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Edouard Pluvieux l’auteur de Kev Adams Anthony Kavanagh Julien Courbet et Max Boublil en interview pour Le Mensuel – 2013
EDOUARD PLUVIEUX
Auteur d’Anthony Kavanagh, Kev Adams,
Max Boublil & Julien Courbet
« Tout est dur en écriture. Je ne crois pas que faire pleurer soit plus simple… »
La plupart d’entre nous connaissent Anthony Kavanagh ou Kev Adams mais peu pourraient donner les noms de ceux qui leur écrivent les sketchs qui nous font hurler de rire. Édouard Pluvieux fait partie de ce cercle des « travailleurs de l’ombre » qui oeuvre en coulisses pour que chaque spectacle soit à la hauteur de nos attentes. Et en tant qu’auteur, la tâche est peut-être encore plus délicate que dans d’autres branches puisqu’il doit être capable d’apporter sa patte et son savoir-faire tout en se mêlant aux habitudes et aux volontés de l’artiste. Une opération ardue qui demande du talent certes, mais aussi une grande capacité d’écoute et d’échange…
Edouard Pluvieux : Franchement je ne sais pas. J’étais journaliste à la base et j’ai eu l’occasion de commencer à écrire des conneries et de fil en aiguilles… Mais avant de m’attaquer aux one-man, j’ai écrit pour la radio. Je crois que le meilleur moyen d’apprendre à écrire, c’est d’écrire au quotidien, sur de l’actu, puis j’ai rencontré des gens qui avaient besoin d’auteurs.
Et comment comprend-on que l’on a une capacité à écrire mais pas à monter sur scène ?
D’abord il faut en avoir l’envie et moi je ne l’avais pas. J’aurais peut-être pu y aller mais pas naturellement. Si ça devait se faire un jour, ce serait certainement la pire chose qui puisse m’arriver. Ce n’est pas drôle de monter sur scène… Pour ceux qui le vivent, c’est vraiment infernal !
Beaucoup d’acteurs disent qu’il est plus difficile de faire rire que de jouer une tragédie, c’est le cas en écriture ?
Je crois que le plus dur est d’écrire tout le temps, quoi que tu écrives. Tout est dur en écriture, sincèrement, il n’y a rien de facile. Il faut juste sentir ce que tu sais faire, toi. Pour moi c’est plus dur de faire pleurer que de faire rire parce que, ce que je sais faire, c’est faire rire. Mais je ne crois pas que faire pleurer soit plus simple. Je n’ai pas essayé car ce n’est pas mon objectif. Pour moi, en réalité, l’exercice ultime de l’écriture serait un roman. Ça c’est dur ! Et pourtant ça m’attirerait… Mais dans mille ans quand je serai devenu un adulte, quand je serai devenu capable d’écrire. Ça demande une véritable démarche artistique. Moi, ce que je fais c’est plutôt de l’artisanat ! (rires)
Tu écris pour plusieurs humoristes, comment t-y prends-tu ? C’est un travail de caméléon ?Oui, j’écris en fonction de mes envies, du public et surtout de l’humoriste. C’est plus simple d’écrire pour quelqu’un d’installé, de connu, qui a une ligne très claire, que de démarrer un spectacle pour un jeune inconnu. J’ai le code de l’humour de cette personne, je vois sa technique, je sais comment il fait rire.
Tu participes à la phase où l’artiste se met tes mots en bouche ?
Oui, avec Kev, en ce moment, on est en tournée de rodage, on fait des petites salles, on teste le show brut. On voit ce qui marche et ce qui ne marche pas, les longueurs. Parfois tu es mort de rire à l’écriture et sur scène tu prends un bide. C’est le métier ! Et parfois il y a des trucs avec lesquels tu ne pensais pas faire rire et qui cartonnent. C’est ça le plus intéressant, il n’y a pas de « formule magique ». Sur tous les spectacles j’ai au minimum deux ou trois mois de tournée de rodage. C’est après, une fois qu’il est au point, que tu l’abandonnes. L’artiste le fait tourner et ça ne t’appartient plus même si c’est quand même du spectacle vivant et qu’il n’est pas rare de le remettre à jour. Souvent, d’ailleurs, l’artiste a envie de tester de nouveaux trucs lorsqu’il commence un peu à s’ennuyer dans son spectacle.
Parmi les humoristes avec qui tu travailles il y a Anthony Kavanagh, Kev Adams et Max Boublil ?
Et puis j’ai un autre show qui démarre, celui de Julien Courbet, écrit avec Julien et Rémy Caccia. J’y crois dur comme fer, il a beaucoup de talent, à l’écrit comme à la scène, donc je pense qu’on n’est pas à l’abri que ça marche ! (rires)
Et n’y aurait-il pas des envies de 7ème art ?
C’est le Graal pour tout le monde ! Ça a toujours été mon objectif numéro un dans la vie. Tout ce que je mets en place depuis le début de ma carrière devrait m’emmener vers ça, enfin je l’espère… J’ai écrit un projet pour le cinéma avec Kev dans lequel il va jouer et moi, je vais réaliser. Mais ce n’est jamais sûr quand ce n’est pas fait ! (rires) C’est normal, ça coûte très cher le cinéma. C’est une comédie mêlée d’action. C’est un très chouette projet. J’espère qu’on va y arriver, on fait tout pour. Je croise les doigts !
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Interview parue dans Le Mensuel n°333 – Janvier 2013 Retour aux interviews
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