INTERVIEW
Fakear en interview
À la fois apaisante, hypnotique et electro, la musique de Fakear ressemble à son créateur… D’une nature calme, s’adonnant au yoga quotidiennement et maîtrisant les rudiments de la méditation, le compositeur – maladroitement classé parmi les DJ – suggère à ceux qui écoutent son dernier album All Glows (sorti en avril dernier), de se mettre sur pause pour entreprendre un voyage imaginaire, sensoriel et foisonnant qui diffère de sa proposition scénique. En live, en effet, l’artiste – connu entre autres pour son titre La lune rousse – dévoile, avec ses musiciens, un univers beaucoup plus rock, organique et puissant qui offre une nouvelle vision de ses créations.
FAKEAR EN CONCERT
À MARSEILLE LE 13 OCTOBRE 2018
DANS LA SÉQUENCE M DU 24 AU 30 SEPTEMBRE 2018
« IL FAUT SUIVRE SON INSTINCT SANS CHERCHER À SE PLIER À DES COURANTS »
MORGANE LAS DIT PEISSON : TU TOURNES ÉNORMÉMENT ET DANS DES SALLES TRÈS DIFFÉRENTES…
FAKEAR : Les gens s’imaginent parfois que plus la salle est immense, plus un artiste est comblé mais le plaisir que l’on prend sur scène n’est pas mathématique…
Personnellement, j’aime tout particulièrement les lieux où l’on peut croiser le regard du public. Il y a deux ans, on a fait une tournée des Zénith en France et je sais désormais que ce sont des salles que je préfère éviter car, à mes yeux, elle font perdre en intimité. Il y a quelque chose de plus festif dans les grands espaces mais de beaucoup moins fort… Je ne cherche pas à faire un gros show mais à créer du lien…
TU ES APPELÉ DJ…
C’est vrai que c’est un terme qui mériterait peut-être d’être un peu modifié car quand on entend « DJ », on pense aux boîtes de nuit et pas spécialement à un travail de composition et de concert… On me propose souvent des DJing mais c’est quelque chose que je ne maîtrise absolument pas ! Je compose et arrange mes morceaux par contre, quand il s’agit d’un featuring, je laisse le soin aux chanteurs d’écrire les paroles.
ALL GLOWS SEMBLE SUIVRE LE MÊME CHEMIN QUE TON PRÉCÉDENT ALBUM, ANIMAL…
En vrai, je ne m’attendais déjà pas du tout à ce qu’Animal soit disque d’or alors j’ai parfois du mal à réaliser qu’All Glows fonctionne à son tour aussi bien ! Ça a été une très belle surprise car c’est une récompense que je pensais très éloignée de mon style musical et, bien que je ne pensais pas en avoir « besoin », ça m’a donné la sensation du travail accompli.
UNE LÉGITIMITÉ ?
Il y a un peu de ça… Ça m’a peut-être apporté une certaine confiance en moi qui m’a permis d’aller encore plus loin, sur All Glows, dans le côté pop et chanson. En tous cas, ça m’a conforté dans l’idée qu’il faut suivre son instinct sans chercher à se plier à des courants. Pour le prochain album, j’ai par contre envie de partir dans le sens inverse en me plongeant dans l’univers club que je n’ai finalement pas tant expérimenté que ça. Il devrait y avoir moins de chansons et plus de longs morceaux progressifs…
EN ÉCOUTANT ALL GLOWS, DES COULEURS ET DES MOUVEMENTS SEMBLENT APPARAÎTRE…
Si tu ressens ça, c’est qu’il t’invite à la contemplation et c’est un peu mon objectif inconscient car ce qui m’a toujours fait vibrer dans l’art, c’est qu’il me fasse voyager… Que j’écoute le travail de quelqu’un ou que je sois en pleine production du mien, j’ai besoin de m’évader alors je vais avoir tendance à mettre de côté un morceau techniquement magnifique pour conserver celui qui m’aura procuré des émotions…
SUR SCÈNE TU ES ACCOMPAGNÉ DE MUSICIENS…
Quand je tourne en France oui, j’ai cette chance ! Ça fait plus de trois ans que l’on joue ensemble, il y basse, batterie, claviers, guitare et harpe. C’est un apport formidable qui nous « oblige » à réadapter chaque morceau, j’en-lève plein de choses, les musiciens apportent leur patte, leurs suggestions et très franchement, certains titres n’ont parfois plus grand chose à voir avec la version d’origine ! (rires) La musique vit et se transcende sur scène, le public ne vient pas pour écouter simplement l’album…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Mas des Escaravatiers • Photos Fraser Taylor
Interview parue dans les éditions n°395 #1, #2 et #3 du mois de septembre 2018
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