INTERVIEW
Pascal Obispo en interview
Bien qu’il se produise devant des salles combles et qu’il soit considéré comme l’un des piliers du paysage musical français, Pascal Obispo fait partie de ces artistes qui savent faire les choses sérieusement sans jamais se prendre au sérieux ! Preuve en est avec sa dernière tenue de scène issue de son clip Allons en fan où, déguisé en Joker (l’ennemi de Batman), il retrace le chemin qui l’a conduit jusqu’à l’artiste accompli qu’il est devenu… Nostalgique sans pour autant tomber dans la mélancolie, son dernier opus Obispo a su offrir un coup d’oeil dans le rétro et surtout un retour aux sources à celui qui, s’il ne regrette rien, ne réécrirait pas aujourd’hui L’Île aux oiseaux de ses 30 ans…
« Je suis un essayiste ! »
MORGANE LAS DIT PEISSON : Tu joues environ un jour sur trois…
Pascal Obispo : La tournée est assez intense mais ce ne sont pas les concerts qui nous fatiguent, ce sont plutôt les voyages et quand on avance en âge, on a un peu moins d’énergie qu’à 20 ans donc on fait plus attention à ses heures de sommeil ! (rires) Et puis, voir des gens heureux dans une salle c’est revigorant, ça permet de tout donner pendant deux heures et demie même si en ressortant de scène, on est à ramasser à la petite cuillère ! (rires) Je l’ai vécu avec Johnny un soir où je l’ai trouvé très fatigué et où au micro, j’ai eu l’impression de voir quelqu’un d’autre…
La scène aurait un pouvoir plutôt magique…
Il m’est arrivé d’avoir des soucis personnels, d’être au plus bas et d’être persuadé de ne jamais réussir à assurer le concert mais j’en ai eu la preuve à chaque fois, la scène arrive à jouer sur le mal-être pour le transformer en énergie positive…
Presque une drogue…
Je serais tenté de dire que tant qu’elle n’est pas interdite, la scène n’est pas une drogue ! (rires) Et pourtant, dès qu’on l’abandonne un peu, elle nous manque… Il n’est pas rare de ressentir un syndrome « post-tournée », une petite déprime qui doit ressembler au baby-blues. Il y a, en concert, une telle communion et une telle correspondance que tout peut nous sembler très vide après…
C’est un état utile à la création ?
Je n’ai pas tellement ce côté « artiste maudit » ! (rires) Je pense que pour réussir à écrire ou composer, il faut tout simplement garder l’envie et s’octroyer des sas de respiration sans écriture… C’est essentiel, en tous cas pour moi, de faire autre chose comme de la lecture, de la peinture ou de la photo afin de m’aérer et revenir inspiré. Je n’ai pas besoin d’être malheureux pour avoir des choses à dire…
La musique comme 2ème langue…
Le langage musical impressionne quand on ne le connaît pas bien mais pour moi, c’est plus que naturel de me mettre tout à coup à composer un morceau ! Par contre, je suis subjugué par le travail des impressionnistes ou par celui de mon ami Mark Maggiori qui cartonne en ce moment avec ses toiles aux États-Unis… En fait, je pense qu’il y a des techniques qui s’apprennent mais qu’au plus profond, on est ou on n’est pas peintre, compositeur ou auteur… On ne devient pas musicien, on est imprégné de musique grâce à notre éducation ou nos rencontres…
Tu t’es mis à la peinture…
Oui depuis un an et demi… En tous cas, j’essaye ou plutôt, je fais ce que je peux ! (rires) Je n’ai rien appris, je m’y suis mis comme ça, un peu par hasard, après avoir réalisé des collages à partir de mes aventures photographiques… Et même s’il y a peu de chance que ça s’expose un jour dans une galerie, ça m’amuse et c’est le principal !
On retrouve la peinture dans Et bleu…
C’est un titre qui m’a été inspiré par ma femme car sa bienveillance et sa façon d’être m’ont donné envie d’écrire sur toutes les personnes qui ont construit notre culture, notre peuple et nos valeurs… Et bleu… c’est ça, que ce soit en politique, en science ou en cinéma. C’est un morceau qui me tient beaucoup à coeur et qui va d’ailleurs ouvrir tous les Zénith…
Tu chantes « Je reviens dans ton ventre »…
Je me suis aperçu que la seule musique qui comptait vraiment dans nos vies à tous, c’était celle qu’on écoutait quand on était adolescent… Celle qui m’a construit c’est le pop-rock alors j’y suis revenu et je crois que quoi qu’il advienne, j’y resterai fidèle… C’est pour ça qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise musique, il y a seulement celle qui nous touche et qui nous marque à vie…
Il y a cet héritage mais aussi beaucoup d’expériences…
C’est vrai que je n’ai pas suivi une ligne droite pour arriver jusqu’ici mais je ne regrette rien car sans chacune de ces expériences, je ne serais l’homme que je suis devenu. Quand j’écoute Sa raison d’être par exemple, je me dis que j’étais fou à l’époque d’oser penser qu’imbriquer autant de voix allait pouvoir donner quelque chose d’aussi harmonieux et aujourd’hui, je n’oserais sûrement pas me relancer là-dedans ! (rires) J’ai toujours foncé tête baissée dans mes projets sans réfléchir aux conséquences ni aux difficultés ! Je crois que douter de soi est sain tant que ça ne nous freine pas car il ne faut pas perdre de vue que l’essentiel, c’est d’avancer ! Je suis essayiste, voire transformiste à mes heures perdues ! (rires)
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Sofitel Marseille Vieux-Port • Photos Yann Orhan
You must be logged in to post a comment Login