INTERVIEW
Amir en interview
Amir pourrait, si ça n’allait pas contre ses prinicpes, s’enorgueillir d’avoir plutôt bien réussi ! Cinq ans après ses débuts en France le jeune homme – tout juste devenu papa -, a su, par sa bienveillance, son sourire et sa passion pour la scène, se faire aimer d’un large public qui n’hésite jamais à se presser en masse dans ses salles de concert. De retour – après un tout petit mois de coupure -, sur les routes armé d’un show colossal, de ses deux albums et de quatorze titres inédits, le chanteur est bien décidé à savourer le moindre instant en compagnie de ceux qui le soutiennent et partagent sa façon de voir la vie…
« Pour moi, me montrer sous mon vrai jour n’est pas une faiblesse… »
MORGANE LAS DIT PEISSON : Tu fais très peu de pauses…
AMIR : En effet, on s’apprête à repartir pour une tournée des Zéniths avec mon équipe mais le mois de « pause » qu’on s’est accordé nous a surtout servi à peaufiner le show que l’on va proposer. Ça ne me coûte pas d’enchaîner sans cesse car travailler est autant un besoin qu’une addiction, d’où, d’ailleurs, le titre de l’album ! (rires) Que ce soit la phase de création ou celle de l’échange avec le public, cette espèce de routine positive est vitale pour moi… Ce que je vis correspond en tout point au rêve que je faisais depuis petit alors maintenant qu’il s’est exaucé, je veux en profiter au maximum ! Pourvu que ça dure ! (rires)
Des salles encore plus grandes…
Pour cette tournée, on a énormément travaillé car on désirait rester dans la continuité des 80 dates déjà faites, concocter des surprises bien sûr mais aussi conserver l’esprit de convivialité et de chaleur, malgré l’immensité des salles… Je ne veux pas perdre la sensation que l’on a de tous pouvoir se regarder dans les yeux car un concert est avant tout un échange entre le public et nous.
Un public qui chante souvent tes titres avec toi…
Sincèrement, on ne s’habitue jamais à ça ! C’est une claque que l’on se prend autant à la première représentation qu’à la 100ème ! Quand j’entends et que je vois le public chanter en choeur une de mes chansons, j’essaye de traverser la foule du regard pour en isoler chaque personne… Que ce soit un grand-père qui tient sa petite fille par la main ou un couple qui chante les yeux dans les yeux, j’imagine leurs histoires et ça décuple l’émotion que je ressens à ce moment là… C’est une sensation difficile à décrire mais ça prend aux tripes de réaliser qu’une « bête » chanson qu’on a créée dans notre coin puisse toucher des gens au point de leur donner envie de se déplacer. Il y a une vraie magie dans la musique et dans le live…
Dans Il était une femme comme dans les autres textes, les histoires sont importantes…
Ce n’est jamais un pari gagné d’avance mais on prête beaucoup d’attention aux mots et donc aux histoires que l’on raconte. On se nourrit énormément de nos vies personnelles car on a envie d’être vrais et c’est comme ça, je crois, qu’une chanson devient unique même si le thème de l’amour inspire les auteurs depuis la nuit des temps.
Des amours de différentes natures…
Dès que ce sentiment naît entre deux personnes ou plus, il prend sa propre couleur et quand on ouvre le prisme de son regard, on s’aperçoit que l’amour a mille facettes… Il y a l’amour conjugal bien sûr mais aussi celui qui lie une mère à son enfant ou encore, si l’on regarde à l’échelle de la société, l’amour humanitaire… C’est un sujet beaucoup plus vaste qu’il n’y paraît !
Le clip de Longtemps symbolise la beauté et la richesse des « différences »…
L’idée du clip de Longtemps est très personnelle… Il met en scène un couple de sourds car, étant moi-même sourd d’une oreille, je peux comprendre ce que l’on peut ressentir lorsque l’on a un handicap mais surtout, j’ai le privilège de réaliser la chance que j’ai d’entendre et de faire de la musique… Je tenais à mettre en valeur à travers des jeunes gens beaux et lumineux qu’une différence n’est pas un fardeau qui empêche de vivre et de s’accomplir ! Et puis c’est important de rappeler que l’amour est universel et beau à regarder chez tout le monde du moment qu’il est vrai et sincère…
Dans Anja, tu chantes « Les enfants naissent lumière, Certains s’assombrissent en chemin »...
J’ai la chance que mon sourire et ma joie de vivre soient naturels alors que des gens doivent travailler sur eux pour être heureux mais ce qui est aussi compliqué pour moi que pour n’importe qui je crois, c’est de ne pas se laisser ternir par les autres. J’ai toujours été expressif et, bien qu’on vive dans un monde où l’on pense que la dureté et la rigidité sont les clefs de la réussite, je n’ai jamais eu peur de dévoiler mes émotions… Pour moi, me montrer sous mon vrai jour n’est pas une faiblesse.
Anja prône un amour et une tolérance qui font encore défaut aujourd’hui…
J’aurais pu me réjouir de voir que, face au regain d’antisémitisme auquel on assiste en ce moment, le peuple se rassemble pour montrer son indignation mais sincèrement, je ressens seulement une profonde tristesse… C’est triste que 80 ans après le début de la Seconde Guerre mondiale, on doive encore faire face à des idées aussi arriérées… Est-ce que nos expériences ne nous ont pas fait suffisamment grandir pour que l’on continue à juger les gens par rapport à leurs couleurs de peau, leurs préférences sexuelles ou leurs religions ? Ça me désole alors, à mon échelle, j’essaye de faire passer des messages de paix et de tolérance à travers ma musique… C’est peut-être utopique mais je me dis que parfois, même les gens aux esprits les plus fermés et réfractaires peuvent se laisser convaincre par les paroles d’une simple chanson… J’aimerais croire que la musique peut encore sauver le monde et changer les gens…
Changer les choses passe aussi par la générosité et les Enfoirés…
Oui ça fait un bien fou de s’investir dans une cause comme celle-ci et de voir que, des artistes au public en passant par tous les bénévoles, les gens se bougent. Je crois qu’on a fait un beau spectacle, on s’est amusé et j’espère que plein de CD et de DVD se vendront pour aider concrêtement Les Restos du Coeur !
Parmi tes « addictions », je crois qu’une nouvelle vient de pointer le bout de son nez…
(rires) Et je peux déjà affirmer que c’est la plus belle de toutes ! Ça fait à peine dix jours qu’il est entré dans ma vie mais il est déjà devenu la chose la plus importante au monde ! Il y a quelque chose de magique qui se produit quand tu tiens ton enfant dans tes bras… Je le sniffe du matin au soir et rien que sentir son odeur me rend heureux ! (rires)
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Yann Orhan
Interview parue dans les éditions n°401 #1, #2 et #3 du mois de mars 2019
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