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INTERVIEW

Arturo Brachetti en interview

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Après s’être offert, lors de sa dernière tournée, un show colossal qu’il partageait avec quelques-uns de ses amis magiciens, le plus celèbre – voire l’unique – spécialiste du Quick Change a fini par céder à un public qui n’avait de hâte que de le retrouver seul en scène. Proposant évidemment un spectacle où il réalise le rêve secret de bon nombre de conjoints excédés d’attendre en permanence, Arturo Brachetti change de costumes à la vitesse de l’éclair ! Mais, si plus d’une soixantaine de personnages se succèdent dans sa nouvelle création sobrement intitulée Solo, le maître du genre ne s’est pas contenté de ce qu’il maîtrise désormais à la perfection et devrait surprendre son auditoire en se frottant à d’autres savoir-faire…


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« Solo » à Cannes le 04 janvier, à Marseille le 20 janvier, à Fréjus le 21 janvier

 


« Je me nourris de la fascination des autres ! »


Morgane Las Dit Peisson : Tu es désormais en tournée mais comment se sont passées tes dates parisiennes ? 

Arturo Brachetti : Je pense que Paris est désormais devenue une ville de retraités ! (rires) Ça a énormément changé d’ambiance, ne serait-ce qu’en cinq ans… Le soir, quand tu te promènes dans les rues après les représentations, tout est éteint et les gens ne sortent plus… C’est franchement triste, ce n’est plus le Paris que j’ai connu dans les années 70, 80… Heureusement, par contre, que le spectacle Solo s’est, quant à lui, super bien passé !

Revenir seul en scène après la tournée Brachetti & friends, ça fait du bien ?

Personnellement j’aime autant les deux formules mais le public réclamait un nouveau seul en scène comme le précédent Brachetti fait son cinéma ! alors ça a fait son bonhomme de chemin dans ma tête ! Et puis, vu que je viens d’avoir 60 ans, j’avais intérêt à le faire maintenant avant qu’il ne soit trop tard ! (rires)

Tu as un physique épatant pour ton âge… 

Un de mes secrets de jouvence, c’est que je fréquente beaucoup de gens moins âgés que moi et que je sors beaucoup pour ressentir l’énergie des jeunes et de la musique… Un peu comme un vampire ! (rires) J’ai besoin d’être dans la vie et dans la contemporanéité, je ne veux pas vivre enfermé dans le passé en me disant que c’était mieux avant ! Et puis, je suis resté très curieux, j’aime me rendre dans des petits théâtres pour découvrir de nouveaux talents, ça me maintient en forme. Même les jours où je ne suis pas très motivé, je m’oblige à bien manger, à m’activer et à sortir.

Cette forme est indispensable sur scène car tes spectacles sont d’une vitalité plutôt éprouvante… 

Dans Solo, comme d’habitude, je fais une soixantaine de personnages, mais en plus, j’ai ajouté pas mal de nouveaux numéros comme le dessin sur le sable qui est une belle technique poétique ou encore la manipulation de la lumière laser… Même si je voulais ralentir le rythme, je ne pourrais en effet pas puisque ce que je propose sur scène se doit d’être rapide. C’est très intense physiquement mais aussi mentalement. Le sketch qui se déroule dans une cuisine italienne en est un parfait exemple ! C’est un jour de mariage et j’interprète la mariée, le marié, la grand-mère en fauteuil roulant, la serveuse et le cuisinier qui passent leur temps à entrer et sortir de la pièce dans une ambiance de boulevard survolté ! Il faut enfiler et retirer les costumes à la vitesse de l’éclair et être extrêmement organisé pour que tout se déroule à la perfection ! C’est un rythme éprouvant mais quand je suis lancé, tout se passe si naturellement que j’arrive même à assurer deux représentations par jour.

Tu crées une effervescence qui nous ramène à l’enfance…

Je crois sincèrement que je ne suis pas adulte mais juste un enfant dans le corps d’un grand qui a la chance de pouvoir continuer à jouer à 60 ans… Je suis heureux que ce soit contagieux et que mes spectacles puissent autant embarquer les adultes que les enfants ! À force de connaître tout l’envers du décor, je m’émerveille beaucoup moins alors je me nourris de la fascination des autres. Il y a quelques années, un enfant est venu me voir dans ma loge et m’a demandé si j’allais à l’hôtel en taxi ou en volant… C’est resté gravé dans ma mémoire car ça signifie que j’ai réussi à lui faire oublier la vraie vie et croire en une certaine magie… 

On est habitué à te voir te transformer et pourtant, on a toujours envie de revenir…

C’est vrai que si je ne passais mon temps qu’à me changer dans un souci de performance, le public, je pense, ne reviendrait pas régulièrement. Je crois que ce qui attire les gens, c’est qu’ils découvrent à chaque fois une nouvelle histoire qui n’est pas au service du Quick Change mais qui a besoin de lui pour se dérouler. Et, comme l’attention du public est désormais de plus en plus courte à cause en grande partie d’Internet et des formats télé, ça m’oblige à sans cesse me renouveler et lui proposer quelque chose de différent du spectacle précédent…

Ce rythme scénique aussi rapide a une influence sur ta vie, tu as besoin de vivre tout plus vite ? 

Oui, je ne sais pas si c’est de l’hyperactivité ou juste un tempérament, mais je fais tout vite. J’ai besoin de vivre plus intensément comme si ça me permettait d’allonger ma durée de vie ! (rires) Un dimanche, par exemple, j’ai joué en après-midi avant d’aller voir Singing in the rain et je suis allé manger un bout avant de passer chez Michou. J’ai une espèce d’adrénaline ingérable, une énergie qui m’empêche parfois de dormir… Je suis tout le temps saisi par le présent, je veux en profiter et ne jamais rien remettre à plus tard. C’est, je crois, une chance alors j’essaye de la communiquer aux autres dès que je le peux.

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Paolo Ranzani

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