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INTERVIEW

Alain Chamfort en interview

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Depuis 50 ans, le discret Alain Chamfort avance sereinement, presque sans bruit, avec une élégance qui lui a souvent valu le titre de Dandy… Ne cédant à l’appel d’aucune mode et d’aucun diktat, il compose et interprète des morceaux qui ressemblent, année après année, à l’homme que le temps et les expériences ont fait de lui. S’interrogeant – avec une séduisante nostalgie – dans Le désordre des choses sur la vie qui s’écoule inexorablement, Alain Chamfort rappelle combien l’existence peut être, malgré tout, une belle épreuve…


« J’essaye constamment de me renouveler… »


MORGANE LAS DIT PEISSON : Après l’élaboration de l’album, est venu le temps de la tournée…

ALAIN CHAMFORT : Un concert, c’est une finalité en soi, c’est le point d’orgue de notre travail car c’est le moment où l’on rencontre enfin les gens qui apprécient ce que l’on fait tout seul en studio ! (rires) On peut mettre des visages sur ces personnes qui sont réceptives à nos propositions et aux textes que l’on écrit, c’est évidemment l’un des moments les plus agréables dans une carrière d’artiste…

Une tournée à plusieurs visages…

J’essaye constamment de me renouveler pour que le public ne se lasse pas ! (rires) C’est pour ça que je tourne soit en acoustique avec le magnifique pianiste qu’est Thierry Eliez soit accompagné de deux musiciens avec qui les morceaux deviennent plus électriques et la musique plus présente, bien que je fasse toujours très attention à la compréhension des textes qui ont pour moi une importance capitale…

Choisir les titres d’une tournée après 50 ans de carrière est compliqué ?

C’est important, même si j’ai évidemment envie d’interpréter les titres du dernier album Le désordre des choses, de prendre en compte ce qu’attend le public qui se déplace. Car s’il me faire l’honneur de venir assister à des concerts depuis autant d’années, c’est en grande partie grâce à des morceaux qui l’ont marqué… Le problème c’est que personne n’est touché par la même chose alors il faut à chaque fois trouver le bon équilibre pour que tout le monde dans la salle éprouve du plaisir…

La musique a le pouvoir de marquer un instant…

C’est ce qui est si magique et imprévisible… Il y a des moments dans la vie – heureux ou tragiques – où l’on est émotionnellement plus réceptif à une chanson qui finit par rester inconsciemment gravée en nous et liée à l’évènement vécu… Un peu comme une bande originale de film, ces chansons là nous racontent, nous soulignent et nous transportent… C’est en effet un pouvoir assez extraordinaire et je crois d’ailleurs que c’est la raison d’être de la musique…

Mais c’est un pouvoir qu’on ne maîtrise pas…

Au moment où un artiste compose et écrit, il essaye d’être le plus juste et le plus sincère possible pour faire état de l’humeur dans laquelle il se trouve à cet instant précis, mais une fois que le morceau rencontre le public, il ne lui appartient plus, il ne le maîtrise plus… Ça ressemble beaucoup à la mission du parent qui doit, après avoir fait le maximum pour son enfant, accepter de le laisser prendre son envol !

Ça rend la sortie d’un album angoissante ?

Les gens à qui je m’adresse quand je chante ne me mettent pas de pression par contre, ce qui m’inquiète à chaque fois c’est le jugement de la profession au sens large : journalistes, critiques, programmateurs car ce sont des métiers qui nous aident – ou non – à accéder au public… Leur démarche est moins spontanée car ils obéissent à différents critères qui peuvent influencer ceux que l’on souhaitait atteindre mais ça fait partie du jeu ! (rires) Le public n’a pas, en général, pour vocation de juger, il aime ou il n’aime pas, ça le touche ou ça ne le touche pas !

Le désordre des choses s’ouvre sur le titre Les Microsillons qui parle de musique et de temps qui passe…

Mon visage est marqué par un temps que j’ai beaucoup consacré à l’écriture de chansons alors le parallèle entre les rides et les microsillons que Pierre-Dominique Burgaud a trouvé m’a immédiatement charmé… Ce morceau est lié à ce que je suis, à mon histoire et à mon évolution personnelle, comme finalement tout le reste de l’album ! J’ai l’impression, depuis le début de ma carrière, d’écrire les chapitres d’un livre autobiographique… Je me rends de plus en plus compte que j’ai besoin de m’exprimer sur ce qui me touche, m’interpelle et me questionne…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson sur la Coulée Verte à Nice • Photos Julien Mignot


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Interview parue dans les éditions n°405 #1, #2, #3 et #4 spéciales été 2019

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