INTERVIEW
Anthony Kavanagh en interview
Bien que depuis peu il ait pris la décision de quitter l’Europe avec femme et enfants pour repartir dans son pays natal, le plus français des québécois ne semble pas avoir oublié pour autant son attachement pour un peuple qui l’a accueilli à bras ouverts il y a déjà plus de vingt ans… Sans cesse en tournée actuellement sur les deux continents avec son dernier spectacle portant un titre le caractérisant à merveille – Showman -, l’humoriste est resté fidèle à ce qui nous a fait tomber en amour pour lui dès son arrivée en France. Offrant donc évidemment sur scène un concentré d’énergie et d’humour, Anthony Kavanagh s’est toutefois autorisé, pour la première fois, un peu plus de sincérité en confiant au public sa propre vision de la vie…
« Showman » à Marseille le 17 janvier et à Nice le 19 janvier > DATES ANNULÉES
« Je suis payé pour faire ce que j’aime et faire du bien aux gens, c’est une chance inespérée ! »
Morgane Las Dit Peisson : Comment vas-tu depuis que tu nous a quittés pour le Québec ?
Anthony Kavanagh : Dans ma tête, je vais très, très bien ! (rires) C’est le corps qui est un peu fatigué en particulier à cause des nombreux déplacements que je dois faire depuis que je suis retourné vivre au Canada et puis il y a les décalages horaires et les changements de température… C’est le prix à payer pour me racheter d’avoir « abandonné » les français en déménageant ! (rires) Je plaisante mais c’est vrai que le rythme est soutenu entre le lancement de ma tournée en Europe et au Canada en même temps, la famille et tout ce qu’il y a à gérer au quotidien… Malgré ça, dès que j’arrive sur scène, la magie opère et je suis tout à coup en pleine forme ! J’ai l’impression d’être conditionné pour ça car, quand l’heure approche, je repense au déroulement du spectacle, je prends du café (rires) et tout mon être semble se remettre en place…
Ça prouve combien l’esprit peut agir sur le corps…
La France est très cartésienne et après tant d’années passées ici, je crois que je le suis devenu un peu moi aussi… Au Québec, on ressent les choses tout de suite dans le corps et ensuite, ça monte à la tête, c’est plus instinctif. En France, c’est exactement l’inverse, ça transite d’abord par le cerveau avant de descendre dans le ventre… Le problème avec ça c’est que l’inconscient ne fait quant à lui pas la distinction entre la réalité et ce qui est imaginé de façon très précise d’où certaines somatisations…
Ce sont deux intelligences et deux comportements différents mais complémentaires…
L’intelligence est mutliple en effet, elle peut être émotionnelle, physique ou encore logique et c’est d’ailleurs pour ça que l’histoire du quotient intellectuel s’avère être finalement complètement bidon ! On a trop souvent eu tendance à ne prendre en considération que l’intellect alors que l’intelligence du corps peut être stupéfiante… J’admire par exemple énormément les danseurs qui comprennent en une fraction de secondes comment reproduire une combinaison de mouvements qu’on vient de leur montrer !
Tu parlais du pouvoir de l’imagination…
Oui, l’être humain a tendance à se faire des films tout le temps pour anticiper au maximum tous les cas de figures et trouver les meilleurs solutions possibles, du coup, il en arrive parfois à se projeter dans des situations si improbables qu’il en ressort complètement retourné ! C’est comme lorsque l’on vit une expérience traumatisante, on y repense si fort qu’on ressent de nouveau les mêmes sensations alors que ce n’est en réalité arrivé qu’une seule fois…
Cette capacité parfois handicapante et aussi celle qui permet aux artistes de proposer une évasion…
Exactement, c’est le bon côté de la chose ! (rires) Même quand on crée plein de tableaux différents, on ne donne jamais toutes les clefs au public afin qu’il puisse imaginer certaines parties de l’histoire. C’est important de toujours lui laisser un peu de place pour qu’il se fasse son film à lui, c’est une (très) légère forme d’hypnose que l’on a tous en nous depuis l’enfance. Je me rappellerai toujours de ce gamin que j’ai vu à Cuba avec ma femme, il jouait avec un manche à balai et s’inventait des tonnes d’aventures en le prenant tantôt pour un cheval tantôt pour une épée ! Il arrivait à être littéralement ailleurs avec trois fois rien ! C’est quelque chose que l’on perd de plus en plus dans nos sociétés consuméristes mais qui existe encore, heureusement, dans les salles de spectacle…
Tu réalises que tu redonnes vie à une part d’enfance chez les gens ?
C’est complètement magique quand je m’aperçois que j’ai réellement réussi à embarquer les gens ailleurs, dans un autre monde le temps d’une soirée ! Je suis payé pour faire ce que j’aime et faire du bien aux gens, c’est une chance inespérée ! Même si ça peut être chronophage, je n’ai jamais vraiment la sensation de travailler alors je ne peux que conseiller à tout le monde de tout faire pour essayer de suivre sa passion…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson aux Royal’s du Rire de Mandelieu • Photos droits réservés
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