INTERVIEW
Stéphane Plaza en interview
Doté d’un capital sympathie à toute épreuve, l’animateur qui partage bon nombre de nos week-ends cocooning a tant su séduire sur scène, ces dernières années, les véritables amateurs de boulevard que ses plus fidèles téléspectateurs. Passionné par le théâtre depuis toujours, c’est en véritable travailleur acharné soucieux de n’être applaudi que pour la qualité de son jeu d’acteur que Stéphane Plaza s’est lancé dans l’aventure – sans filet – de l’art vivant. En digne successeur du plus célèbre des maladroits français, c’est en réinventant le personnage malchanceux du film À gauche en sortant de l’ascenseur que ce désormais véritable acteur a su prouver de quoi il était capable. Toujours présentateur, dorénavant à la tête de son propre réseau d’agences immobilières et surtout résolument comédien, c’est à l’intérieur d’un emploi du temps des plus serrés que Stéphane Plaza a réussi à caser les innombrables représentations d’une pièce – Le fusible – qui n’aura fait que confirmer que le succès rencontré n’avait décidément rien d’un malentendu…
Le Fusible
À Marseille le 05 novembre 2016
« Ce rôle est physiquement fatigant mais c’est jouissif de pouvoir se donner à 100%… »
Le fusible ne s’arrête plus de tourner…
Stéphane Plaza : C’est vrai que c’est assez surprenant d’observer un tel succès au théâtre, surtout en ce moment alors je ne vais pas mentir, c’est une magnifique aventure ! On repart de nouveau en tournée suite aux nombreuses demandes que l’on a reçues et on reviendra sur Paris alors qu’on y a déjà joué pendant sept mois… J’ai l’impression que Le fusible disjoncte complètement et en effet, ne s’arrête plus ! (rires)
Comparé à la pièce À gauche en sortant de l’ascenseur, Le fusible est une création donc sans référence ni aucun risque de comparaison…
C’est vrai que le travail n’est pas exactement le même… Jouer dans Le fusible a été plus »compliqué » pour moi car la première pièce avait très bien fonctionné. Ça peut sembler paradoxal mais il fallait absolument que mon jeu soit encore meilleur ou en tous cas, pas en-dessous pour ne pas décevoir le public qui l’avait vue. Et puis, c’est un rôle qui offre une plus large palette d’émotions et de nuances alors autant dire que ça l’a rendu encore un peu plus ardu ! Quand j’ouvre la pièce en m’adressant directement au public, je peux vous dire que même après plus de 170 représentations, j’ai encore le trac ! (rires) Par contre, c’est vrai que c’est très agréable de pouvoir façonner son personnage sans appréhender d’être comparé au talent d’un grand acteur comme celui de Pierre Richard !
Avec votre maladresse désormais légendaire, on ne peut pas ne pas penser à lui…
Oui et le pire dans tout ça, c’est que je n’en rajoute pas ! Sur quarante chaises dans un restaurant, je vais m’asseoir sur la seule qui va se casser… Certes, la comparaison avec Pierre Richard est extrêmement flatteuse mais mon but n’a jamais été de le copier, c’est important de conserver sa propre identité.
Être comme ça dans la vraie vie, c’est épuisant ?
Sincèrement je pense que c’est épuisant pour les autres mais moi, depuis le temps, je m’y suis habitué ! (rires) Ce qui est amusant, c’est qu’au fil du temps, je me suis aperçu que les gens, à mon contact, finissent souvent pas devenir plus distraits et malhabiles ! Il y a quelques jours, ma maquilleuse a renversé tous ses produits sur mes fiches et le lendemain un taxi m’a reconnu et a reculé pour me parler, résultat, il a embouti sa voiture… Souvent, quand on est en tournage chez des gens, ils pensent que ce qu’ils voient à la télé est exagéré mais quand ils m’ont dans leurs pattes, ils comprennent que là où je suis, tout peut arriver ! (rires)
Arnaud Gidoin nous a dit de vous que vous n’aviez pas d’égo et que sur scène, vous étiez avant tout un acteur au service du jeu et du rire…
Très honnêtement, c’est plus qu’un simple compliment à mes yeux, ce que vous a dit Arnaud Gidoin est si touchant que ça m’en donne des frissons… Même si on a un « nom » et que l’on est un peu médiatisé, quand on joue au théâtre, il ne faut pas penser à sa petite personne. On réfléchit et on agit en troupe pour donner un maximum de bonheur aux gens qui ont fait le déplacement pour s’offrir une heure et demie d’évasion. En ça, Le fusible a été prodigieusement bien écrit et mis en scène car je ne me suis pas retrouvé en « vedette », tous nos rôles ont du relief et sont importants.
