COUPS DE COEUR
Bruno Salomone en interview pour « A priori », la nouvelle série de France 3
« Mon personnage a un petit côté Columbo… » Bruno Salomone
Si une chose est sûre, c’est qu’il a le vent en poupe en ce moment ! Après l’unitaire spatial de Fais pas ci, fais pas ça, la série Enjoy ! sur les dérives de l’ubérisation et des chaînes d’info en continu (disponible sur france.tv) ou encore Père Noël à domicile sur M6, Bruno Salomone revient dans la peau d’un flic pour la 1ère saison d’une comédie policière qui réunit tous les ingrédients pour s’inscrire dans le temps. Évidemment, il faut s’attendre à ce qu’au moins un mort soit présent dans chacun des 8 épisodes, mais le créateur de la série A priori a opté pour une esthétique que l’on voit peu dans ce registre : ensoleillée et légère.
Bruno Salomone en interview pour la série A priori
interview / télé / série policière / comédie
- série créée par Benoît Masocco
- saison 01 / 08 épisodes / durée 0h52
- à partir du 28 janvier 2025 sur france.tv
- le mardi à partir du 04 février 2025 sur France 3 à 21:05
On va te voir en février dans A priori, une toute nouvelle série policière…
On m’a envoyé le projet des deux premiers épisodes et, immédiatement, à la lecture, j’ai capté que l’auteur avait une vraie plume, un sens de la construction et j’ai senti que c’était un homme très réfléchi. Quand je l’ai rencontré, ça s’est confirmé et on s’est tout de suite entendu.
Le résultat final ressemble plus ou moins à ce que tu as eu en tête en lisant le scénario ?
Plus ou moins, c’est le bon mot, parce que tu ne peux jamais savoir exactement à quoi ça ressemblera entre les décors, les lumières, les montages, les comédiens que tu ne connais pas encore et les équipes techniques, mais la série est fidèle à l’esprit qui m’a plu quand j’ai accepté d’y aller. Je crois qu’il n’aurait pas pu en être autrement car la structure était solide, avec une vraie histoire à raconter.
Tu campes Victor Montagnac…
Qui, au départ, s’appelait Archibald ! (rires) J’aimais bien ce prénom mais je me suis habitué à Victor ! Ce personnage m’a tout de suite plu car il a un petit côté Columbo. Tu le prends pour un branque quand la série débute. Il est un tantinet à l’ouest et un peu lent mais en même temps, il a quelque chose d’énigmatique, de mystérieux et surtout, ce que j’aime, c’est qu’il est hyper humain. Il parle de lui, de ses parents, de sa vie, il fait toujours des références à son quotidien… En fait, il apparaît comme un personnage simple bien qu’il soit en même temps très complexe, et qu’il cache pas mal de secrets.
Au fur et à mesure de la série, on va découvrir son passé quand le personnage campé par Lucia Passaniti – Iris Villeneuve – va enquêter sur lui et mettre le doigt sur des choses qui semblent les lier… Mais je ne t’en dis pas plus !
Si ça fonctionne bien, on peut facilement imaginer qu’il y aura une 2ème saison… Savoir que c’est un personnage que tu vas peut-être pouvoir peaufiner sur le long terme, c’est quelque chose qui penche dans la balance ?
Je ne l’intellectualise pas vraiment, c’est plutôt organique. Quand j’ai lu, je me suis projeté dedans, j’ai voulu que ce soit moi qui l’interprète et personne d’autre ! Je l’ai rapidement visualisé donc je pense qu’inconsciemment, je me sens prêt à accompagner ce personnage pendant un petit bout de temps. L’avenir nous dira si une suite se dessine ou non mais en effet, j’ai la sensation que Victor peut avoir plein de choses à vivre et à nous dévoiler…
Un personnage dans lequel tu t’es glissé sans artifice…
Oui et d’ailleurs, ce qui m’a vraiment fait plaisir, c’est que le producteur et scénariste Benoît Masocco m’a dit que, même sans maquillage, sans look spécifique, sans postiche et bien que physiquement, je ressemble en tout point à Denis dans Fais pas ci, fais pas ça, il ne voyait plus du tout le même mec quand je devenais Victor… Ça, franchement, c’est le plus beau compliment que je pouvais recevoir un jour ! Être crédible sans artifice et aller jusqu’à me faire oublier signifie que j’arrive à véritablement donner vie au personnage, uniquement grâce à mon jeu, mes postures, mes attitudes, mon regard, mes intonations… Ça veut dire que je l’ai bien cerné.
