INTERVIEW

Jonathan Lambert en interview pour Le Mensuel en 2013 – Spectacle Perruques

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Jonathan Lambert


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en interview 

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JONATHAN LAMBERT
 
 
  

Dans le spectacle « Perruques »

 

« Tous les personnages que je fais sont des gens que je n’aimerais pas être.

J’espère ne jamais devenir l’un d’eux… »

Aux antipodes de ses personnages les plus déjantés, Jonathan Lambert semble plutôt calme et normal…
Même s’il ne faut jamais se fier aux apparences, surtout à celles de quelqu’un qui est capable de faire sortir de son imaginaire de telles créatures pour l’accompagner sur scène.
Car après des années de télé, c’est bien sur les planches que, malgré sa jeune expérience,
l’artiste excelle en explorant un large éventail de sentiments et de comportements parfois un tantinet effrayants…

 

   

jonathan-lambert-interview-2013-CMorgane L : Vous n’en êtes qu’à votre second spectacle alors que l’on vous connaît depuis longtemps déjà. Finalement, vous êtes presque un « débutant » ?
Jonathan Lambert : On peut dire ça, oui ! (rires) Sur scène, c’est vrai que je suis presque un novice. Je suis plutôt un enfant de la télé et la scène n’est arrivée que plus tard.

C’est vrai que dans ce sens-là, c’est plutôt rare…
Oui d’habitude on a tendance à voir le contraire, on demande plutôt à des gens qui font de la scène s’ils ont envie de devenir chroniqueurs dans une émission de télé alors que pour moi ç’a été le contraire. Ce qui m’a donné envie de me lancer véritablement sur les planches, ça a été de faire une émission en direct sur Comédie, où il y avait un contact direct avec le public et qui se tournait dans un ancien théâtre. Ce lieu avait toute la configuration de la scène et c’est quelque chose que je n’ai jamais retrouvé par la suite sur d’autres projets télé. C’est là que j’ai réellement senti l’envie de monter sur scène.

Vous avez débuté dans une émission de Jean-Pierre Coffe mais comment en avez-vous eu l’idée ?
Cette émission était à mille lieues de ce que je faisais et tout s’est enchaîné un peu par hasard. Je suis tombé sur un casting et comme je n’en avais jamais fait de ma vie, je me suis dit que ça pouvait être intéressant de voir comment ça se passait. Mais en fin de journée, après deux essais, on m’a annoncé que c’était moi qui avais été choisi… J’avoue ne pas avoir bien compris ce qu’il m’arrivait et j’ai fait mes premiers pas à la télé. Ensuite, j’ai travaillé dans une boite de prod, comme assistant d’abord, puis comme chargé de coordination. C’est après ces expériences que je suis rentré chez Comédie et que j’ai commencé à faire des choses qui me plaisaient davantage… De l’humour, des sketches et, petit-à-petit, naturellement, j’ai grandi avec la chaîne.

Vous vous êtes formé sur la tas et n’avez jamais arrêté…
Non jamais ! J’ai fait plein de choses pendant toutes ces années qui font que mon parcours est assez singulier. J’ai fait de la télé, de la radio, de la presse, de la scène, un peu de cinéma et quelques trucs au théâtre et ce qui me plait tout particulièrement dans ce cheminement, c’est d’avoir pu faire des choses très différentes les unes des autres tout en restant toujours sous le signe de la comédie. Je suis très heureux de tout ça car ça me permet de me renouveler sans arrêt !

Vous n’êtes donc arrivé sur scène qu’à la trentaine mais tout petit, vous aviez déjà senti une attirance ?
Oui même si je ne l’ai jamais vraiment formulé. Pour moi, ce n’était pas vraiment un métier. Dès mon plus jeune âge, j’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’emmenaient de temps en temps voir des spectacles, des one man et je crois que ça me faisait tellement rêver que je ne pouvais même pas m’avouer ce désir là à moi-même. C’était de l’ordre du rêve, exclusivement… Comme si j’avais voulu être le roi du monde, c’était quelque chose de totalement impossible, d’inatteignable, à des années-lumière de la réalité. Mais en tous cas, tout au fond de moi, j’en avais envie, oui…

Et aujourd’hui, vous en êtes à votre second one-man…
Déjà oui ! Et ce spectacle est radicalement différent du premier qui était beaucoup plus construit comme un monologue un peu surréaliste. Là, dans Perruques, je propose toujours une galerie de personnages mais il me semble qu’il y a, dans la conceptualisation du spectacle, quelque chose de plus original. Je cherchais vraiment à
proposer au public quelque chose qui pourrait me ressemblait encore plus. Les gens m’ont surtout connu par mes déguisements à la télé mais c’est c’était trop compliqué à mettre en place pour la scène. Je ne pouvais pas faire exactement la même chose car les changements sont trop longs entre chaque personnage et à force de retourner cette idée dans tous les sens, j’ai pensé à la perruque. C’est un accessoire qui est toujours très drôle, on peut la mettre de plusieurs façons sur la tête, elle cache plus ou moins le visage… Il y a un pouvoir presque magique dans une perruque. Et pour assumer le truc à 100%, on a choisi d’appeler ce spectacle le plus simplement du monde Perruques. Une perruque représente un personnage et j’en ai dix qui m’accompagnent sur scène.jonathan-lambert-interview-2013-D

Le public retrouve des personnages qu’il connait déjà ?
Il y a vraiment deux personnages que j’ai déterré tels quels comme Jean-Guy Badiane que j’avais fait à la radio, l’animateur moisi un peu à l’ancienne et le désormais fameux Damien Baizé qui était né sur Comédie à l’époque. Les autres personnages, eux, ont été imaginés pour ce spectacle en particulier. Mais ce sont des cousins plus ou moins proches de ceux que j’ai pu interpréter chez Ruquier, par exemple. Ils sont tous assez infréquentables ! Je dis toujours d’ailleurs que tous les personnages que je fais sont des gens que je n’aimerais pas être. J’espère ne jamais devenir l’un d’eux… (rires)

