INTERVIEW
Interview de Hugh Coltman pour Le Mensuel en 2013
HUGH COLTMAN
« Il y a des moments difficiles dans la vie mais
on peut les encaisser, se relever pour devenir un peu plus fort chaque jour… »
Attiré par une France qui l’a fait rêver depuis sa plus tendre enfance, grâce aux récits de sa grand-mère qui avait elle aussi cédé aux charmes de notre Capitale, Hugh Coltman, n’a su, après l’année de voyage qu’il s’était autorisée, la quitter. Et il faut avouer que premièrement, on le comprend et que deuxièmement, nous sommes
plutôt ravis d’avoir la chance d’attirer un talent anglo-saxon, nous qui avons tellement tendance à chercher le succès hors de nos contrées ! Sur un album tout en dentelle et en équilibre, l’anglais nous rappelle, avec un raffinement extrême que la vie vaut bien la peine d’être vécue…
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Hugh Coltman : (rires) C’est un peu ça ! J’étais dans une petite troupe de théâtre quand un de mes potes, guitariste, m’a demandé de participer aux choeurs dans son groupe mais lorsque je suis allé aux répétitions, le chanteur principal n’est pas venu. Du coup je l’ai remplacé et on a monté ce premier groupe, Hoax, complètement par hasard ! En c’est vrai qu’être chanteur dans un groupe facilite nettement les rapports avec la gente féminine ! (rires)
Finalement vous êtes resté derrière le micro ?
Oui, on a fait trois albums studio, un en live, on a tourné au Canada… C’était une super expérience ! Mais après dix ans, je me suis posé plein de questions car le style musical ne me convenait plus vraiment. C’est pour ça que j’ai arrêté. J’avais besoin de faire quelque chose de plus personnel. C’est comme une famille il y a un moment où, même si tout va bien, on a besoin de quitter la maison.
À quoi ont ressemblé tes premiers pas d’artiste solo à Paris ?
Quand j’ai joué la première fois dans le métro, c’était mon premier jour en France. Un mois avant j’étais en train de jouer dans une salle pleine aux Pays-Bas et quatre semaines plus tard, je me retrouvais dans le métro où les gens ne sont pas vraiment là. Ils lisent, écoutent de la musique, ils ne sont que de passage. Alors même si c’est dur, c’est très formateur ! Il faut faire ses preuves, ces moments là étaient un peu difficiles mais ils permettent de se construire. Et ça, ça vaut de l’or quand tu pars ensuite sur une carrière un peu plus aboutie car, quoi qu’il advienne, on se souvient qu’on a connu des conditions bien pires.
Ça demande un sacré courage de renoncer au succès pour tout recommencer à zéro…
Oui mais je crois qu’il fallait que je me mette dans des situations difficiles pour me prouver que j’avais réellement
quelque chose à faire dans la musique puisque j’y étais tombé un peu par hasard.
Que raconte votre dernier album « Zero Killed » ?
Le fil conducteur de cet album, c’est l’origine du mot «OK». Il vient de la Première Guerre mondiale et des hôpitaux des champs de bataille où l’on inscrivait sur un tableau noir combien il y avait eu de morts et de blessés. Quand aucune perte n’était à déplorer, ils inscrivaient « 0 Killed » en l’abrégeant « 0 K ». J’aime en général l’étymologie, la racine des mots, leur histoire. Les chansons que j’ai écrites pour cet album sont pratiquement toutes des histoires vécues ou entendues, des histoires de drames quotidiens. Grosso modo, le titre de l’album veut dire qu’il n’y a pas mort d’homme. C’est important de s’en souvenir aujourd’hui alors que les gens ont beaucoup de doutes et de craintes avec les crises. Cette époque d’anxiété est vraiment notre drame quotidien.
Le message de cet album est donc positif ? On ne meurt pas donc ça nous rend plus forts ?
Exaxtement ! J’aime une phrase anglaise « Keep on keeping on » qui veut dire grosso modo « continue à continuer »… Ça signifie qu’il y a des moments difficiles dans la vie mais on peut les encaisser, se relever pour devenir un peu plus fort chaque jour. Même si mes mélodies peuvent parfois sembler nostalgiques, mes textes sont un moyen de transcender ces instants là…
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Interview parue dans l’édition n°335 de Mars 2013
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