INTERVIEW
Messmer en interview
Lorsque l’on parle de Messmer, on est irrémédiablement tenté de réciter tous les chiffres colossaux que l’on peut glaner çà et là dès qu’un article parle de lui… Car en effet, ça n’a plus pu vous échapper depuis quelques mois, l’homme fait définitivement figure d’exception lui qui bat tous les records du nombre d’entrées en salles sans compter celui que personne à ce jour ne peut tenter d’égaler, le record du nombre de personnes hypnotisées simultanément à chacune de ses représentations ! Enchaînant les dates de spectacles, les radios et les émissions télé jusqu’à en avoir une consacrée à son activité, le québécois au regard perçant ne peut désormais plus passer inaperçu y compris dans nos contrées… Élevé au rang de superstar, l’ancien thérapeute qui interpelle continuellement, qui fascine souvent et qui effraie parfois n’a pas décidé de s’arrêter en si bon chemin. Constatant que l’intérêt des gens pour l’hypnose accroît à mesure que son show se remplit, Messmer prépare un tout nouveau spectacle, encore plus stupéfiant, qui devrait le mener encore plus près de son Graal quasi pédagogique : prouver au plus grand nombre que l’hypnose est réelle et qu’elle pourrait bien être une solution naturelle à nombreux maux…
« INTEMPOREL »
« Je suis toujours sur la corde raide pour savoir comment la personne va réagir et où elle va nous amener… »
Morgane Las Dit Peisson : Vous tournez pour la troisième fois avec votre spectacle Intemporel…
Messmer : Honnêtement, je n’étais pas totalement préparé à ça ! (rires) On a été un peu pris par surprise avec tout le succès qu’on a eu en Europe et l’énorme vague de sympathie des personnes qui sont venues voir le show. Ce sont elles qui ont véritablement donné un coup d’envoi très rapide au spectacle grâce à leur bouche-à-oreille. On avait pensé développer ce marché sur une bien plus longue période et finalement, on s’est retrouvé face a une réelle explosion !
Comment tient-on le choc physiquement ?
Ces quatre dernières années ont vraiment été très intensives mais j’ai des techniques pour régénérer mon corps, pour avoir un esprit sain et pour rester dans des idées positives. Par contre, maintenant qu’on sait à quel niveau ça fonctionne, on pourra, pour les prochaines années, rééquilibrer les agendas pour me permettre d’avoir un peu plus de moments de congés car ce qui me manque le plus, sincèrement, c’est de pouvoir me reposer un peu plus régulièrement et surtout de pouvoir voir ma famille…
Quatre ans de tournée, ce spectacle Intemporel porte plutôt bien son titre… On ne se lasse jamais ?
Franchement ? Non ! (rires) Chaque soir, les cinquante personnes qui montent sur scène sont différentes, leurs réactions face aux numéros aussi alors je suis obligé de m’adapter et d’improviser continuellement. Je suis toujours sur la corde raide pour savoir comment la personne va réagir et où elle va nous amener, ça me maintient donc sur un qui-vive qui fait que ce serait impossible de se lasser. Ça fait au moins 750 fois que je fais Intemporel et il y a toujours quelqu’un, chaque soir, qui me surprend et fait que le show est différent. Mais même si je ne m’ennuie jamais, j’ai quand même envie de créer à nouveau des choses et c’est pour ça que l’on va travailler sur un nouveau spectacle pendant les prochains mois. On devrait revenir avec un tout nouveau show en Europe au printemps 2018 voire peut-être même avant pour vous montrer d’autres facettes de notre cerveau…
C’est un véritable défi à chaque représentation…
Oh que oui ! (rires) Le fait d’être autant tributaire du public pour le déroulement du show est épeurant (effrayant en québécois)… Chaque soir, je suis un peu craintif parce qu’au final c’est le public qui fait le show, moi je ne suis là que pour le diriger. C’est vraiment un challenge de réussir à trouver à chaque fois les bons sujets ! Alors avant toute chose, le premier don à développer en hypnose, c’est la capacité d’observation. Il faut que ce soit des gens sensibles à l’hypnose mais qui vont également pouvoir bouger en état d’hypnose tout en ayant une répartie assez drôle. Le héros, c’est le spectateur qui devient acteur.
La toute première fois que l’on réussit à hypnotiser quelqu’un, on a l’impression d’avoir un super pouvoir ?
J’avais tout juste 9 ans la première fois que j’ai réalisé que ça fonctionnait vraiment sur un copain ! Il a été mon premier cobaye… Je crois que je me rappellerai toujours de cette sensation de pouvoir que j’ai ressenti ! C’était dingue ! (rires) J’avais l’impression d’être le Roi du Monde à l’époque ! (rires) J’ai ensuite essayé sur mon prof pour qu’il ne me donne plus de devoirs à faire mais ça n’a pas marché ! (rires) Ensuite, je n’ai plus pu me sortir l’hypnose de la tête, je me suis mis à chercher des techniques pour mieux me connecter aux subconscients des autres.
Il n’y a pas de manuels pour ça…
Non et heureusement car si c’était trop facile, ça n’aurait aucune saveur d’y arriver ! Ces dernières semaines, j’ai inventé une nouvelle technique qui marche très, très bien et depuis, je la teste soir après soir pour peaufiner ce numéro là qui va sûrement faire partie du spectacle à Nice, au moment du final. Il permet d’augmenter considérablement la sensibilité pour faciliter l’action sur les gens qui peinent à entrer en état d’hypnose et qui ont des difficultés à lâcher prise. Quand j’arrive à ce type de trouvailles, je suis excité comme quand j’avais 9 ans ! (rires)
Vous devez être sollicité constamment, voire trop…
Oui c’est un peu le revers de la médaille… C’est extrêmement touchant de savoir qu’on intéresse les gens mais c’est parfois compliqué à gérer au quotidien de ne plus pouvoir faire ses courses incognito… Si j’y vais moi-même, j’y passerai cinq fois plus de temps que n’importe qui parce qu’on va me demander des photos, des autographes ou un test d’hypnose… C’est normal d’un côté car la personne que l’on croise ne se doute pas qu’il y en a eu peut-être 15 avant elle… Ça fait partie du métier ! Et puis les gens sont tellement adorables que ça vaut la peine d’apprendre à réorganiser les choses les plus banales pour gagner du temps pour eux…
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© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo DR
Interview parue dans Le Mensuel de juin 2016 n°371 éditions #1 et #2
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