INTERVIEW

Ahmed Sylla en interview

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Malgré seulement un petit quart de siècle au compteur, Ahmed Sylla s’est déjà imposé comme une valeur montante de l’humour. Certains ont pu le découvrir dans Feu On n’demande qu’à en rire ou le voir de temps en temps le vendredi soir chez Arthur tandis que d’autres, peut-être moins férus de one-man, ont pu l’apprécier fin janvier dans le rôle principal de L’ascension, une comédie romantique d’aventures. Mais, bien que s’apprêtant à revivre une nouvelle expérience de tournage pour le cinéma, le jeune homme ne semble pas décidé à se laisser détourner d’une scène où il se sent comme chez lui…

À Marseille les 11 et 12 mars • À Monaco le 25 mars

Au festival Performance d’Acteur de Cannes le 22 avril

 


« J’ai envie de toucher un peu à tout et j’ai la chance aujourd’hui de pouvoir le faire… »


 

Morgane Las Dit Peisson : On a beaucoup entendu parlé de toi pour le film L’ascension mais tu es de retour sur scène…  

Ahmed Sylla : Ça fait un bien incroyable de retrouver la scène ! Ça faisait un mois et demi que je l’avais abandonnée au profit de la promo du film L’ascension et de sa sortie alors quand j’ai joué à Biarritz le premier soir, j’y suis resté deux heures tellement je m’y sentais bien ! (rires) Pour moi, la scène, c’est vraiment une fête !

Ça finit vraiment par manquer même au bout de si peu de temps ?  

Même si j’ai passé des super moments sur le tournage et pendant la promo, la scène reste mon tout premier amour, c’est indéniable. Alors dès que je m’en éloigne un peu, je m’aperçois que ça me manque. Pourtant, petit, je n’en rêvais pas particulièrement, je ne ressentais pas ce besoin viscéral d’être sur les planches… Ce que je voulais, c’était juste faire rire, peu importe l’endroit ou le moment, j’étais heureux quand je provoquais le rire chez ma famille et mes potes. Je n’ai finalement découvert le théâtre qu’au collège vers mes 14 ans, j’ai continué à en faire pendant quelques années mais ce n’est encore que bien plus tard que je me suis dit que j’avais envie d’en faire mon métier… Quand j’ai commencé On n’demande qu’à en rire, ça a été une évidence et je me suis à écrire un spectacle.

On passe facilement du loisir au travail ? 

C’est vrai qu’il y a une bascule à faire quand on veut se professionnaliser et mettre cette volonté de faire rire les gens au rang « d’obligation ». J’ai dû me poser pas mal de questions, en particulier sur la forme finie à donner à ce spectacle. C’est pour ça que c’était important pour moi de m’entourer d’auteurs comme Sacha Judaszko et Édouard Pluvieux, j’avais besoin d’avoir un regard extérieur et des conseils. 

La forme est un mélange de tradition et de modernité dû aux sketchs à personnages et au stand-up…    

Finalement, ça m’est venu assez naturellement. Je crois que c’est mon identité propre car quand j’ai découvert le théâtre, j’ai joué pleins de rôles différents et que ce soit celui du bébé ou celui de la gouvernante dans 8 femmes, j’ai tout aimé interprété. Il y avait des dialogues donc évidemment, le but était de les respecter (rires), mais dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un de très rapide, j’aime bien avoir la bonne vanne au bon moment, pouvoir rebondir et être dans l’instant. Alors, quand je suis monté seul sur scène, je me suis rendu compte que la personne que j’étais était un mélange de ça et je ne me serais pas vu choisir entre le sketch et la vanne, du coup, je fais du sketch up ! (rires)

Les personnages sont réellement interprétés, ce ne sont pas juste des petites références…  

J’ai à cœur que le public croie au personnage et le comprenne alors c’est important de ne pas le bâcler pendant sa création. Et puis j’ai besoin d’aller au bout de son identité pour que le public puisse découvrir qui sont ces êtres que j’ai imaginés, c’est pour ça que j’attache autant d’importance au jeu, à la gestuelle, aux mimiques et aux accents…

Comment cohabitent-ils dans le spectacle ?  

Dans ma tête, c’est le bordel ! (rires) Mais dans le spectacle, chacun a sa place car ça raconte vraiment une histoire, la mienne. Ça parle de mon parcours et des gens que j’ai pu rencontrer jusqu’ici. C’est pour ça qu’on peut y retrouver mon père, ma mère ou encore une dame pas franchement raciste que j’ai rencontrée dans une parfumerie. C’est une matière première que je déforme, que je romance et que je surjoue car ce qui compte ce n’est pas que ce soit vrai, mais que ça raconte une histoire qui soit drôle et qui permette à l’esprit des gens de s’évader…

Dans L’Ascension, tu as eu ton 1er grand rôle au cinéma… 

Je suis un hyper actif au niveau du travail alors j’ai besoin sans cesse de faire des choses nouvelles. J’ai envie de toucher un peu à tout et j’ai la chance aujourd’hui de pouvoir le faire. Je joue un peu au cinéma, à la télé et sur scène, c’est magique ! J’ai l’impression d’être une petite balle rebondissante et tant que ça rebondit, c’est que je vis à fond ! (rires) 

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo William Let

Interview n°1000 parue dans Le Mensuel de mars 2017 n°379 éditions #1 et #2

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