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BOSSO – Interview

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Patrick BOSSO


en interview

«Ceux qui ont une souffrance ont le plus d’essence dans leur moteur»

On comprend mieux pourquoi on l’aime tant ! En plus d’être drôle il fait partie de ces artistes au grand cœur, discrets et vrais que l’on est toujours ravi de rencontrer ! 
Spectacle « La courte échelle »


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Patrick BOSSO   « La Courte Echelle »

 
 
Morgane L : Pourquoi « La Courte Echelle » ?
  
Patrick BOSSO : D’abord parce qu’il faut donner un titre au spectacle ! (rires) Et puis parce que quand on est enfant, on est curieux, on veut toujours savoir ce qu’il se passe derrière le mur et puis c’est aussi que la courte échelle, on a toujours besoin de quelqu’un pour nous la faire donc c’est aussi un hommage à tous mes collègues et à tous les gens qui indirectement me l’ont faite, la courte échelle, pour arriver là où je suis.
  
L’importance de l’enfance ?
  
bosso-BL’enfance, vous le savez comme moi, tout part de là ! ça conditionne l’être humain que l’on devient. La mienne a été tout ce dont un enfant peut rêver, des parents aimants, des collègues… Tout ça dans un milieu social un peu « défavorable » mais j’en garde un souvenir magnifique. Je crois que je n’en suis pas sorti complètement d’ailleurs ! C’est Brel qui disait qu’il faut avoir du génie pour passer de l’enfance à la vieillesse sans jamais avoir été adulte… donc c’est ce que j’essaye de faire ! (rires)
 
Le fil conducteur est « Qu’est ce que tu veux faire plus tard ? », c’est une question qui vous a traumatisé ?
 
Pas tellement en fait… Je ne savais pas ce que je voulais faire mais en même temps je savais ce que je ne voulais pas faire ! Je savais que je ne voulais pas m’ennuyer derrière un bureau, qu’il fallait que je bouge… J’ai enchaîné les petits boulots, j’ai gagné ma vie comme ça, dans une forme d’insouciance et puis à un moment donné, on se pose la question. Et puis je vais vous dire la vérité, moi j’ai poussé la porte d’un cours de théâtre comme par effraction ! Je ne savais pas du tout si j’allais aimer ça… je n’étais jamais allé au théâtre de ma vie ! Je me rends compte maintenant, en vous parlant par exemple, que j’ai bien fait de le faire.
 
4 ans à l’Olympique de Marseille ?
 
Certainement que je n’étais pas assez bon ! Et puis je sortais le soir, fallait se lever tôt pour l’entraînement… ma vie n’était pas très compatible avec la pratique du football, du moins à l’OM !
Mais on dit « jouer » au football, comme « jouer » au théâtre, au cinéma… le mot « jouer » est toujours là et gagner sa vie en jouant, c’est quelque chose de magnifique quand on y arrive.
 
Le one-man-show ?
  
C’est lui qui m’a choisi ! Parce que quand on a un accent comme le mien, ça marque très fort le personnage. C’est un avantage mais aussi un inconvénient du fait qu’on vous catalogue très vite…
Alors quand j’ai joué la 1ère fois au théâtre une scène de Shakespeare, ça a plus fait rire la salle que ça a ému ! (rires) Du coup, le fait de me retrouver sur scène et de raconter ma vie est devenu légitime. Et entendre une salle rire, c’est extraordinaire ! Vous êtes enivrés… c’est comme faire l’amour pendant une heure et demie et sur scène c’est possible ! (rires)
 
Jamais eu envie de vous séparer de cet accent ?
  
C’est un peu la maxime de Sacha Guitry « Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi ». Plutôt que de gommer une particularité, j’ai préféré l’exploiter…enfin, rester ce que je suis.
 
Se raconter ?
  
On est passé partout en France, en Suisse et en Belgique et moi ce que j’adore, c’est que les gens me disent « vous, c’est moi »… Dans le spectacle, je ne parle pas de Marseille, je parle de moi ! Et des « moi » y’en a plein de partout ! D’après les sondages, on doit être 85% de gens qui avons du se débrouiller. Et c’est aussi un hommage à tous les gens qui se lèvent tous les matins pour donner une vie confortable à leurs enfants et d’en faire des gens exceptionnels…
  
Humour tendre, jamais corrosif…
  
Non… j’avais essayé au début, une fois, et j’ai su que la personne avait été touchée, ça m’a fait de la peine… Je ne sais pas faire. Si j’étais Stéphane Guillon, je ne pourrais pas dormir ! J’ai besoin de raconter une histoire avec un début et une fin.
 
Projets ?
  
Je vais faire un petit break. Sur scène, j’ai fait un peu la trilogie avec « Le spectacle de ma vie », « Du bonheur » et « La courte échelle » qui parlent de mon enfance, je pense avoir fait le tour ! Là ça fait 20 ans que je suis seul en scène et que je sillonne la France, alors j’ai envie d’aller un peu vers le théâtre. J’ai deux beaux projets, on verra si ça se fait.
  
Quelques traits de caractère… Solitaire ?
 
Je ne suis pas tout blanc ou tout noir. Je peux rester 3 jours sans parler à personne et après avoir besoin d’air et de monde… mais un peu plus solitaire quand même.
  
Rêveur ou terre à terre ?
  
Oh là là ! Rêveur !
  
Calme ou survolté ?
 
Très très calme dans la vie et j’évacue sur scène ! Mais je ne suis pas quelqu’un d’excité.
 
Complexé ou sûr de vous ?
 
Si on monte sur scène, c’est qu’on est complexé, sinon on ne monterait pas ! J’en ai vu des élèves sûrs d’eux en cours de théâtre, je ne les ai pas revus après ! Ceux qui ont une souffrance, ont le plus d’essence dans leur moteur…
 

Votre avis…

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel – Octobre 2010

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