INTERVIEW
Interview de Cyril Etesse pour Le Mensuel en 2013
« C’est quand même génial de penser que des gens viennent dépenser 10, 15 ou 20 euros
pour voir ma tronche sans savoir réellement à quoi s’attendre ! »
La plupart d’entre vous ont découvert son visage dans la fameuse émission On n’demande qu’à en rire cette année mais son travail ne date pas d’hier. Et c’est grâce à des années d’expérience mêlées à l’intensité qu’ont réclamé ses passages successifs à la télé que Cyril Etesse a peaufiné encore et toujours un style qui lui est définitivement propre. Bercé dès son plus jeune âge entre autres par un certain De Funès, on peut sans complexe affirmer que, tout en étant très différent, il a su inconsciemment en conserver quelque chose… Doté d’une énergie à toute épreuve et d’une capacité à croquer les travers des personnes qui nous entourent, le jeune humoriste vont entraînera dans un voyage scénique aussi haletant qu’hilarant !
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Cyril Etesse : Oui tout à fait ! J’avais fait le concours en 2007 je crois. Je suis ensuite revenu en plateau avec d’autres jeunes humoristes et là, le fait de revenir avec ma propre date, c’est un peu comme une consécration. Le directeur du festival, Olivier Sagot, me suit depuis pas mal de temps maintenant, bien avant cette année passée chez Ruquier mais revenir « en tête d’affiche », ça fait un immense plaisir !
Tu arrives à réaliser cette évolution ?
Bizarrement, oui… Je la réalise surtout quand je vois ma tête sur une affiche à côté de celles que je vois depuis des années à la télé et qui remplissent des grandes salles… Ça fait extrêmement plaisir. Malgré tout, j’essaie aussi de garder les pieds sur terre. Je ne considère pas que les choses sont arrivées comme ça par hasard et de façon subite mais ça me fait plaisir, c’est une belle étape de franchie. Après, le tout sera de réussir à durer ! (rires) Et ça, ça reste toujours le plus compliqué. Pour l’instant, grâce à Laurent Ruquier dont l’émission On n’demande qu’à en rire m’a ouvert énormément de portes, j’ai beaucoup plus tourné cette année, rempli de belles salles, des salles importantes, j’ai même joué devant 2000 personnes en plein-air, c’était magique ! C’est impressionnant de se dire qu’on a une « réussite »… Mais le tout sera de se maintenir sur l’échelle pour ne pas en tomber et ça, ça reste toujours le plus compliqué.
Que tires-tu de l’expérience On Ne Demande Qu’à en Rire, désormais avec le recul ?
Je n’en retire que du positif. Il faut en réalité apprendre à se préserver un peu. Au début, par exemple, je lisais absolument toutes les critiques qui pouvaient être publiées sur Internet et c’est, crois-moi, la dernière chose à faire ! (rires) Car dès que tu fais un passage un peu moins bon que le précédent, moins bien noté par le jury, quel que soit ton passif dans l’émission, tu te fais démonter par des fous furieux qui passent leur temps sur les forums, Facebook ou Twitter ! Il faut apprendre à prendre du recul face à ça et ne plus s’acharner à lire des remarques qui ne sont souvent en rien constructives. L’idéal est de réussir à ne prendre que les bonnes choses, les témoignages d’affection et les encouragements de ceux qui viennent te voir en salle.
Et sur ton travail en lui-même ?
L’émission, après plus d’une trentaine de passages, m’a appris à canaliser un peu mieux le stress, à gérer les impondérables du métier mais aussi et surtout à écrire vite. Ma grande crainte au tout début était de ne pas tenir sur la longueur. Je travaille toujours tout seul, je n’ai pas de co-auteur et j’ai continué à travailler seul dans l’émission. Je ne sais pas écrire vite et je pense que ça a été mon plus gros handicap dans l’émission. J’ai besoin de peaufiner, de travailler longtemps, de répéter beaucoup pour arriver à faire quelque chose qui me plaise. Je ne pensais sincèrement pas être capable de créer en une semaine àpeine, voire parfois même moins, un truc qui fonctionne.
Cette expérience a changé des choses dans ton one-man ?
Non… Enfin peut-être de toutes petites choses, presque imperceptibles. Je ne vois pas de changements draconiens mais l’émission m’a apporté un peu plus d’assurance et m’a vraiment ôté les derniers complexes que j’avais.
Et pourquoi le titre Shaolin ?
Bonne question… (rires) Parce que les moines Shaolin sont des personnages à la fois très rapides et très, très précis mais en même temps extrêmement calmes et zen. Je trouve que ça correspond bien à ce que je suis sur scène, très hyper actif et très speed à certains moments puis bien plus posé à d’autres, comme je le suis dans la vie. Shaolin correspond finalement très bien à ce que j’ai envie de défendre sur scène. Et dans la vie aussi…
Tu es donc toujours aussi speed sur scène ?
Oui sur scène je suis limite psychopathe ! (rires) Au début, ça surprenait énormément mais c’est vrai que maintenant la plupart des gens qui viennent me voir m’ont vu à la télé et ils savent à quoi s’attendre. Finalement c’est devenu une marque de fabrique. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait mais il est certain que c’est quelque chose que je vais cultiver tant que je pourrai le faire.
C’est plus touchant de savoir que les gens qui te découvraient dans des 1ères parties éclataient de rire sans te connaître, ou de voir qu’aujourd’hui des gens achètent des places pour te voir toi ?
C’est une bonne question ! Je pars du principe que si des gens viennent me voir, peu importe la raison, c’est touchant. J’ai toujours pris ça avec beaucoup d’humilité mais rien que le fait que les gens se déplacent, je prends ça comme un honneur. Et maintenant, c’est quand même génial de penser que des gens viennent dépenser 10, 15 ou 20 euros pour voir ma tronche sans savoir réellement à quoi s’attendre ! (rires)
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson
Interview parue dans l’édition n°340 de Septembre 2013
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