COUPS DE COEUR
« Vous n’aurez pas ma haine » par Raphaël Personnaz seul en scène
THEATRE
Raphaël Personnaz dans « Vous n’aurez pas ma haine » • à Contes le 03 novembre 2018 • à Monaco le 14 novembre 2018 • à Nice les 16 & 17 janvier 2019 • à Saint-Raphaël le 29 janvier 2019
En résistance _
Si c’est son regard bleu perçant qui marque immédiatement les esprits, c’est la vision qu’il a de son travail en général et du théâtre en particulier qui rend Raphaël Personnaz si inoubliable… Passionné, passionnant et investi, c’est à l’occasion de la tournée de la pièce Scènes de la vie conjugale que le comédien s’est livré à nous sur un métier qui, à force de faire rêver les foules, tend à faire oublier l’investissement personnel, le don de soi et l’empathie qu’il exige. Qualités indispensables pour donner corps et réalisme à n’importe rôle, celles-ci le deviennent d’autant plus quand il s’agit d’incarner un être qui – contrairement à un personnage tout droit sorti de l’imaginaire d’un auteur -, existe réellement en dehors de l’espace protégé de la scène… Dans Vous n’aurez pas ma haine, la prestation du comédien rappelle d’ailleurs combien, contrairement à beaucoup d’idées reçues, il faut être respectueux de son semblable pour oser se glisser dans la peau de celui-ci… Se pliant pour la première fois à l’intense exercice du seul en scène, Raphaël Personnaz a choisi le récit âpre et intense d’un Antoine Leiris qui s’exprime à la première personne pour témoigner d’un drame national qui l’a frappé, personnellement, de plein fouet.
Le 13 novembre 2015, seul chez lui avec son bébé, cet homme, comme l’ensemble de ses compatriotes ce soir là, découvrait le vrai visage d’une barbarie dont on se croyait tous, inconsciemment, protégés dans notre pays… Et, si en chacun de nous, ces attentats du Bataclan ont laissé une crainte et une amerturme indélibiles, ils ont privé à jamais cet homme de son épouse et ce bébé de sa mère… Comme 89 autres victimes, Hélène n’est pas revenue de ce qui ne devait alors qu’être un concert parmi tant d’autres et comme 89 autres familles, Antoine Leiris a dû réaliser que jamais plus, à cause d’une poignée d’individus endoctrinés, sa vie ne serait ni ce qu’elle était ni ce qu’il souhaitait qu’elle soit. N’importe qui perdant un être cher aurait été tenté, à chaud, d’hurler sa colère pour tenter d’apaiser sa souffrance alors, découvrir sur Facebook, seulement trois jours après le drame ces mots : « Vendredi soir, vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine » a autant surpris que redonné foi à certains en l’espèce humaine. Face à tant d’injustice et de cruauté, difficile voire complètement impossible de savoir ce que l’on aurait fait, dit ou pensé à la place de cet homme amputé de sa moitié… Son combat à lui est quotidien, c’est celui de la vie, d’une vie qui l’oblige à se lever chaque matin pour élever seul un enfant que sa mère n’aura pas pu voir grandir, celui d’une vie qui, au jour le jour, reprend ses droits et qui aurait presque l’impudence de nous faire croire que rien n’est arrivé un certain 13 novembre. Contraint de ne jamais oublier tout en étant désireux que personne n’oublie ce dont l’humain est capable, Antoine Leiris invite chacun d’entre nous à ne jamais, quoi qu’il advienne, céder à une haine qui ne peut, on en a tous été témoins, que tout détruire sur son passage… © Morgane Las Dit Peisson INTERVIEW ICI
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