INTERVIEW
Interview de Gérald Dahan pour Le Mensuel en 2013
Roi du canular dans lequel il excelle depuis quelques années déjà, Gérald Dahan est celui qui a réussi, entre autres, sur un coup de fil, à faire chanter la Marseillaise à l’équipe de France de foot la main sur le coeur mais il est aussi celui qui s’est fait remercier par des radios qui n’ont su résister à la colère de certaines « victimes » manquant cruellement d’humour… Nous ramenant à la conclusion que l’on peut définitivement rire de tout mais pas avec tout le monde… Surtout lorsque l’on touche à l’actualité, qui lui, le passionne et lui impose un challenge quotidien en le contraignant à imiter tous ceux qui la font et la défont pour la bonne tenue de son dernier spectacle en format piano voix.
Gérald Dahan : Ce n’est pas étonnant ! Moi-même j’ai l’impression d’avoir toujours été là ! (rires) À l’âge de 8 ans à peine, je savais que je voulais faire de l’imitation mon métier. C’est ce que je me suis promis de faire et c’est surtout ce que j’ai promis à mes parents qui me prédestinaient à une carrière assez différente… dans la lunette puisqu’ils étaient opticiens ! Ma mère m’a assuré de me soutenir à l’unique condition que je réussisse, sinon, c’était un retour aux lunettes ! (rires) J’ai donc fait une sorte de planning de ce que pourrait être ma carrière si je travaillais bien. J’avais comparé les biographies de Patrick Sébastien, de Thierry Le Luron et de tous les gens que j’admirais à cet âge là et j’avais tracé une sorte de parcours idéal. Je m’y suis tenu à la lettre. A 18 ans, j’ai vraiment fait Bobino, à 20 ans j’étais à l’Olympia… Tout s’est réalisé. Dans ce fameux planning, j’avais prévu de faire du cinéma à 40 ans, on y est, donc je croise les doigts ! (rires) C’est une chance incroyable de pouvoir vivre d’une passion qui vous anime. Je n’ai d’ailleurs pas vraiment l’impression de travailler alors qu’en fait… (rires)
L’humour est vraiment indissociable de l’imitation, mais qu’est ce qui arrivé en premier, la capacité d’imiter, de singer ?
Oui je pense que c’est cette « capacité » de se mettre à la place des autres qui a été l’élément déclencheur. Comme mes parents sortaient beaucoup, j’ai évolué dans un univers d’adultes et quand on est enfant, je pense qu’on a tous un réflexe d’imitation par définition. J’ai dû accentuer le trait pour me faire remarquer et les adultes adorent voir leurs enfants faire les intéressants. Je suis devenu, une bête de foire, une curiosité et j’en ai beaucoup joué ! (rires) Pour moi, c’est un mélange d’hommage aux autres et de moquerie.
Et puis qui aime bien châtie bien…
Oui, on ne peut pas imiter quelqu’un si on n’a pas une forme d’affection pour la personne même si celle-ci est pleine de défauts, au contraire !
C’est important pour bien caler sa voix d’avoir la bonne gestuelle, d’agir réellement comme la personne que l’on imite ?
Je travaille toujours une imitation dans la recherche de la psychologie du personnage. Il faut vraiment que je sois dans sa tête… Alors je me plonge vraiment dans un rôle, j’essaye de prendre la même syntaxe, je m’imprègne de l’empathie… C’est presque schizophrénique… Même si dans le cas présent, c’est assez salvateur quand même, j’en suis conscient. Et sur scène, ça peut presque devenir une thérapie… On fait du bien aux autres en s’en faisant à soi aussi…
Comment travaillez-vous ces personnages ?
Il n’y a pas de règle bien définie mais j’ai tendance à dire dans ces cas-là que c’est assez rapide tout en étant une longue observation. Il y a des personnages qui s’imposent à moi parce que c’est l’actualité, dans mes spectacles, qui m’inspire le plus. Par exemple, il est évident que je suis obligé d’observer un type comme Manuel Valls qui se met lui-même au coeur de l’actualité quotidiennement en ce moment. Il n’est pas un de mes fers de lance mais à force de rentrer dans mon champ d’observation et en récupérant tous ces moments instantanés, petit à petit, le puzzle va être complet. Il y aura toujours un moment où il va donner de lui une image un peu décalée de celle qu’il veut nous montrer habituellement et tac, là je vais avoir un déclic, une étincelle qui va faire que tout ce qui a été ingurgité avant va prendre tout son sens à ce moment précis.
Sur scène vous ne ferez pas de canulars mais vous allez usurper quelques identités…
C’est désormais François Hollande qui a pris une grande part du spectacle. Quand Nicolas Sarkozy a perdu l’élection, j’étais bien embêté en me disant que j’allais être en manque d’inspiration, mais avec Hollande je ne suis pas déçu ! Il donne beaucoup de travail aux clowns que nous sommes lui aussi. Je me moque de lui allégrement, je pense avoir vraiment réussi à mettre un aspect clownesque dans son action ! Il y a aussi DSK, Arnaud Montebourg, Fabrice Luchini, Edouard Baer… Ce qui est surtout nouveau dans ce spectacle, c’est qu’il se présente sous forme de piano voix. C’est très sympa parce que je demande aussi au public de participer en m’imposant des défis comme celui d’imiter qui ils souhaitent et je m’exécute avec mon pianiste.
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson
Interview parue dans l’édition n°340 de Septembre 2013
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