CONCERT

Jenifer en interview pour « Jukebox Tour », sa tournée intimiste et à la carte

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« J’ai aimé tout ce que j’ai fait… » Jenifer

 


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Éternelle première gagnante de la Star Ac’ il y a 23 ans, Jenifer n’a, depuis, jamais quitté le cœur du public. Mais après 9 albums, des dizaines de tubes, des tournées pleines à craquer mais aussi du cinéma, de la télé, du théâtre ou encore du doublage, l’artiste a pris le temps de faire ce que l’on fait de plus en plus rarement : se poser et regarder dans le rétro… Un best of en est né bien qu’il ressemble à s’y méprendre à un nouvel opus. Réenregistrées, rechantées et réarrangées, les chansons qui ont signé son évolution ont toutes été revisitées pour coller – sans perdre leur ADN – le plus possible à ce qu’est devenue la jeune femme aujourd’hui. Lancée à fond dans ce projet, c’est sur scène que Jenifer surprend ses spectateurs puisqu’elle a décidé de s’y abandonner encore plus qu’à l’accoutumée. Au service du public, elle le laisse en effet choisir chaque soir ce qu’il désire entendre quelques minutes plus tard…

 

 


 

 

Jenifer en interview pour l’album et la tournée Jukebox

interview / musique / album / concert

 

 


 

Avec Jukebox Tour, l’envie de s’amuser et d’être connectée au public est encore plus présente que d’habitude…

Jenifer : Complètement… C’est à chaque fois un challenge pour moi de remonter sur scène depuis tant d’années parce que je veux constamment proposer quelque chose de nouveau. Et en même temps, c’est plus fort que moi car j’ai grandi et évolué avec mon public, je me découvre au fur et à mesure sous ses yeux, donc j’ai besoin de partager mes envies, mes goûts et mes inspirations avec lui.

Mon essentiel reste la musique et j’ai la sensation que c’est elle qui me guide toujours vers des chemins différents et en adéquation avec celle que je suis aujourd’hui. C’est peut-être ça qui me permet de me livrer sur scène, avec moins de pudeur qu’à une certaine époque…

Je m’accepte davantage grâce aux expériences que j’ai vécues et à l’âge, mais surtout grâce à la présence du public… Je lui suis extrêmement reconnaissante car son soutien me porte énormément, décuple mes énergies et me repositionne. Quand je monte sur scène, je me sens en confiance, comme si je retrouvais des amis de longue date… Je viens certes avec mon répertoire, mais avant tout avec une histoire commune.

Car si je me raconte dans mes chansons, c’est aussi pour que les autres puissent s’y retrouver et c’est tout le pouvoir de cette tournée ! On est dans des salles à taille humaine – de 900 à 1800 personnes selon les villes – et ça nous permet d’être réellement ensemble. Je descends les voir, je reconnais des visages et j’ai l’impression qu’on avance main dans la main, mais qu’on ne change pas. C’est une sensation tellement agréable et encourageante qu’elle me conforte dans les choix que j’ai pu faire au fil des années…

 

 

Jukebox, un concept de best of à la carte…

C’est vraiment le charme de cette tournée… Les gens choisissent en arrivant dans la salle les chansons qui vont composer la set list ! Même si je connais mon répertoire, c’est sans filet chaque soir car je découvre juste avant de monter sur scène les morceaux sélectionnés ! (rires) Ça fait grimper l’adrénaline et ça me fait me replonger dans le passé tout en donnant à chaque composition une seconde vie, une nouvelle énergie.

 

Ça crée plus de complicité…

J’ai vraiment la sensation que ça nous rapproche encore plus de façonner le spectacle tous ensemble pour fêter nos retrouvailles… C’est sans filtre, décomplexé, instinctif, sincère… J’aime énormément ce que ça me procure !

 

Malgré ça, le trac doit être colossal…

Toujours ! (rires) Je crois que ça ne passera jamais car la mise à nu n’est pas évidente… Mais en même temps, je suis tellement heureuse et je me sens tellement vivante grâce à tous ces challenges… Quand je vois que, comme moi, le public réussit à oublier tout ce qui le préoccupe au quotidien le temps d’un concert, je me sens un peu utile… Ça m’aide à dompter l’appréhension et à mettre de côté une certaine retenue.