Pourquoi justement choisir de donner vie à des personnages dérangés ? Car quelque part, pour les accompagner chaque soir, il faut les aimer un peu…
C’est toujours drôle quand on fait des personnages, de représenter une caricature, de pousser sur ce qui fait rire, de rechercher ce qui va être très outrancier. J’ai besoin que mes personnages soient assez prenants. Il y a un notaire de Limoges, une esthéticienne, un animateur un peu ringard, une femme âgée un tantinet cougar, une bourgeoise… Ce sont des personnages qu’on peut être amené à rencontrer, à connaître dans notre vie de tous les jours. Ils sont ordinaires de prime abord mais, lorsque l’on gratte un peu, le vernis craque et c’est là seulement que l’on peut entrapercevoir quelque chose qui relève de l’extraordinaire dans le sens premier du terme. C’est complètement dingue et pourtant, on se rend compte que c’est le principe même de la nature humaine. Ce qui m’intéresse, c’est vraiment ce côté un peu bizarre et dérangeant, parfois même un peu fou que des gens réfugiés sous une apparence très ordinaire peuvent cacher…

Et on a de tout, des hommes, des femmes sans aucune préférence ?
On a des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, du à peu près normal et du très « para normal » ! (rires) Mais c’est vrai que les personnages que je créais chez Ruquier, je ne les faisais qu’une fois, c’était du consommable, du jetable et je me disais souvent que c’était dommage parce que j’en aimais bien certains et que j’aurais aimé avoir l’occasion de les refaire à nouveau. Malheureusement, c’était le principe de l’émission mais je crois que finalement, les personnages de Perruquesont tous plus ou moins été construits d’après ceux que j’aimais le plus faire à la télé. Ça a été pour moi l’occasion rêvée de leur redonner une nouvelle vie.

Chez Ruquier, les personnages sont extrêmement travaillés, les maquillages et les tenues sont remarquables mais il y a aussi un travail assez conséquent sur les attitudes, les voix, les mimiques…
Oui ! Je suis vraiment un adepte de l’humour visuel. C’est toujours ce qui m’a nourri, j’aime quand on assume le côté parfois assez agressif de certains gags visuels et la perruque en fait partie. Ce qui m’amuse c’est de rentrer en scène avec la gueule d’un nouveau personnage grâce à une perruque posée sur la tête. Les gens se marrent déjà parce que la tête est drôle. Et puis ce qui m’intéresse aussi énormément dans le fait d’interpréter des rôles, c’est que ça me déresponsabilise des propos qui sont tenus.

On note d’ailleurs un sacré penchant pour l’humour noir, le trash et l’absurde…
Oui, d’ailleurs le spectacle a reçu le Prix de l’Humour Noir et j’ai été très heureux de cette distinction ! C’est vrai que l’ensemble peut paraître assez cynique, assez noir au niveau des personnages… Et plus on avance, plus ils sont noirs effectivement mais le spectacle n’est, je pense, pas cynique, il est juste teinté d’une certaine noirceur. Mais dans l’horreur et le désespoir, on peut toujours trouver un certain recul pour que cela devienne drôle.

Les personnages sont atroces, voire souvent détestables mais bizarrement ils sont attirants. Ils ont quelque chose de très humain qui fait que finalement ils nous font rire, ils nous attendrissent…
Oui c’est ça. On trouve une certaine empathie pour ces personnages alors qu’ils sont totalement antipathiques. Mais je crois que ça résume bien la nature humaine. On a tous des petits côtés enfantins et touchants et lorsque l’on dérape un peu, on a tendance à se trouver des circonstances atténuantes…

Vous n’avez peur de rien sur scène, même pas de vous enlaidir, ça vous est naturel de faire ça ?
En fait, c’est même assez salvateur ! À chaque fois que je faisais un personnage je voulais allez vers quelque chose d’encore plus laid mais lors du démaquillage, devant le miroir, je me disais que je n’étais pas trop mal finalement, en tous cas beaucoup mieux que je ne l’étais une heure avant ! (rires)

Il n’y a jamais eu un moment où vous aviez envie d’aller sur scène sans vos personnages ?
Non je crois que ça ne m’est jamais venu à l’idée… Je me sens très à l’aise là-dedans, j’aime bien mes personnages et puis c’est quelque chose qui avait un peu disparu sur scène ces dernières années. J’ai d’ailleurs l’impression que ça revient et ça me réjouit. J’aime énormément m’exprimer à travers mes personnages car il y a un travail de comédie qui est assez sympa. Pour l’instant, c’est vraiment dans ce registre là que je me sens bien. Chacun a son affinité, sa façon de se livrer sur scène et j’ai l’impression d’avoir
trouvé la mienne.

Et n’interpréter qu’un seul personnage comme Christelle Chollet ou Noëlle Perna ?
Alors là pareil, je n’aimerais pas m’enfermer dans un seul personnage… Non, ce qui me plait le plus, c’est la pluralité. Avec Ruquier j’ai fait pu faire plus de 150 personnages, chez Comédie j’ai bien dû en faire une trentaine, sur Canal, j’en ai fait plein également et j’aime ça car on peut changer quand on en a marre. Et ce qui est sympa, c’est qu’il faut toujours trouver de nouvelles créatures, un peu comme un savant fou… Et à la fin, on forme une sympathique petite famille ! (rires)



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Interview parue dans l’édition n°342 de Novembre 2013
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