Il est flic mais ne ressemble pas non plus à celui que tu étais dans le polar Dans l’ombre des dunes où l’ambiance était plus froide et plus sombre…
C’est ça qui est génial, c’est que même si sur le papier, on est sur la même thématique, les traitements sont si différents, qu’on ne peut pas jouer deux fois la même chose. Dans A priori, mon personnage est assez léger et tout le temps en train de faire des vannes, même dans des moments dramatiques. Désormais, les auteurs utilisent tellement de ficelles dramaturgiques pour apporter des humanités différentes à tous ces flics qui peuplent les productions télé, qu’aucun d’entre eux ne se ressemble. Avec Dans l’ombre des dunes, il n’y avait pas de place pour l’humour tandis que là, on est dans une vraie comédie policière, un truc léger. Même si on a évidemment des crimes à élucider, c’est coloré, vivant, lumineux et ensoleillé. C’est complètement assumé car on retrouve cette volonté dès le sous-titre de l’affiche : « Les enquêtes sont moins pénibles au soleil ».
Il y a toujours un mort mais nos personnages arrivent, comme dans tous les métiers les plus éprouvants émotionnellement, à s’en détacher. Les personnels hospitaliers ne survivraient pas, par exemple, s’ils ne prenaient pas de distance avec les cas de leurs patients.
Dans un autre registre, on a eu un unitaire de Fais pas ci, fais pas ça dernièrement…
C’est un cadeau à chaque fois de se retrouver… Depuis 2007, on se connaît tous par cœur maintenant, l’ambiance des tournages est, pour le coup, véritablement familiale. Et puis, un voyage sur la Lune, ça ne se refuse pas ! (rires) J’adore la science-fiction et je trouve qu’en France, on en manque cruellement, autant que de films d’horreur ou d’anticipation. Je crois qu’on n’ose pas parce qu’on pense peut-être qu’on ne sait pas faire… On est encore frileux par chez nous et c’est dommage, car ça freine la créativité…
On t’a également vu dans la série Enjoy !, dans un rôle de méchant…
Je n’ai jamais eu de si nombreux compliments qu’avec cette série adaptée du roman de Benoît Marchisio… Je dois être un bon salaud ! (rires) Le scénario m’a séduit, car il évoque les dérives de nos chaînes d’info façon téléréalité et parce qu’il dénonce autant la surconsommation que la nouvelle forme d’esclavage arrivée avec l’ubérisation. Au-delà de l’intérêt du message sociétal, pour un comédien, jouer une enflure, c’est égoïstement jouissif, car c’est lui qui donne le tempo dramatique. S’il n’en impose pas assez, tu n’as pas d’affrontement, pas de combat…
Un rôle comme celui-ci t’a obligé à changer tes habitudes ou ton point de vue ?
Complètement… Depuis que j’ai tourné Enjoy ! et que j’ai été confronté aux dérives de l’ubérisation de la société, je t’avoue que je ne vois plus tout à fait les choses de la même manière… Ce n’était déjà pas dans mes habitudes de me faire livrer mais là, je ne peux pas cautionner ce système en étant devenu conscient de ce que ça cache. Les mecs sont dans le froid, ils ont une pression de dingue, ils sont payés au lance-pierre, ils sont notés, « appréciés »… C’est un cauchemar ce qu’on a créé… On est, encore une fois, allé beaucoup trop loin…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photo Fabien Malot – Newen – France Télévisions
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