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INTERVIEW

Maxime d’Aboville en interview

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OSNI – Objet Scénique Non Identifié -, la pièce Terminus est simple à résumer tout en étant terriblement difficile à décrire avec justesse. Mêlant faits réels, burlesque et surréalisme, celle-ci nous plonge dans la tête d’un Feydeau qui, rongé par la folie, oscille sans cesse entre moments « présents » au sanatorium, souvenirs personnels, visions théâtrales et fantasmes… Maxime d’Aboville, patient lui aussi mais également au « service » du cerveau du maître du vaudeville, se transformera, en un claquement de doigts, en belle-mère, en petite soeur, en général ou encore en un couple belge, façon « monstre à deux têtes » !

 

MAXIME D’ABOVILLE dans « Terminus » à Monaco le 20 décembre 2018 & dans « Les jumeaux vénitiens » à cannes le 10 février 2019

 


« C’est assez magique de pouvoir retrouver ainsi l’innocence et le côté enfantin de ce métier… »


Morgane Las Dit Peisson Terminus

Maxime d’Aboville : C’est un tout nouveau projet que l’on a commencé en septembre, une comédie qui met en scène Feydeau à la fin de sa vie. On le retrouve donc dans un sanatorium – que l’on appellerait aujourd’hui un hôpital psychiatrique – puisque la syphilis l’a rendu fou ! On n’est pas du tout dans un biopique mais dans une pièce surréaliste et tout à fait délirante qui nous fait entrer dans la tête du malade et nous permet ainsi de voir ce qu’il voit. Tour à tour le personnel médical ou l’autre patient que j’incarne jouent leurs propres rôles ou deviennent le fruit de son imagination. On revit avec lui des scènes familiales qui nous font d’ailleurs réaliser combien sa vie personnelle et son théâtre étaient intimement liés… 

C’est subtilement écrit au point que le délire de Feydeau finisse presque par devenir cohérent au milieu du dur univers de la psychiatrie. Il y a dans Terminus, une poésie et une gravité qui se mêlent à l’humour et à la farce.

Plusieurs personnages par acteur donc…

Exactement ! « Officiellement », je suis un malade interné mais, au gré des visions de Feydeau, je me transforme et c’est magnifique pour un comédien de pouvoir incarner autant de rôles différents chaque soir ! À un moment, je deviens sa petite soeur puis sa belle-mère, un Général mexicain ou encore un aubergiste belge et sa femme ! (rires) On va tout de même très loin dans le délire ! (rires) 

Un rythme plutôt effréné…

Mes camarades et moi changeont de peau en accéléré alors il faut reconnaître qu’on ne peut pas s’assoupir entre deux scènes ! (rires) Ce qui nous aide à tenir le rythme c’est la jubilation que l’on ressent chez les spectateurs et dont on se nourrit pour garder l’énergie nécessaire au bon développement de la pièce. Je suis en pyjama tout le temps et en ajoutant parfois juste un manteau ou un chapeau, je deviens un « autre »… C’est assez magique de pouvoir retrouver ainsi l’innocence et le côté enfantin de ce métier.

Un travail corporel…

C’est une phase que l’on a souvent tendance à reléguer au second plan alors qu’elle est essentielle ! Pour passer d’une petite fille de 4 ans à un belge bas de plafond en ne changeant pas de tenue, la gestuelle et l’attitude sont les principales clefs…

Terminus est une pièce fraîchement écrite donc chaque rôle était à créer…

C’est vrai que le fait que ce soit une création est un grand bonheur ! Antoine Rault vient de la publier, il n’y a pas de précédents, les gens ne la connaissent pas encore alors il y a en effet une émotion assez particulière quand on est comédien et qu’on a ce privilège d’être en quelque sorte le « créateur » d’un personnage.

Feydeau, homme de théâtre au coeur de la pièce…

Il a été un personnage public de l’ombre alors c’est intéressant de découvrir tout un pan de sa vie mais aussi de son époque… Ça se passe dans les années 20, la grande époque du même surréalisme qui berce cette pièce. Après la Grande Guerre, on est allé très loin dans le délire pour oublier les souffrances de 14-18 et sans le vouloir, la folie de Feydeau y fait écho…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Théâtre de Grasse • Photos Laura Gilli


Interview parue dans les éditions n°398 #1, #2 et #3 du mois de décembre 2018

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