INTERVIEW
Warren Zavatta en interview pour Le Mensuel en 2014
WARREN ZAVATTA
« Je suis un peu prisonnier de mon histoire finalement… »
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Son nom ne trompe pas, Warren est bel et bien le petit-fils du célèbre clown Achille Zavatta. Acclamé par des milliers d’enfants et décrié par une famille à qui il aura plus souvent arraché des larmes que des hurlements de rire, cet illustre personnage de cirque n’aura laissé en héritage à son petit-fils que ce nom si complexe à porter. Dans un spectacle transpirant d’originalité et de sincérité, Warren Zavatta nous raconte l’itinéraire d’un circassien épris de liberté, d’un homme qui a appris à se trouver et d’un artiste qui a su s’accomplir par son seul talent.
Warren Zavatta : Oui, je comprends tout à fait… Et pourtant, j’ai pris un biais assez différent. Je n’ai pas cherché à brosser l’image de la famille dans le sens du poil, bien au contraire…
Ça n’a pas été difficile de s’affranchir de sa famille ?
Finalement non, ça n’a pas été aussi compliqué que je ne le pensais et surtout, j’ai eu la chance que ça se fasse en bonne intelligence. Et puis, maintenant, ils sont fans du spectacle ! (rires) Et puis, ça reste quand même dans l’univers du spectacle. J’ai quitté la sciure des pistes pour les planches du théâtre. C’est la manière qui diffère.
Même si ça reste du spectacle, vu de l’extérieur, on s’imagine qu’un cirque est un peu renfermé sur lui-même…
Oui c’est exactement ça mais j’ai eu la chance d’appartenir à une famille à moitié sédentarisée qui m’a permis, à moi comme à mon frère et à ma soeur, d’avoir une scolarité à peu près normale. Ça m’a permis de découvrir autre chose que le cirque assez rapidement et c’est ainsi que j’ai fait cinq ans de théâtre classique, de la danse et pas mal de petites choses qui m’ont naturellement un peu éloigné du milieu.
Ce spectacle raconte tout ce cheminement ?
Il résume un peu ma vie. Il raconte l’histoire d’un mec qui s’appelle Zavatta, qui n’avait rien demandé à personne et qui est né dans un cirque. En réalité, je suis un peu le Bacri du cirque, tout m’emmerdait, le jonglage m’emmerdait, tout ce travail m’emmerdait, donc je parodie un peu tous les numéros que j’ai appris à faire enfant et, tout en me moquant de moimême, je raconte mon itinéraire. Avoir autant bourlingué m’a permis, dans ce spectacle, d’intégrer un morceau de saxophone, un peu de chanson, de claquer le fouet, de jongler ou de cracher le feu… Ça raconte véritablement une histoire, ce n’est pas une succession de sketchs, il y a un fil conducteur. J’avais envie de mettre sur pied un truc qui se lise comme un bouquin, que le public puisse suivre du début à la fin.
Vous avez appris tout ça par volonté ou parce que vous ne saviez pas ce que vous vouliez ?
Je crois que je ne sais toujours pas ce que je veux faire vraiment… (rires) J’ai essayé plein de domaines sans trop savoir où j’allais mais finalement, le dénominateur commun a toujours été le spectacle. J’aime qu’un spectacle soit spectaculaire alors grâce à ces expériences, j’ai fait en sorte que mon seul en scène le soit.
Vous êtiez conscient de vos atouts quand vous avez débuté ce spectacle ?
Non, je n’étais vraiment sûr de rien jusqu’à la première, j’étais même très nettement dans le doute ! (rires) Et puis finalement, tout a très bien marché au point que maintenant, je vais devoir commencer à penser à le renouveler. Mais c’est un peu compliqué pour quelqu’un qui a un univers aussi particulier. Je ne peux pas changer un sketch ici et là, je suis un peu prisonnier de mon histoire finalement.
Une histoire familiale triste… On devine sur l’affiche, avec ce clown au regard fixe, un peu agressif et ce nez rouge ensanglanté que ce n’est pas du cirque…
Je ne voulais pas mettre de nez de clown. Il y a quand même une souffrance par rapport à mon grand-père qui n’a pas été très famille… Tout le monde disait que ce n’était pas vendeur et qu’il faut un truc souriant. Je n’ai pas lâché le morceau. Pour moi cette affiche représente bien le spectacle. C’est un clown, il a morflé et il va vous raconter son histoire. La vie est comme ça. D’ailleurs, quand quelque chose est drôle tout le temps, sans nuance, je finis par décrocher. J’aime, comme dans la vie, que ça ne soit pas linéaire.
Déjà de nouvelles idées pour un prochain spectacle ?
Pour l’instant, je me concentre sur celui-ci. Il va encore tourner alors je l’améliore, je rajoute des trucs, je le fais évoluer avec moi. Mais en parallèle en ce moment, j’écris un film, un long métrage avec Romain Compingt, l’auteur du film Populaire et Dany Boon devrait en être le producteur. C’est magnifique !
C’est un film qui parlera de quoi ?
Ça va parler de cirque ! Décidément, ça me poursuit ! (rires) D’un petit cirque qui périclite et qui, pour s’en sortir, décide de monter un équivalent du Cirque du Soleil. C’est surtout une sacrée bande de bras cassés. On est très contents pour l’instant, on est en plein dans la phase d’écriture. Il y a encore beaucoup de choses à faire car le cinéma est aussi un sacré parcours du combattant, il y a continuellement des rebondissements, c’est flippant !
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Interview parue dans l’édition n°345 de Février 2014
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