INTERVIEW

Serge Lama en interview

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Après plus d’un demi siècle de carrière et plus d’une vingtaine d’albums à son actif, ce monstre sacré de la chanson française a une fois de plus prouvé, avec son dernier album Où sont passés nos rêves ?, qu’il était loin d’être las ou blasé… Bousculant ses rituels de travail, c’est en s’entourant de 13 compositeurs dont Davide Esposito, Calogero ou Bénabar que l’auteur et interprète a décidé de façonner un opus peut-être encore plus intime et sincère que tous ceux qu’il nous avait offerts à ce jour. Aussi fougueux et passionné qu’un débutant donc, Serge Lama est de retour sur les routes pour remettre son « titre » en jeu chaque soir en compagnie d’un public ravi certes d’écouter Je suis malade, mais aussi de savourer les nouveaux morceaux tels que Le dernier baiser ou Le souvenir


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À Marseille le 08 décembre • À Nice le 09 décembre • À L’Olympia du 09 au 14 février

 


« J’ai eu besoin de bousculer mes habitudes… »


Morgane Las Dit Peisson : Vous venez de vous offrir quatre soirs à la salle Pleyel à Paris, vous serez presque une semaine à L’Olympia et il y a la tournée…

Serge Lama : J’ai vécu quatre jours de bonheur intense car Pleyel était bondée, les gens étaient debouts à la fin, c’était réellement extraordinaire, un peu comme dans un rêve ! Bien sûr, ce n’est pas de tout repos, avec l’âge on est obligé de sortir ses tripes et on ressent un peu plus la fatigue, mais ce sont des moments véritablement magiques à vivre… 

Ça répond plutôt bien à la question que pose votre album Où sont passés nos rêves ?, les vôtres sont sur scène…

C’est vrai que c’est réellement là que se cachent les miens… Quand on se rend compte, pendant un concert, que les gens sont heureux alors qu’ils vivent dans une époque qui ne l’est pas, on a comme la sensation d’avoir accompli un devoir civique. Depuis une bonne cinquantaine d’années, les rêves politiques, philosophiques ou humanistes des gens ont été brisés alors, voir ces mêmes personnes dans un même endroit pour s’accorder sur une même chose et regarder, le temps d’une soirée, dans la même direction, c’est une immense satisfaction pour moi !

Il y a la scène bien sûr mais avant ça, il y a le travail d’écriture…

L’écriture est quelque chose que j’ai en moi depuis ma plus tendre enfance… À onze ans, j’écrivais mon tout 1er texte, La balade du poète, chanson que j’ai enregistrée sur mon précédent album qui porte d’ailleurs ce titre là. Écrire exige de l’entraînement comme c’est le cas pour les sportifs. On exerce sans cesse sa plume, on écrit tout le temps et parfois, il y a des idées et des phrases plus jolies que d’autres qui surgissent comme une évidence…

Les muses parle du syndrome de la page blanche…

C’est quelque chose qui peut, par périodes, me faire très peur. Quand je suis en tournée par exemple, c’est compliqué de réussir à tout faire quand on passe d’une voiture à train ou d’une salle de spectacle à un hôtel… Parfois, il m’est arrivé de ne rien trouver pendant des jours et des jours et là, ça devient très angoissant ! (rires) On parle toujours de la peur de la scène pour un artiste, mais il y a aussi celle de l’inspiration…

Au delà du « beau » texte final, que représente l’écriture à vos yeux ?

Je pense que pour moi, écrire correspond à une sorte de liberté… C’est devenu tellement naturel que c’est difficile d’avoir un regard extérieur sur ça mais je crois en effet que la véritable raison de l’écriture est avant tout un besoin de se libérer de tout ce qui nous pèse. J’ai commencé très jeune justement parce que c’était ma porte de sortie face à un climat familial qui ne me convenait pas vraiment… C’est à la fois une catharsis et une véritable évasion. Bon nombre de personnes enfermées ou opprimées s’en sont sorties grâce à quelques mots couchés sur le papier… 

Une chanson n’existerait pas sans une musique…

En effet, par contre, sur Où sont passés nos rêves ?, j’ai eu besoin de bousculer mes habitudes. C’est pourquoi je me suis entouré, pour la première fois de ma carrière, de treize compositeurs… Le rapport entre un texte et une musique est très curieux… À un moment, les bons mots croisent la route des bonnes notes et, un peu comme un coup de foudre, une alchimie se crée. Sur ce dernier album, cette alchimie s’est démultipliée au contact de talents comme Francis Cabrel, Pascal Obispo, Bénabar, Patrick Bruel ou encore Calogero qui ont insufflé, par leurs différences, une suprise permanente sur tout l’album, un renouveau. Je leur dois énormément…

Je débute… Après plus de 50 ans de carrière vous vous sentez toujours comme un débutant ?

Oui ! (rires) J’ai envie de dire heureusement et malheureusement…  Peu importe ce qui a été accompli par le passé, j’ai toujours la peur au ventre quand je monte sur scène mais, même si ce n’est pas le sentiment le plus agréable, je crois qu’il est essentiel pour ne pas y aller machinalement, comme un robot, sans âme… Maria Casarès a dit « Quand je joue le soir, je vis ma journée en biais » et je ne pourrais pas trouver meilleure image ! On vit des angoisses permanentes qui ont l’avantage de nous transcender

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Yann Orhan • Transcription par Léa Koenig

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