INTERVIEW
Les Chevaliers du Fiel en interview
S’ils écument encore en ce moment même les salles de la France entière en y alternant plusieurs de leurs spectacles tout en prenant le temps de s’adresser quotidiennement aux auditeurs de France Bleu pour leur faire part de quelques observations humoristiques sur l’actualité, Les Chevaliers du Fiel ont décidé d’entreprendre une grande tournée des cinémas pour présenter leur nouveau long-métrage au public ! Boulimiques et passionnés par la richesse et la diversité de leur métier, Éric Carrière et Francis Ginibre ne semblent en effet jamais rassasiés ni par la création ni par le contact qu’ils entretiennent avec les millions de français qui les suivent avec fidélité et gourmandise depuis les années 90. Déjà habitués donc à être sur tous les fronts, les deux complices ont une fois de plus repoussé leurs limites en façonnant intégralement leur dernier film, Les Municipaux. Évidemment adapté de leur spectacle La Brigade des Feuilles, celui-ci leur a en effet permis d’ajouter une nouvelle corde à leur arc en faisant d’eux, pour la première fois, des réalisateurs… Derrière mais aussi devant la caméra, les humoristes – également organisateurs de la Coupe du monde de cassoulet de Toulouse – ont donc revêtu à nouveau les habits de Christian le délégué syndical agrégé de RTT et de Gilbert, la nouvelle recrue d’une mairie endettée qui va rapidement apprendre à ne pas trop se surpasser. !
Projections et RENCONTRE au CGR de Draguignan le 17 avril à 20h30 et 22h30
« On a réellement pu faire le film qu’on imaginait ! »
Morgane Las Dit Peisson : Vous ne vous économisez jamais mais j’ai comme l’impression que c’est pire en ce moment…
Éric Carrière : Je dois avouer que l’emploi du temps est particulièrement chargé en ce moment entre la tournée habituelle sur scène, la tournée des avant-premières et la radio… Mais il vaut tellement mieux ça que l’inverse que lorsqu’on ressent un petit coup de fatigue, on se rebooste en pensant à la chance extraordinaire que l’on a de débarquer à chaque fois dans des salles pleines !
On va, entre autres, vous voir au CGR de Draguignan pour présenter le film Les Municipaux...
Les premières projections ont eu lieu et à chaque fois, les spectateurs l’ont bien accueilli et ont beaucoup ri, alors on est heureux car le film a l’air de bien fonctionner. Ça nous touche énormément car, pour la première fois avec Francis, on a occupé tous les postes, de la réalisation au jeu. On a réellement pu faire le film qu’on imaginait et qu’on désirait, du coup, Les Municipaux est vraiment important pour nous.
Être sur tous les fronts a dû être intense…
Oui mais l’avantage, c’est qu’on est tous les deux habitués ! (rires) On travaille tout à quatre mains depuis toujours, que ce soit pour la scène, pour la radio ou même pour le film Repas de famille pour lequel – bien qu’on n’en ait pas signé la réalisation -, on ne pouvait pas s’empêcher de jeter un oeil sur tout !
J’imagine qu’avec autant d’implication, le trac doit être à peu près le même que pour la première d’un nouveau spectacle ?
Oh oui, on a été tendu à la première projection ! (rires) Sûrement plus d’ailleurs que pour la scène… On y est tellement souvent et depuis si longtemps qu’on a un peu plus l’impression de maîtriser la situation… Avec le cinéma, on ne s’adresse pas directement au public, il y a entre lui et nous énormément d’éléments techniques qui parfois nous dépassent ! Et puis la grosse différence entre les deux univers est surtout que sur scène, tout est modifiable et arrangeable d’un soir à l’autre, tandis qu’avec un film, si on s’aperçoit qu’un passage n’a pas l’effet escompté sur le public, on sera obligé de l’assumer car on ne pourra pas le tourner à nouveau ! Un regret, au cinéma, reste un regret mais heureusement, on n’en a pas car on a fait ce film comme le reste, avec légèreté, sérieux et sincérité.
Dans Les Municipaux, les personnages sont tirés du spectacle La Brigade des Feuilles…
Ce sont en effet les mêmes personnages mais, pour les faire vivre à l’écran, il a fallu les traiter différemment… Sur scène, on interprète automatiquement tous les protagonistes alors qu’en adaptant l’histoire au cinéma, il a fallu les déléguer pour que ce soit crédible. Au théâtre, il est admis que l’on fasse appel à l’imaginaire des spectateurs mais ce ne sont pas des codes transposables à l’écran alors indéniablement, il a fallu choisir d’autres comédiens à qui notre tandem a dû s’habituer ! (rires)
Un film est aussi le fruit d’une somme de choix…
Et c’est peut-être ça le plus difficile dans la réalisation ! Tourner un film offre des possibilités infinies entre le choix des comédiens, des lieux, des tenues, des décors, des prises de vue… Sur scène, il nous suffit de faire semblant de monter des marches pour que les gens voient un escalier tandis que pour un tournage, il faut savoir si on le veut en bois, en métal, en quart tournant ou en colimaçon… (rires) Et puis, il faut que tout prenne place sans dénaturer l’histoire et sans détourner le spectateur du rire que l’on recherche inlassablement… C’est vértablement un jeu d’équiibriste…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Mary Brown
Interview parue dans les éditions n°391 #1, #2 et #3 du mois d’avril 2018
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