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Selah Sue Interview

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Selah SUE
Voix du Gaou 2011
« Je n’aurais jamais pu
m’attendre à ça ! »


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Interview de Selah SUE

En concert le 15 Novembre 2011 à Nice (06) – COMPLET

 Phénoménal serait sûrement l’adjectif qui collerait le mieux au succès que cette très jeune flamande est en train de vivre. Impossible, peu importe votre âge et le style de musique que vous
écoutez, que vous ayez pu passer à côté de son « Raggamuffin » qui a déferlé sur les ondes depuis quelques mois. Une voix très particulière et un style singulier qui marquent les esprits…

« Je n’aurais jamais pu m’attendre à ça… ! »

 

selah-sue-interviewMorgane L : D’où viens-tu ?
Selah Sue : D’une très très petite ville de Belgique, Lindon, dans la partie flamande.

 

Depuis combien de temps joues-tu de la musique ?
J’ai commencé à jouer de la guitare à 14 ans. J’ai fait 2 ans de classique, ensuite je n’ai pas pu continuer car ils ne voulaient pas m’apprendre les accords. Je faisais du Mozart, des trucs comme ça. Donc j’ai arrêté et décidé d’apprendre par moi-même, et c’est à ce moment là que j’ai commencé à chanter mais depuis 5 ans, ma voix a changé, a évolué et ce son est arrivé.

 

Quel est ton musicien préféré ?
J’en ai plusieurs. Je crois qu’au tout début, quand j’ai commencé à écouter de la musique, mes plus grandes inspirations étaient Lauren Hill, Erykah Badu et Michelle Ndegeocello. Maintenant, j’écoute beaucoup plus de musique électronique, j’écoute pas mal James Blake ou encore Flying Lotus.

 

Tu as participé à la fête de la musique avec Nagui, c’était bien ?
C’était vraiment cool… J’ai eu un bon contact avec Nagui ! Il m’a laissé jouer pendant son émission, Taratata, alors que je n’avais pas encore d’album sorti. Il est un grand fan (rires), c’est vraiment quelqu’un de très cool, donc c’est normal que je fasse tout ce que je peux pour lui en retour, car il était là au tout début.

 

Tu aimes la mode ? On t’a vu la semaine dernière avec Paul and Joe…
Oui, mais je ne suis pas trop spécialement branchée marques. Je ne connais rien aux marques ni aux styles, mais je sais ce que j’aime et ce que je n’aime pas ! Donc c’est facile de choisir avec tout ce qu’on nous propose ! C’est vraiment cool, même si je ne suis vraiment pas trop axée marques etc.

 

Quelle est ta priorité en ce moment ?
C’est faire de la musique. C’est une vie rêvée ! Je voyage beaucoup… c’est vraiment mon truc ! Être dans des pays étrangers chaque jour, être avec des musiciens et jouer de la musique, c’est la meilleure des vies que je pouvais imaginer. Et puis je suis encore jeune, donc je pense que je ferais ça jusqu’à ce que j’aie 30 ans et puis j’aurais une famille, des bébés… (rires) mais en ce moment je suis pleinement focalisée sur la musique !

 

Quel est ton projet pour cette année ?
En fait mon projet c’est de jouer de la musique tout le temps ! Et puis tu sais, mon album sort dans différents pays comme en ce moment en France, en Belgique et en Hollande. En Allemagne ça sort tout juste, donc je fais beaucoup de promo là-bas. En Italie aussi… Les prochains pays en prévision sont le Japon et l’Australie l’année prochaine. Il y a plein de choses qui se passent avec cet album. Mais la chose la plus importante c’est de jouer en live. Et puis, je pense également commencer un autre album bien sûr… je l’ai déjà dans la tête !

 

Que penses-tu de cet endroit, le Gaou ?
Je trouve cet endroit incroyable ! Avec mes musiciens, au début, on s’est vraiment demandé ce que c’était… Et par rapport à la Belgique tu sais, c’est vraiment des vacances ! On n’a pas l’impression de travailler ici…

 

Tes musiciens viennent aussi de Belgique ?
Oui, je voulais vraiment avoir de jeunes mecs, encore ambitieux, sur la même longueur d’onde que moi et parlant la même langue que moi. Ils sont vraiment devenus des amis et on s’éclate en tournée. Pour quasiment chacun d’entre nous, c’est la première fois que l’on est en tournée, donc c’est super cool de vivre cette nouvelle aventure ensemble !

