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Interview de François Berléand pour Le Mensuel en 2013

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François Berléand

en interview

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FRANÇOIS BERLÉAND

 

 


« Le théâtre, c’est la base même du métier,

celui qui ne veut pas en faire n’est pas un comédien,

c’est seulement un acteur… »

 

Il est très déplacé, en tant que demoiselle d’honneur, de faire de l’ombre à la mariée, qui, le temps d’une journée, doit être au coeur de toutes les attentions. Au cinéma, c’est à peu près la même chose, chacun doit savoir rester à sa place. Et c’est ainsi que François Berléand, tout au long de sa carrière, s’est vu attribué des seconds rôles qu’il incarnait avec tant de charisme qu’il a bien fallu lui confier (enfin !) des rôles titres bien mérités ! Mais c’est au théâtre, dans « Quadrille », que nous l’avons rencontré avant qu’il n’endosse le rôle d’un mari trompé, bafoué et bien décidé à se venger…


(vidéo en cours d’intégration)

franoois-berleand-en-interview-pour-le-mensuel-en-2013-portraitMorgane L. : Dans « Quadrille », vous tenez le rôle du cocu…
François Berléand : Oui… Ce n’est pas très agréable mais c’est une habitude chez moi donc ce n’est pas grave ! (rires) Ce qui était important, c’était de jouer du Guitry. Je n’avais jamais imaginé jouer un rôle que Sacha Guitry avait créé pour lui-même… Il a été un auteur génial, un comédien extraordinaire et c’est difficile pour les comédiens de s’attaquer à un tel monstre. La plupart de ses pièces ont été filmées et ça apporte une pression épouvantable aux acteurs car il avait une musicalité très particulière et inconsciemment, quand on joue sa partition, on a sa musique en tête.

Alors comment fait-on pour s’approprier le rôle ?
On s’en sort en travaillant beaucoup et en faisant plus ou moins l’inverse de ce qu’il proposait. « Quadrille » est une pièce de souffrance. Quand il apprend qu’il est cocu, le personnage souffre. Lorsque Guitry l’incarnait, il le faisait avec détachement. C’est un rédacteur en chef d’un grand journal, c’est quelqu’un qui possède l’intelligence, le savoir, la culture… un homme de pouvoir. Bernard Murat m’a demandé de jouer cette scène avec de la colère. Il faut se détacher complètement de Guitry pour jouer du Guitry, sinon on est foutu !

C’est un théâtre très rythmé…
Oui très ! Il y a des quiproquos, un rythme soutenu mais il n’y a pas de portes qui claquent, ce n’est pas du vaudeville, il n’y a pas l’amant dans le placard. C’est un théâtre fait par des gens qui possèdent la langue et qui en font don à ceux qui veulent bien l’écouter, c’est un appel à l’intelligence. Ce n’est pas du boulevard mais c’est drôle.

Plus jeune, vous ne pensiez pas faire du théâtre ?
Effectivement ce n’était pas du tout mon but ! Pourtant, j’allais beaucoup au théâtre avec mes parents, j’avais une grande culture théâtrale. Un jour, à l’université on m’a demandé de faire un petit truc et lorsque je suis monté sur scène, ça m’a plu à la seconde. Quand j’ai demandé à mes parents la permission d’en faire mon métier, mon père m’a appris que mon grand-père était metteur en scène et a finalement semblé fier que je reprenne le « flambeau ».

Vous passez du théâtre au cinéma, du cinéma à la télé… alors que d’autres acteurs craignent de le faire…
Le théâtre c’est la base même du métier, celui qui ne veut pas en faire, tant pis pour lui mais ce n’est pas un comédien, c’est seulement un acteur. Le théâtre n’est pas plus difficile mais c’est un métier, que l’on doit faire tous les jours… On n’a pas droit à l’erreur. Ça semble dur comme ça mais ce n’est pas un combat même s’il y a tout de même une petite lutte avec le public ! (rires) C’est pour ça que ce n’est jamais la même représentation. Le public va rire, ou non d’ailleurs, et ça va nous déstabiliser ! C’est très particulier le théâtre… mais on se raccroche aux partenaires… C’est ça le théâtre, c’est l’esprit d’entraide au sein de la troupe.

Vous êtes en ce moment au théâtre mais n’avez pas laissé tomber le cinéma…
Non évidemment ! (rires) Un des films qui sortira dans les prochains mois s’appelle pour le moment « Les Belles Années ». Ils avaient pensé à « 12 ans d’âge » ou « Les vieux cons ». C’est très, très dur de trouver un bon titre de film alors ça change jusqu’à ce que ce soit le bon ! Ce film raconte l’histoire de deux amis, d’une soixantaine d’années, qui n’ont passé leur temps qu’à faire des bêtises. Un beau jour, mon personnage, un employé de banque, va partir à la retraite et comme les deux compères se retrouvent à avoir beaucoup de temps libre, ils décident de s’occuper… En braquant la banque dans laquelle je travaillais ! Ils vont s’entraîner en dealant, en piquant les sacs des petites vieilles… Ce sont des bras cassés mais c’est un très joli film…

On devrait le voir quand ?
Il est au montage… Il faut être patient dans ce métier. Pour « Le transporteur » par exemple, il a fallu deux ans…



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Interview parue dans l’édition n°335 de Mars 2013

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