CONCERT
AaRON en interview pour l’album et la tournée « Anatomy of Light »
« On a besoin d’aller dans des zones floues… »
Si le temps qui passe est source d’angoisse pour beaucoup, il ne semble pas avoir énormément d’emprise sur Simon Buret et Olivier Coursier qui, 15 ans déjà après le titre qui les a fait connaître – U-Turn (Lili) – ont gardé la même fraîcheur et la même poésie. Perfectionnistes passionnés par l’esthétique, les deux amis qui composent le tandem AaRON ont, une fois encore, oeuvré avec élégance dans leur dernier album Anatomy of Light. Électrique, frénétique ou aérien, en anglais ou en français, chaque morceau façonné par le duo est une fenêtre ouverte sur un univers aussi nuancé qu’euphorisant…
🎟️ AaRON en concert à Scène 55 à Mougins le 25 septembre 2021 à 21h00 (25.00€) • à l’Espace Julien deMarseille le 21 octobre 2021 à 20h30 (27.00€)
Morgane Las Dit Peisson : Enfin de retour sur scène…
Simon Buret : La période qu’on vient de vivre nous a littéralement bouleversés… On a repoussé les dates de sortie d’album et de départ en tournée plusieurs fois et, sincèrement, à un moment, on n’en voyait plus le bout ! On a eu tellement de chance avant qu’on a un peu réagi comme des enfants gâtés qui ne comprenaient pas ce qu’il leur arrivait ! (rires) Alors pouvoir recommencer, c’est gigantesque !
Il y a une émotion multiple car oui, on est heureux de se retrouver sur scène mais pas seulement. Il y a une profondeur inouïe derrière tout ça car en plus de la conscience du caractère éphémère de nos vies et de nos métiers, on savoure le privilège que l’on a d’habiter un pays où l’on peut retravailler. Ça se chérit et ça nous a ouvert de nouvelles dimensions, celles de la préciosité et de la rareté des choses mais aussi la volonté d’en profiter.
Anatomy of Light, un 4ème album avec du français…
À chaque fois qu’on se lance dans un nouvel album, on s’interroge sur nos raisons, nos motivations, sur les histoires qu’il va raconter et sur les risques qu’il va comporter. Ce qui, avant tout, nous excite c’est de sortir de notre zone de confort et de traverser des paysages qu’on ne connaît pas encore… Avoir du succès, c’est génial sur le papier mais ça peut rapidement enfermer des artistes et dessiner les contours de leurs tombes ! (rires) Nous, on a besoin d’aller dans des zones floues où l’on n’a pas vraiment pied, où l’on ne sait pas vraiment où l’on va mais où l’on sait que grâce à la maîtrise de nos outils et à notre expérience, on saura dépasser nos propres limites en écrivant, par exemple, des textes en français qui s’intègrent parfaitement dans l’image que l’on a d’AaRON…
Un album plus « lumineux »…
Au fur et à mesure où l’album s’est dessiné, on a vu toute cette lumière apparaître et on a réalisé que c’était peut-être le pendant lumineux de l’album We Cut the Night. Ensuite, s’est naturellement imposé le titre Anatomy of Light qui propose une sorte de voyage au coeur de cet « élément ». C’est pour ça que l’album s’ouvre avec The Flame qui représente le moment où l’allumette craque et où l’étincelle surgit. Elle est très produite et construite pourtant, elle appelle au lâcher-prise avant de dévoiler une autre facette d’elle-même – en clôture d’album -, complètement dénudée et en piano-voix. Cette version représente ce qu’il reste de l’allumette consumée, une espèce de forme noire à la Giacometti…
Une incitation à l’évasion qui tombe à pic…
C’est inconscient mais quand on est artiste, on est poreux donc on attrape forcément des choses sans s’en apercevoir… Mais rien n’est « documenté » chez nous, on est assez « obsessionnels » alors on n’aborde que ce qui nous traverse émotionnellement… L’Odyssée est peut-être une évasion pour certains mais c’est avant tout pour nous une conquête de soi… C’est donc un long voyage et un vaste programme ! (rires)
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel au Festival Les Nuits Guitares de Beaulieu-sur-Mer / Photos Sylvie Castioni
Interview parue dans Le Mensuel n°423 de septembre 2021
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