On finit par oublier l’animateur phare d’M6…
Ça me fait plaisir que ce soit ressenti comme ça car c’est dans ce sens là que je travaille… Je ne suis pas supérieur à mes camarades de scène et je ne vais pas chaque soir sur les planches pour me faire briller. Dans À gauche en sortant de l’ascenseur, je m’étais même laissé pousser une petite barbe pour casser l’image du présentateur et essayer de l’effacer un peu dans l’esprit du public ! Je ne suis jamais aussi heureux que quand il n’y a plus, sur scène, que Paul – mon personnage – qui existe…
Paul est un personnage qui exige une bonne condition physique…
Ce personnage est exténuant ! Je n’y croyais pas au début mais quand je sors de scène, je crois que je pourrais aller dormir directement ! (rires) C’est physiquement fatigant mais c’est jouissif de pouvoir se donner à 100%. Grâce à la mise en scène d’Arthur Jugnot j’ai eu l’occasion d’aller encore plus loin sans être ménagé.
Et il y a la télé et des émissions, qui, avec quelqu’un de plus formaté, seraient sûrement moins captivantes…
C’est vrai que je ne me sens pas particulièrement « animateur »… Je suis réellement passionné par l’immobilier, c’est mon vrai métier alors même si je m’amuse avec les gens, je sais de quoi je parle et je ne serais pas prêt à faire n’importe quoi juste pour la caméra. Après dix ans d’existence, Recherche appartement ou maison ne cesse d’accroître son audience et je crois que c’est parce que les téléspectateurs ressentent que je m’investis et que je mouille la chemise à chaque fois. Lors de tous les tournages, j’ai une réelle mission d’agent immobilier.
Être au coeur d’un des projets de vie les plus impor- tants, c’est ça qui vous passionne dans l’immobilier ?
C’est vrai qu’acheter ou vendre un bien n’est pas sans but et sans conséquence alors être la personne qui aide et qui accompagne des gens dont la vie va être boulversée me touche énormément… Il y a des achats heureux lorsqu’un jeune couple s’installe ou qu’une famille s’agrandit mais il y a malheureusement aussi des ventes douloureuses lorsqu’il s’agit de décès ou de séparations. C’est quand on est face à des personnes qui nous confient une partie de leur destin qu’on réalise qu’il ne faut pas prendre à la légère les métiers de l’immobilier.
J’ai l’impression que c’est l’aspect humain qui prime dans tous vos projets…
Oui je crois que c’est vraiment l’humain qui me fascine le plus… C’est sûr que je suis ni le Père Noël ni Mary Poppins mais j’essaye, autant que possible, d’aider les gens et de bien les conseiller. Ça me plait tellement que je crois que je ne pourrais jamais arrêter ce métier ! Après c’est sûr, je pense que je serais apte à vendre tout et n’importe quoi mais je serais incapable de mentir sur le produit et de faire passer quelque chose de médiocre pour une perle rare !
Du point de vue humain, on ne peut pas dire que Paul, votre personnage dans Le fusible, soit un des meilleurs spécimens…
Il faut appeler un chat, un chat ! Quand la pièce débute, on se rend vite compte que mon personnage est un beau salaud ! (rires) Il s’apprête à quitter sa femme sans même avoir eu le courage de le lui dire, tout ça pour s’enfuir au soleil, loin de ses responsabilités et avec une maîtresse plutôt bien roulée ! Mais, comme souvent dans les comédies, le destin va le rappeler à l’ordre en lui jouant un mauvais tour… Au moment de passer à l’action, un petit incident ménager va le rendre amnésique…
Même si ça reste une pure comédie de boulevard, le sujet de fond sur la seconde chance est assez intéressant puisqu’il nous fait prendre conscience qu’il ne faut pas attendre d’avoir perdu ce que l’on a pour en apprécier sa valeur…
Oui contrairement, malheureusement, à ce qu’il se passe en général dans la vraie vie, ce personnage va avoir le privilège – grâce à sa perte de mémoire – de retrouver le vrai goût des choses en retombant amoureux, par exemple, de sa propre femme alors qu’il n’y faisait plus attention… Comme le dit le proverbe « La vache se rend compte de l’importance de sa queue seulement quand elle l’a perdue »… Vous voyez, je suis philosophe aussi ! (rires)
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés
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