COUPS DE COEUR
« À droite, à gauche » avec Francis Huster et Régis Laspalès
THEATRE
« À droite, à gauche » avec Francis Huster et Régis Laspalès • Au Festival de Ramatuelle le 10 août 2017 • À l’Opéra de Toulon le 25 novembre 2017
La balance
Dernière pièce à succès du célèbre présentateur de télé et de radio dont les spectateurs n’ont jamais boudé l’écriture, À droite, à gauche – bien que les élections présidentielles et législatives viennent (enfin) de s’achever – est toujours pleinement d’actualité. Après s’être intéressé aux déviances de la presse dans La presse est unanime, à la gestion des conséquences de la canicule dans Grosse chaleur, aux exagérations de la chirurgie esthétique avec Si c’était à refaire ou encore à l’affaire Bettencourt dans Parce que je la vole bien, Laurent Ruquier – à qui rien ne semble pouvoir résister – s’est cette fois-ci attaqué à la politique dans son ultime comédie interprétée par Francis Huster et Régis Laspalès, un duo de prime abord plutôt inattendu…
Car si l’un nous a habitués ces dernières années à prêter sa voix à des textes sombres et profonds comme Amok, Le Joueur d’échecs, La Peste ou encore La guerre de Troie n’aura pas lieu, l’autre – très rarement séparé de son binôme Philippe Chevallier -, s’est toujours plus ou moins illustré dans un rôle de bon bougre aux capacités intellectuelles un peu limitées frôlant constamment l’absurde. En opposition dans le registre théâtral comme peuvent l’être, politiquement parlant, leurs personnages dans la pièce, les deux comédiens semblent avoir su jouer et se nourrir de ce contraste pour donner du relief à ces deux hommes que tout, si ce n’est une chaudière, semble séparer ! Un acteur riche et célèbre votant à gauche d’un côté, un ouvrier chauffagiste partageant les idées de la droite de l’autre, il n’en fallait pas moins pour inspirer l’auteur amateur de politique et d’actualité… Disséquant tous les préjugés que tout un chacun peut avoir sur ces deux grandes « familles » politiques qui ont d’ailleurs beaucoup perdu de leur suprêmatie ces dernières semaines, Laurent Ruquier ne cherche en aucun cas à désigner une voie royale. La vérité absolue n’existant pas et chaque votant, devant l’urne, n’étant finalement que la somme de son éducation et de ses expériences personnelles, cette pièce rappelle que juger les opinions de son semblable est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Comme les deux parties d’un tout qui prendrait presque les traits d’un Fabrice Luchini lui aussi acteur célèbre à l’aise financièrement (comme le personnage de Francis Huster) mais également déçu d’un socialisme qui ne lui donne « plus les moyens d’être de gauche » (comme celui de Régis Laspalès), l’échange entre ces deux êtres nous laisse à penser que l’on a un peu d’eux deux en chacun de nous… © Morgane Las Dit Peisson
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