INTERVIEW
Kimberose en interview
Bien que dans ce premier album Chapter One, on ait quelques difficultés à se détacher de la voix si envoûtante de l’interprète, Kimberose n’est pas le nom d’une chanteuse solo mais bel et bien d’un groupe créé par Anthony Hadjadj, Alexandre Delange et Kimberly Kitson Mills… Contre toute attente récent, ce projet musical laisse une étrange impression dès la première écoute… Car, si elle ne ressemble à « rien » d’autre et ne copie personne, sa musique donne l’impression d’avoir toujours existé quelque part au fond de notre esprit. Sonnant comme une pure évidence, les morceaux jazzy, soul et pop de Kimberose résonnent peut-être tout simplement en nous tous car la puissance, l’énergie et les fêlures de cette voix chaude et naturelle ne font que révéler des émotions sincères et communes à l’intégralité de notre espèce. Abordant la perte d’un père, la maternité, la traversée du désert, la solitude et l’acceptation de celle-ci, ce premier chapitre, aussi intense que connecté aux réalités de la vie, démontre un talent qui ne demande qu’à se développer sur plusieurs tomes…
« Quand on crée et que l’on v sur scène, c’est qu’on est dans une certaine quête d’amour et de reconnaissance… »
Morgane Las Dit Peisson : En ce moment, de nombreuses dates sont en train de s’a jouter sur votre planning de tournée…
Anthony Hadjadj : On a hâte d’être sur les routes, ça fait un an qu’on n’attend que ça alors quand on voit que les dates prévues sont de plus en plus nom- breuses, on ne peut être qu’excités et ravis ! (rires)
Kimberly Kitson Mill : Depuis qu’on s’est lancés dans le projet Kimberose, on ne rêve que de pouvoir être sur scène et de partir sur les routes pour rencontrer les gens…
C’est difficile à croire quand on écoute Chapter One mais Kimberose est assez récent…
Kimberly : Il y a seulement trois ans de ça, en effet, avec Anthony et Alexandre, on n’était encore que trois amis qui faisaient de la musique à la maison ! Il n’y avait aucune ambition professionnelle, juste une envie de se faire plaisir en s’adonnant à notre passion… On a commencé à écrire et composer et c’est à partir de là qu’on s’est dit que ça valait peut-être la peine qu’on essaye d’aller un peu plus loin…
Qu’est-ce qui a vraiment changé la donne il y a un an ?
Kimberly : On a fait venir une équipe pour filmer trois titres en live diffusés sur Youtube et c’est vraiment ça qui a été un starter pour Kimberose. Un éditeur – qui est devenu notre producteur – nous a contactés et ensuite ça s’est enchaîné…
Anthony : Il y a eu cette livestation, le repérage de notre producteur, la petite team avec ingénieurs et attachées de presse qui s’est constituée mais il y a aussi et surtout eu Nagui qui nous a appelés pour nous dire qu’il avait un « petit créneau » pour nous dans Taratata ! C’était complètement surréaliste pour nous qui n’avions à ce moment là qu’un EP de 4 titres ! (rires) Cette émission a réellement été un moment clef dans notre évolution car ça nous a permis d’être vus et entendus par 800 000 téléspectateurs musicophiles ! On fait partie des nombreux artistes qui doivent une fière chandelle à cet animateur passionné de musique…
On ne doit pas en mener large quand on arrive sur Taratata…
Kimberly : (rires) En effet, en tous cas pour moi ! On est tous très différents dans le groupe, Anthony, lui, avait une tendance à sauter partout et papoter toute la journée tant il était content alors que moi, j’avais la sensation d’être au bout de ma vie ! (rires) Je suis déjà très sujette au trac mais là j’étais morte de trouille ! Et finalement, on a joué I’m sorry, ça s’est super bien passé et dès le soir même, on a reçu des tonnes de messages et on a compris que quelque chose venait tout juste de changer…
Recevoir des messages signifie que ce qu’on a fait dans son coin touche d’autres gens…
Kimberly : La musique est vraiment faite pour être partagée alors c’est vrai qu’il n’y a pas de plus beau cadeau que d’avoir la confirmation que des gens ont été sensibles à nos créations au point de prendre de leur temps pour nous envoyer un petit mot… C’est super touchant et je dois avouer que ce n’est pas rare que j’ai les larmes aux yeux en les lisant ! (rires) C’est magique car ça donne encore plus envie de continuer…
Anthony : Le fait de rencontrer le public, ça permet aussi de ne pas rester dans une sorte d’auto- satisfaction. La musique est un dialogue qui attend donc des réponses, alors avoir enfin des in- terlocuteurs, c’est essentiel pour avancer et ça donne une certaine responsabilité aux artistes… Il ne faut pas se mentir, quand on crée et que l’on va sur scène, c’est qu’on est dans une certaine quête d’amour et de reconnaissance…
Chapter One est riche en styles musicaux et en atmosphères…
Kimberly : Notre musique est vraiment dépendante de la vie qu’on mène et chaque morceau fait écho à une période de notre vie ou à une émotion particulière… Et il n’est pas rare que les titres les plus intenses se soient nourris de nos propres souffrances alors quand je vois le bonheur qu’on a la chance de vivre en ce moment, je m’inquiète un peu pour la suite ! (rires)
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson à la Villa CGR au Festival de Cannes • Photos Arno Lam
Interview parue dans les éditions n°393 #1, #2 et #3 du mois de juin 2018
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