INTERVIEW
Mathieu Sempéré en interview
S’il y a dix ans, on pouvait penser que ce groupe de quatre chanteurs n’était peut-être que le fruit d’un projet marketing, aujourd’hui, force est de constater que Les Stentors sont toujours aussi présents et surtout toujours aussi animés par la passion qui les avaient amenés à se réunir à l’époque : la chanson… Revisitant, à l’origine uniquement par goût personnel, des titres de variété ou de pop avec la puissance du chant lyrique, Mathieu Sempéré et ses complices ont fini, au fil des albums, par endosser un rôle quasi pédagogique en créant un pont entre le « show-biz » médiatisé et l’univers prétendument austère et inaccessible du classique…
Et alors qu’il continue à tourner avec le groupe, en solo avec son album Tant de chansons qui nous ressemblent… et qu’il est actuellement en train d’en préparer un nouveau qui proposera un voyage musical du classique vers la chanson, Mathieu Sempéré – éclectique à souhait – n’a pas résisté à l’envie de monter un autre spectacle consacré quant à lui au Meilleur des comédies musicales. Accompagné d’un orchestre live de 7 musiciens, de 4 danseuses et 4 autres chanteurs, l’artiste redonnera vie aux plus beaux moments de ces oeuvres contemporaines si chères au coeur du public.
MATHIEU SEMPÉRÉ
dans « Le meilleur des comédies musicales » à La Garde le 26 octobre
dans « Tout en chansons » à St Martin de Crau le 16 novembre
dans « Les Stentors chantent Noël » à Bandol le 23 décembre
« Il faut apprendre à être plutôt raisonnable si l’on veut durer ! »
Morgane Las Dit Peisson : Tu vas passer plusieurs fois par le sud ces mois-ci…
Mathieu Sempéré : Je suis originaire de la région de Montpellier alors dès que j’ai l’occasion de revenir dans le sud, j’ai l’impression de m’offrir un petit retour aux sources ! Paris est une ville évidemment magique et magnifique, toutes les régions ont d’ailleurs leur attrait, mais il y a une douceur de vivre ici qui est incomparable…
On te connaît en particulier grâce aux Stentors…
On avait tous nos carrières solos avant de se lancer dans ce projet il y a dix ans mais le grand public nous a découverts grâce aux Stentors. Ça a connu un succès immédiat auquel on ne s’attendait pas et auquel on n’était pas spécialement habitués dans le monde de l’opéra ! (rires) C’est une aventure musicale extraordinaire qui nous permet toutes les audaces. On papillonne continuellement de l’opéra à la chanson française, en passant par la pop ou la variété, c’est une découverte perpétuelle !
C’est un projet qui a permis de démocratiser un peu le classique…
La musique, c’est avant tout du ressenti, on aime ou on n’aime pas, ça nous touche ou ça ne nous touche pas et ça ne devrait pas être plus compliqué que ça. L’opéra a toujours été profondément populaire puisqu’il a été créé pour le peuple mais une poignée de musicologues se sont évertués à lui donner de telles lettres de noblesse qu’ils en ont fait quelque chose d’élitiste… C’est dommage et dangereux car si une musique ne rencontre pas le public, ne vibre pas et n’évolue plus, elle s’étiole. Avec Les Stentors et mes autres projets, je me bats contre ça car je suis persuadé que si Mozart revenait aujourd’hui, il serait le premier à prendre une guitare électrique plutôt qu’un clavecin ! (rires)
Le lyrique n’est pas une façon de chanter « naturelle »…
Ça ne ressemble en effet pas à la voix que l’on peut avoir lorsque l’on parle ou que l’on chante de la variété par exemple… La raison originelle est qu’au XVIIème il n’y avait aucun micro alors pour se faire entendre, il fallait projeter sa voix pour toucher le public. J’ai découvert jeune que j’avais cette capacité à chanter comme ça en participant à une chorale et petit à petit, j’ai eu envie d’apprendre les techniques. C’est un exercice très exigeant qui requiert des années de conservatoire, une bonne hygiène de vie et un entraînement quotidien pour que la voix puisse tenir sur les années… Le chant repose sur deux toutes petites cordes vocales qui sont très sujettes au stress et à la fatigue du corps alors il faut apprendre à être plutôt raisonnable si l’on veut durer ! (rires)
L’héritière de l’opéra est la comédie musicale…
(rires) Exactement ! Sa descendante directe est l’opérette et en troisième génération, on a la comédie musicale… D’ailleurs dans mon spectacle Le meilleur des comédies musicales, on part de Luis Mariano et de La Belle de Cadix avant d’ouvrir plusieurs autres tableaux qui revisitent les plus grands succès de ce genre musical qui s’est fortement développé depuis Starmania. Entre Notre-Dame de Paris, 1789 les Amants de la Bastille ou Mozart l’Opéra Rock, le public devrait avoir du mal à se retenir de chanter… (rires)
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson à La Garde • Photos Reynaud
Interview parue dans les éditions n°396 #1, #2 et #3 du mois d’octobre 2018
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