Le Peuple de l’Herbe en interview

Preuve irréfutable que le système médiatique ne semble plus vraiment correspondre aux réelles attentes du public, Le Peuple de l’Herbe – au même titre que Deluxe, Wax Tailor ou encore Electro Deluxe – connaît une longévité et un succès en salle à faire pâlir d’envie certains artistes pourtant soutenus à outrance par les plus influentes radios nationales… Proposant un style musical riche, mouvant et résolument inclassable dans son dernier opus Stay tuned – tout autant que dans les précédents -, le groupe désormais « vingtagénaire » a donc eu la bonne idée de n’écouter que les véritables décideurs : les gens qui se déplacent pour venir les voir en concert…

« STAY TUNED »

Au festival Couleurs Urbaines de La Seyne le 01 juin 2017

Au Mas des Escaravatiers de Puget sur Argens le 19 août 2017

« On essaye, en étant sincère, de s’adresser au coeur des gens… »

Morgane Las Dit Peisson : Pour un groupe que l’on ne voit pas en télé et que l’on entend pas en radio, fêter ses 20 ans cette année, c’est honorable…

Spagg : C’est sûr que s’arrêter pour regarder dans le rétroviseur et s’apercevoir que 20 ans se sont écoulés, c’est très touchant surtout que comme tu le dis, on n’a pas énormément de soutien de la part de certains médias… On trace notre route nous-mêmes alors c’est sûr que c’est beaucoup moins facile et que ça demande plus d’acharnement, mais on aime profondément ce qu’on fait donc ça en vaut la peine ! Concrêtement, ça exige de ne jamais se relâcher et d’enchaîner au maximum les concerts car c’est vraiment dans les salles qu’on fait notre propre « promo ». On vit grâce au bouche-à-oreille, on tourne et dès qu’on a épuisé un album, on en attaque un autre ! (rires) 

Dans Stay Tuned, on retrouve autant d’electro que de rock, de cuivres, de blues ou de reggae… C’est impossible de s’ennuyer malgré les années…

C’est vrai que c’est peut-être grâce à ça qu’on dure… On n’a jamais eu envie de se cantonner à un seul et unique style de musique  ne serait-ce que pour respecter les goûts de chacun ! Dans le groupe, on compose tous et on a des styles différents, du coup ça se ressent vraiment à l’écoute. Et, bien que ce soit moins facile à ranger dans une case et donc à vendre, je trouve que c’est passionnant d’essayer de nouvelles choses et de se laisser aller en cédant à ce qui nous passe par la tête.

C’est la preuve qu’on peut, même au bout de 20 ans, rester curieux et assoiffé d’expériences…

Je suis persuadé que c’est ce qui nous sauve ! Sur le dernier album, on n’a de nouveau pas reproduit ce que l’on avait fait sur le précédent grâce, en partie, à l’arrivée d’Oddateee, notre nouveau chanteur qui a pris une place importante… C’est essentiel d’avoir régulièrement un peu de sang neuf pour rester en constante évolution. Et puis, au delà du rendu musical, ça nous fait du bien, humainement parlant, de ne pas rester en vase clos, ça évite la lassitude et l’usure… En gros, chaque nouvel apport nous permet, même au bout de 20 ans, de ne pas passer pour un vieux couple ! (rires)

Tous les membres ont rejoint Le Peuple de l’Herbe un à un, au feeling et sans calcul…

La formation actuelle est vraiment le fruit des rencontres et du hasard et c’est vrai qu’on a tous fini par rejoindre le projet assez naturellement, comme attirés par un aimant ! (rires) Seule la musique nous motive et elle est constamment notre reflet à tous.

Stay Tuned c’est rester à l’écoute… 

C’est important d’être attentif à l’autre et de rester à l’écoute – de l’album si on veut (rires) – mais surtout de la vie et de tout ce qui nous entoure… Mais au delà de ça, on n’aime pas tellement délivrer des messages précis car on souhaite que le public se fasse sa propre idée. C’est important de laisser les gens penser par eux-mêmes car, bien que certains s’échinent à leur livrer des idées toutes faites, ils sont en demande d’autre chose et on le voit bien pendant nos concerts…

Quand on écoute un titre comme Parade, il y a quelque chose de primitif et d’organique qui finit par se calquer sur les battements du coeur…

Parfait ! (rires) Je prends car c’est un joli compliment pour nous… On essaye, en étant sincère, de s’adresser au coeur des gens alors, lorsqu’on arrive à faire appel aux sens avant que l’information soit traitée par le cerveau, c’est qu’on touche au but…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo DR

Interview parue dans Le Mensuel de mai 2017 n°381 éditions #1 et #2