 

Que penses-tu de la France et du succès que tu as ici ?
En Belgique, c’est vrai que j’espérais que tout se passe bien. J’ai joué 3 ans en live avant que l’album ne sorte. Mais la Belgique est un petit pays donc il y a eu beaucoup de pub autour de ça. C’était donc assez normal que ça marche… Mais en France, c’est incroyable ! C’est une immense surprise ! Ça marche bien et je peux même jouer dans le sud (rires), et tout le monde connait ma chanson, je n’aurais jamais pu m’attendre à ça…

 

Peux tu nous dire quelques mots sur Amy Winehouse ?
En fait, cette nuit là, je n’ai pas réussi à fermer l’œil… C’est très triste… Mais ce que je sais, c’est que quand on n’est pas heureux et que l’on a du succès, c’est dur à vivre. C’est comme avoir une épée de Damoclès sur soi… C’est dur que tout soit focalisé sur vous alors que vous ne vous sentez pas bien. C’est très triste pour elle… Elle ne se sentait pas bien donc buvait trop et elle s’est retrouvée dans un cercle vicieux… C’est malheureusement très facile d’obtenir ce genre de substances… Si tu peux te procurer tout le temps des drogues et de l’alcool et que tu n’es pas assez fort, j’imagine que ça peut aller très vite…

 

Tu n’es jamais tombé dans ces pièges ?
En fait j’ai eu ma mauvaise période entre 13 et 19 ans… Mais j’ai tout de suite été sûre de ce que je voulais faire dans la vie… Ce qui compte pour moi, malgré le fait de voyager beaucoup, c’est d’avoir la possibilité d’avoir des jours off dans la semaine, de voir ma famille et mon filleul… Garder les pieds sur terre, c’est le plus important…

 

selah-sue-interview-2Dans ton album, il y a beaucoup de styles différents…
Oui, je m’inspire beaucoup de ce que j’écoute… Par exemple, le mois dernier j’ai écouté beaucoup d’électro et du Dub donc je pense que le prochain album sera plus dans cette direction. Mais pour ce 1er album, je n’étais pas trop branchée « rythmes rapides ». J’écoutais pas mal par exemple Nneka qui a des rythmes cool sur son album « No Longer at ease ». Donc j’ai eu envie de travailler avec son producteur Dj Farhot qui m’a donné les beats les plus cool comme « Peace of Mind » et « Crazy Sufferin Style ». C’est une combinaison de sons venants de Farhots et de guitares / voix, comme dans « Fyah Fyah » et « Raggamuffin ». Les arrangements ont été ajouté après.

 

Donc pour le prochain album tu penses que tu feras quelques featuring avec Flying Lotus peut-être ?
Ce serait vraiment cool et assez étonnant. Je voudrais travailler avec James Blake. J’ai vraiment envie de travailler avec lui, il y a des connexions… mais je ne vais pas trop en dire à ce sujet… Nous verrons bien !

 

Et ta collaboration avec Cee Lo Green ?
Ça s’est passé très doucement. Je n’ai même pas eu besoin de le voir en face, tout s’est passé par ordinateur ! Je voulais avoir un featuring sur mon album et il m’a répondu : « Ouais, j’aime vraiment votre voix et si vous voulez, vous pouvez choisir un morceau à moi ». J’ai donc choisi un beat tranquille et je chante sur ça. Je lui ai renvoyé et il m’a dit qu’il aimait aussi. Il l’a même mis sur son album ! Donc c’est assez cool, même si on ne s’est pas vus pour bosser. Je pense que la première fois que l’on s’est rencontrés, c’était il y a deux mois ! (rires)

 

En France, on a entendu à la radio le remix de « Raggamuffin » par Sexion d’Assaut…
Je pense que c’est cool. Si je n’avais pas aimé, je l’aurais bloqué pour qu’il ne sorte pas.

 

La scène ?
C’est la partie la plus difficile pour moi… C’est dur de faire un bon live, parce que je n’ai fait que deux ans de guitare et de chant… C’était très intime, et soudain, j’ai du être sans guitare, danser sur scène, me connecter avec les gens…

 

Tes musiciens ?
Tout marche bien et il y a une véritable énergie. C’est parfait, vraiment… Je crois qu’en fait c’est encore meilleur que l’album. Et c’est ma vie. Je dois le faire chaque jour donc c’est vraiment important que ce soit bon. Je me sens vraiment bien et les gars aussi. Nous avons un clavier, une basse, une batterie et la guitare.

 

Que dirais-tu aux gens qui veulent se lancer dans la musique aujourd’hui ?
Pour moi, tu sais, ça n’a jamais été mon intention de devenir pro ou d’avoir du succès. Donc je leur conseillerais deux choses : faire de la musique et être heureux de la faire, sans jamais chercher à avoir un nom ou du succès. Je pense que si tu as la passion, il faut le faire, car ça procure des tas d’émotions. Et puis si tu veux avoir du succès, soit unique, ou si tu es moyen, soit le meilleur des moyens… Je pense que c’est l’un ou l’autre.

 

Ta famille est vraiment importante ?
Ma famille est vraiment vitale. Ça n’a jamais été mon intention d’avoir du succès et cela m’aide d’avoir une base vraiment saine à la maison… de voir ma mère et ma sœur chaque semaine et de combiner ça avec le fait de faire de la musique.

 

As tu le temps d’avoir une vie personnelle ?
Oui, je la réclame même ! Mais ce n’est pas facile. Je crois que si tu n’as pas une excellente organisation (je pense que c’est pour tous les artistes pareil, surtout quand tu es jeune), tu te fais dépasser et que tu n’as plus de temps libre. Je me bats beaucoup pour ça… et ça fonctionne !

 

Tu travailles beaucoup ?
Oui mais ce n’est plus du travail maintenant car je m’éclate !
Album « Selah Sue »
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Propos traduits par Delphine Goby O’Brien
Photos ©Morgane Las Dit Peisson

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