changements, pleins de nouvelles idées magnifiques, plein d’objets nouveaux, de la vie courante, qu’on utilise pour faire des percussions. Il faut venir pour voir ce qu’on arrive à faire avec des « caddies » par exemple ! (rires)
Quels nouveaux objets utilisent-ils sur scène ?
Je ne les dirai pas tous car il faut garder des surprises ! Mais il y a des balais, des bâtons, des bidons d’eau, des bananes, du sable, de la percussion sur les corps mêmes des artistes, des tuyaux… Et plein d’autres choses encore ! Il y a même des gens qui, en sortant du spectacle, en ont oublié, car il est impossible de ressortir de là en se rappelant de tout. On redécouvre souvent des choses en revenant une seconde fois. Il y a une autre ligne de lecture lorsque l’on voit un spectacle comme celui-ci plusieurs fois.
STOMP s’adresse à tous les publics ?
Oui ! Il y a un éventail de public extrêmement large, de 7 à 77 ans, parce que tout le monde y trouve son propre niveau d’implication. C’est véritablement un spectacle « tous publics ». Ça plait à tout le monde. C’est une bouffée d’air pur, ça revigore même les personnes d’un certain âge.
Ce que les artistes interprètent en percussions, ce sont des reprises ou des créations ?
C’est vraiment de la création pure. C’est Luke Cresswell, le batteur, qui les crée. Et lorsque vous écoutez les percussions, c’est comme une symphonie, tout le monde ne joue pas la même chose, ce n’est pas binaire. C’est vraiment très fouillé, très plein, c’est très riche en sons. C’est une création pure et simple, il n’y a pas aucune chanson, mais avec les objets de la vie quotidienne et avec la manière dont ont été créés les morceaux, vous pouvez même aller jusqu’à percevoir une mélodie qui n’existe pas mais que votre oreille, elle, entendra quand même… C’est ça qui est très fort !
Puisque ce sont des percussions, y’a-t-il tout de même des partitions pour que les nouveaux artistes puissent connaître le répertoire ?
Non, il n’y a aucune partition tout simplement parce que les gens ont commencé à communiquer d’une colline à une autre avec le feu et les percussions et que c’est resté quelque chose de totalement instinctif. On reste généralement une semaine dans chaque ville et quand le spectacle se termine, les artistes vont se promener pour visiter mais souvent, le créateur, lui, reste sur scène pour améliorer et créer encore et toujours. En voyant une boîte par exemple, il se met à taper dessus et petit à petit, il affine son jeu et en sort quelque chose. Il a le morceau dans la tête et ensuite il appelle les percussionnistes pour leur montrer ce que chacun d’entre eux devra faire. Tout se met en place d’une façon totalement instinctive. Rien n’est écrit, ça passe uniquement par le verbal et le visuel.
Pourquoi avoir choisi Nice pour finir l’année ?
Nice est la dernière ville de la tournée française, donc on peut dire que l’on terminera en beauté ! Après STOMP repartira en Allemagne, à Berlin mais reviendra en France vers la fin 2013 avec encore d’autres nouveautés et d’autres villes !
Mais il y a plusieurs troupes qui tournent dans le monde simultanément ?
Oui, en ce moment il y a une troupe à New-York, une autre à Londres, une qui tourne aux Etats-Unis et celle qui viendra à Nice. Ça fait quatre troupes qui tournent régulièrement… C’est très impressionnant !
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Montage vidéo par Aurélien Didelot
Interview parue dans Le Mensuel n°332 – Décembre 2012 Retour aux interviews
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