INTERVIEW
Patrick Chesnais en interview
Tout au long de sa carrière, Patrick Chesnais n’a cessé de surprendre son public en alternant les genres. De planches en plateaux de tournage, le comédien a en effet toujours fait partie des seuls à être aussi justes que passionnés que ce soit dans une pure comédie, un thriller ou – comme c’est le cas dans Le souper – une pièce historique. Et si cette dernière ne repassera pas prochainement, l’acteur, quant à lui, ne tardera pas à varier les plaisirs en revenant tant au cinéma – dans Les ex le 21 juin prochain – qu’au théâtre dans Honneur à notre élue…
PATRICK CHESNAIS dans « HONNEUR À NOTRE ÉLUE »
⇒ À Paris du 01 au 26 mars 2017
⇒ À Aix en Provence les 01 et 02 avril 2017
« C’est un texte véritablement magistral qui illustre à merveille les clivages et les soifs de pouvoir des hommes politiques… »
Morgane Las Dit Peisson : Vous êtes passé nous voir à Antibes avec la pièce Le souper mais ce n’était pas une première…
Patrick Chesnais : En effet, on était déjà venu la jouer à Antibes en janvier 2015 si ma mémoire est bonne… Mais qu’est-ce que ça passe vite, c’est hallucinant ! (rires) Enfin ! Cette fois-ci, je suis revenu avec un autre acteur puisque Niels Arestrup ne supporte pas tellement bien les tournées… Ça l’angoisse un peu d’être loin de chez lui et de sa famille trop longtemps, ce que je comprends tout à fait même si je dois avouer que personnellement, j’adore être sur les routes pour jouer un spectacle ! Du coup, je suis repassé avec Le souper mais en compagnie d’un autre acteur, François Marthouret.
Ça fait du bien de se retrouver confronté à un autre jeu que celui auquel on s’était habitué ?
Oui tout à fait ! Même si la pièce reste la même, donner la réplique à un autre acteur crée une atmosphère différente et ça apporte quelque chose de neuf sur scène. La voix, la diction et le rythme ne sont pas les mêmes et je trouve ça très intéressant car, en face de quelqu’un qui bouscule un peu nos habitudes, on est obligé de bouger, de respirer et de sonner différemment. Depuis que j’ai repris cette pièce, je prends plaisir à donner un nouveau souffle à mon jeu. J’ai la sensation que ça m’offre la possibilité d’approfondir encore plus mon rôle, de mieux comprendre les situations et les mots.
Vous vous doutiez que cette pièce là emporterait autant l’adhésion du public ?
Le souper est réellement une pièce très forte dont je n’avais pas percé toute la puissance à la lecture… J’avais hésité à la faire car j’avais peur que ce soit un genre de cours d’Histoire sur une période trop lointaine qui n’aurait pas intéressée les gens. Ça avait rencontré un succès colossal lorsque ça avait été créé par Claude Rich et Claude Brasseur et c’est d’ailleurs ce dernier qui m’a retiré toutes mes appréhensions en me racontant tout le plaisir qu’il avait ressenti en la jouant ! Maintenant que j’ai accepté et que je la connais aussi bien, je comprends mieux pourquoi il avait pris son pied à l’époque ! (rires) Je ne regrette pas de m’être lancé car c’est un texte véritablement magistral qui illustre à merveille les clivages et les soifs de pouvoir des hommes politiques, qui sont toujours plus ou moins les mêmes… Ça prend d’ailleurs tout son sens en cette période électorale… (rires) Nos personnages sont vraiment deux monstres politiques qui, le temps d’un dîner, vont se déchirer tout en étant conscients qu’ils auront besoin l’un de l’autre pour gouverner la France…
Ces deux personnages sont Talleyrand et Fouché…
Pour simplifier, l’un représente ce qu’on appellerait aujourd’hui la gauche avec des révolutionnaires soutenus par les
Jacobins et par la rue et l’autre, représenterait quant à lui la droite et son désir de retour au royalisme. Ce sont deux bêtes de politique que l’écriture de Jean-Claude Brisville a transformé en deux monstres de scène qui se détestent autant qu’ils se respectent et s’admirent. Le souper est d’une richesse incroyable car il y a énormément d’ironie, d’humour et de dérision. Aucun d’entre eux n’est dupe et chacun a besoin de l’autre pour obtenir le pouvoir alors vous imaginez le bras de fer que c’est chaque soir jusqu’à ce qu’ils finissent par se partager le gâteau ! (rires)
Ça change le travail de préparation du rôle d’endosser un personnage historique aussi fort ?
C’est vrai que le travail de préparation n’est pas tout à fait le même que pour un personnage fictif car quand on endosse le rôle d’un homme qui a véritablement existé, il faut essayer de se l’approprier en reprenant quelques éléments de sa vie… Je savais que Fouché était un homme politique majeur, un personnage démoniaque qui a fait tuer beaucoup de gens… C’était un révolutionnaire qui faisait ce qui l’arrangeait pour s’assurer sa propre survie et obtenir des postes importants. Il a fait partie de ces grands politiques qui, avant toute autre chose, veulent obtenir le pouvoir ! C’est dans leur ADN, c’est leur oxygène, c’est ça qui les fait fonctionner et, bien que ça puisse nous sembler atroce, c’est ce goût du pouvoir qui les animent avant tout… Mais ce sont des fauves politiques qui en sachant se servir, savent servir la Nation et c’est ça qui est si intéressant chez ces personnalités là…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Aurélien Faidy
Interview parue dans Le Mensuel de janvier 2017 n°377 éditions #1 et #2
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