Je sors d’une grosse tournée où on était nombreux sur scène et où l’excitation prenait le pas sur le trac tandis que là, c’est différent. C’est plus intime, il n’y a que deux musiciens à mes côtés donc je ne peux qu’être moi ! (rires) Dit comme ça, c’est effrayant alors que dans les faits, ça me donne un regain d’énergie de savoir que je vais retrouver des gens que j’aime depuis plus de 20 ans. C’est si stimulant que j’en oublie tous les maux de l’existence… Je réalise chaque soir que tout ça, c’est ma vie, et que depuis que je suis sortie de la Star’Ac, je vis une histoire incroyable ! C’est ma passion, c’est évidemment du travail mais je suis consciente d’être extrêmement chanceuse…

 

 

Le public est encore plus investi…

Je voulais qu’on s’amuse tous mais je ne savais pas si ça prendrait ! (rires) Pour le coup, je remercie énormément le public car chaque soir, il joue le jeu, il « mise » sur ses chansons préférées et il est à fond !

En revanche, je dois aussi remercier mes musiciens sans qui ça aurait été impossible de mettre sur pied ce concept… Il fallait que ces deux multi-instrumentistes acceptent de me suivre dans ce délire, s’éclatent et soient à l’aise avec cette idée d’interaction. On a bossé une soixantaine de chansons pour pouvoir varier les plaisirs et se plier aux demandes du public. J’ai promis un concert unique chaque soir, donc ça a été beaucoup de préparation mais on est fiers de nous ! Encore une fois, je n’aurais pas pu mener ce projet à bien si je n’avais pas eu à mes côtés une équipe aussi douée et bienveillante…

 

Comment réinventer des titres qu’on connaît par cœur ?

Ce n’est en effet pas facile de retoucher aux incontournables mais c’était impensable de faire l’impasse sur Au soleil ou Ma révolution ! Je me serais fait lyncher sur scène ! (rires) Pour leur donner une seconde vie et une nouvelle énergie, il fallait que je sois bien entourée en studio, c’était primordial.

Ça a l’air simple de l’extérieur de réenregistrer ses propres chansons mais si on veut les réinventer sans perdre leur ADN, ça devient un défi…

 

 

Les textes n’ont plus le même impact qu’à leur création…

Exactement, j’ai eu parfois l’impression de recréer un album car quand je chante des mots ou des situations qui me correspondaient à 20 ou 30 ans et dans lesquels je ne me reconnais pas spécialement à 40 ! (rires)

Quand je dis « Ne tombez pas amoureux », je ne le cautionne plus ! (rires) Bien évidemment qu’il faut aimer, peu importe si on en souffre un jour ! Et en même temps, les chansons sont comme des photos, elles sont le reflet de celle que j’ai été au fil de ma construction… J’ai choisi la carte de l’honnêteté, donc je les chante même si j’en ai désormais une tout autre lecture.

 

Ce qui est impressionnant au fil des albums, c’est qu’on vous y retrouve bien que les univers, les looks et les styles soient différents à chaque fois…

À la fois, je me crée des « personnages » et à la fois, c’est toujours moi, c’est vrai… Ce sont des facettes de moi. Seventies, folk, rock ou romantique… J’ai aimé tout ce que j’ai fait et je me suis amusée dans chaque exercice.

Je ne peux pas me prendre trop au sérieux parce que je garde, malgré mon parcours et mon âge, un certain manque de confiance en moi… Ce sont souvent les maquillages, les costumes et les rôles qui me poussent à oser. Ils ne correspondent pas tous foncièrement à ce que je suis au quotidien, mais c’est ça le charme de ce métier, c’est ça le rôle d’un artiste.

Il y a une certaine mise en danger qui me fait palpiter le cœur quand je me présente à contre-emploi, tout en restant fidèle à celle que je suis…

Peu importe ce que je peux proposer, mon cœur et mes valeurs ne changent pas et ça, je le dois à l’Éducation que m’ont donnée mes parents. Je les respecte profondément, ils sont dans toutes mes pensées, dans toutes mes démarches car je ne pourrais pas être à l’aise si je savais que je risque de décevoir mon entourage, ma famille, mon public et mes fils.

 

 

En regardant dans le rétro, vous avez pris conscience de l’impact que vous avez eu dans la vie des gens ? Des chansons devenues incontournables, des tournées pleines, du théâtre, du doublage, du cinéma…

La plus belle des récompenses est là, dans vos mots… Ça me touche énormément parce que je me dis que d’une manière ou d’une autre, j’ai été utile à quelque chose, quelque part, en pouvant parler pour celui qui n’a pas nécessairement les moyens de s’exprimer comme il le mériterait… Quand des gens me confient qu’Au soleil est toujours dans leurs playlists et les aide à retrouver le sourire, ça me flatte et ça me comble de bonheur ! C’est mon but, lorsque je suis en création, de toucher les gens…

 

Et ça va encore être le cas pendant quelques mois avec cette tournée…

Oui c’est dingue ! Je devais juste faire une vingtaine de dates au départ et au fur et à mesure, il s’en est ajoutées plein parce que le public était au rendez-vous… C’est magnifique !

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photo Manu Fauque

 

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