INTERVIEW
Oldelaf en interview
À la fois véritable chanteur, véritable musicien et véritable humoriste, Oldelaf s’est tout naturellement imposé comme un artiste hybride… Ne proposant ni de parodies ni même un style s’apparentant au music-hall, ses compositions et ses textes sont le fruit d’un habile numéro d’équilibriste. Apportant autant de soin que n’importe quel autre compositeur à ses mélodies, peaufinant ses textes afin qu’ils soient aussi drôles qu’émouvants et les interprétant avec autant de coeur et de sérieux que n’importe quel autre artiste issu de la Chanson française, Oldelaf marie ces trois ingrédients en les saupoudrant constamment d’ironie, d’autodérision et d’audace pour créer de petites histoires qui, bien souvent, lèvent le voile sur quelques grandes aberrations de notre société…
Oldelaf pour son nouvel album « Goliath » à Mandelieu la Napoule le 06 avril, à Istres le 26 mai
« Entendre rire, c’est une drogue ! »
Morgane Las Dit Peisson : Ton nouvel album Goliath sort le 02 mars mais tu as déjà commencé à faire des concerts…
Oldelaf : En effet, on a commencé la série de concerts il y a quelques mois déjà car c’est vraiment là, qu’à mes yeux, tout prend son sens, donc je n’avais pas envie d’attendre la sortie de l’album pour me pencher dessus. On a beaucoup travaillé – cinq versions du spectacle en deux mois ! (rires) – pour aboutir à une belle forme dont on est plutôt fiers. Je suis très exigeant sur le rendu scénique, je n’ai pas envie d’une simple succession de titres mais vraiment d’un spectacle.
Il y a aussi de la vidéo…
Oui et ça c’est assez nouveau pour nous donc ça fait un élément de plus à prendre en compte dans la mise en scène… Il y a des extraits de clips, des projections de formes ainsi que des interactions entre nous et les écrans qui laissent apparaître des objets… On ne voulait pas d’une illustration « passive » donc ça corse un peu l’affaire ! (rires) Il va falloir affiner encore un peu ce nouvel élément mais le reste – musique et relation avec le public – on maîtrise assez bien. Ça chante, ça rit, ça danse et ça nous rend heureux car très franchement, ça commençait à nous manquer !
Comme d’habitude, on rit… Peu de chanteurs le prendraient bien…
J’en suis vraiment heureux pourtant, à l’origine, je n’avais pas réellement choisi de faire rire. C’est venu un peu par hasard et c’est resté car entendre rire, c’est une drogue ! Il y a une force, une immédiateté et une objectivité dans le rire qui n’existe nulle part ailleurs. C’est assez radical, ça fonctionne ou ça rate mais il n’y a pas de place pour la tergiversation alors que la musique apporte, quant à elle, quelque chose de beaucoup plus sensible. Désormais, je prends plaisir à alterner rire et émotion car, comme dans la vie, on a besoin des deux.
Et puis, le rire provoque lui aussi des émotions…
Dans les moments difficiles que j’ai connus dans ma vie, j’ai toujours été aidé par le rire. Pour moi c’est essentiel de rire de sujets graves comme la mort, le handicap ou le racisme pour les dédramatiser, s’en protéger ou les combattre… L’humour est une arme incroyable contre bien des maux…
Dans Goliath comme dans les précédents albums, tes chansons sont comme des nouvelles…
C’est un joli compliment car je dois avouer que j’essaie de me mettre constamment à la place de l’auditeur. Quand j’écris des paroles, je me demande ce qu’on va apprendre de nouveau au fur et à mesure du texte. J’aime que ça raconte une véritable histoire, qu’il y ait une évolution entre le début et à la fin de chaque chanson.
Même sur Le crépi, tu inventes tout un récit…
C’est l’une des rares chansons engagées de cet album… (rires) Ça te fait rire mais il y a un réel traumatisme qui se cache derrière ce coup de gueule sur l’atroce matière qu’est le crépi… Il y a peut-être une certaine démesure… C’est possible… (rires)
Mais les enfants évoque le débat sur la famille…
Cette chanson est née d’une forme de colère que j’ai ressentie en voyant que, pour la première fois, des gens manifestaient contre le bonheur et la liberté d’autrui ! On a déjà du mal à construire son propre équilibre alors pourquoi aller se mêler de celui des autres ? Certains « vrais » parents sont à peine des géniteurs tandis que des couples ont de l’amour à revendre… Ce n’est pas à moi de juger ni de dicter une conduite aux gens, mais ce serait bien que chacun balaie un peu plus devant sa porte…
Goliath, ce géant biblique qui s’est fait trancher la tête…
David l’a vaincu et cette histoire donne l’espoir de pouvoir renverser les choses bien que nous soyons de petits humains… On a, sans s’en rendre compte beaucoup de responsabilités dans ce qui nous arrive de mieux comme de plus mauvais…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos William Let
Interview parue dans les éditions #1 et #2 du mois de mars 2018
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