INTERVIEW

Patrick Timsit en interview

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Si, au fil des années, Patrick Timsit a fini par convenir que l’on ne pouvait pas rire de tout au point de faire de cette affirmation le titre du dernier spectacle qui l’accompagne depuis plus de deux ans, ses recherches sur le développement personnel ou en tous cas sur les chemins à emprunter pour essayer de vivre au mieux la vie qu’on nous a offerte, l’ont conduit à être convaincu que l’on peut tous prendre – dans une certaine mesure bien sûr – notre « destin » en main. Ses propos rappellent combien, tout particulièrement à notre époque, il est essentiel de réussir à s’émerveiller encore du chant d’un oiseau mais aussi de mesurer la chance que l’on a de ne pas être cet SDF que l’on croise chaque matin pour transformer ces privilèges en mains tendues. Comme une sorte d’effet papillon positif, on observe que bon nombre d’artistes – en véritables éponges – observent, analysent et décortiquent instinctivement notre société pour nous en offrir certes, une vision caricaturée mais surtout effroyablement juste… De là à penser que certains sont sur le point de nous apporter des solutions pour vivre mieux, il n’y a peut-être qu’un pas…


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On ne peut pas rire de tout
À Marseille le 10 novembre 2016

 


« Si l’on accepte les choses avec une certaine fatalité, c’est qu’on  déjà renoncé…»


Comment allez-vous depuis que nous nous sommes vus au début de ce spectacle ?

Patrick Timsit : Très bien ! Je suis heureux ! Pour ne rien vous cacher, c’est une évaluation que je fais même chaque jour grâce au philosophe Alexandre Jollien depuis que j’ai lu un de ses bouquins qui racontait que les enfants étaient toujours « à fond », presque extrêmes, dans leurs émotions. Ils pleurent ou ils rient mais les tout-petits ont rarement des sensations mitigées comme nous, adultes. Un jour, il a demandé à sa fille, sur une échelle de 1 à 10, comment elle se sentait et il a gardé cette graduation comme indice de bonne ou mauvaise forme. Alors de temps en temps, on s’envoie nos scores ! (rires)

Cette technique de notation vous aide-t-elle à travailler sur vous pour tenter d’atteindre une certaine forme de bonheur ?

C’est dingue que vous me parliez d’un travail que je fais sur moi-même en ce moment ! Je pense qu’en effet le bonheur absolu en tant que tel n’existe pas mais qu’il faut essayer de tendre vers quelque chose qui s’y apparente. Dans son Petit traité de l’abandon, Alexandre Jollien expliquait qu’il ne fallait pas re- noncer aux choses mais qu’il fallait par contre ne pas s’y accrocher. Il faut apprendre, par exemple, à recevoir une nouvelle pour ce qu’elle est : une simple nouvelle, ni bonne, ni mauvaise. Ce ne sont que nos émotions et notre manque de recul et de raison qui donnent une couleur à cette dernière. Comprendre, analyser, tenter d’être maître de soi et de tirer le meilleur de chaque situation, c’est déjà un premier pas vers cette quête du bonheur. Je ne suis pas un adepte de la méthode Coué qui voudrait nous faire croire que tout peut-être formidable en un claquement de doigt, mais je suis convaincu que s’efforcer à extraire l’aspect positif de chaque évènement ne pourra que, petit à petit, nous permettre de vivre un peu plus sereins. Car si l’on accepte les choses avec une certaine fatalité, c’est qu’on a déjà renoncé…

On sent, ne serait-ce que dans les propos des artistes, un besoin de revenir à des choses plus logiques…

C’est vrai qu’on sent de plus en plus une volonté de se rapprocher des vraies valeurs mais je pense que c’est aussi une réaction assez naturelle de rédemption… Quand un artiste a la chance de bien vivre, d’être privilégié et d’être en bonne santé, il a besoin – s’il est humain bien sûr (rires) -, à un moment donné, d’en redistribuer une partie autour de lui.

Vous le faites déjà sur scène…

Quelque part, oui, ça commence, en ce qui me concerne, par la scène ! Ma première « mission » est déjà de livrer un spectacle qui permette aux gens de rire, de lâcher prise et d’oublier leurs tracas au moins le temps d’une soirée. Ça ne change pas la face du monde mais chaque petit geste qui peut aider ou soulager quelqu’un est important. Ça me rappelle une histoire… La jungle est en feu, tous les animaux s’affairent à l’éteindre et l’éléphant se moque du petit oiseau qui transporte l’eau goutte après goutte dans son bec. Il répondra au mastodonte qu’il ne fait tout simplement que « sa part »…

En deux ans, On ne peut pas rire de tout a-t-il beaucoup changé ?

La trame est toujours la même mais il serait impossible de ne pas modifier les textes régulièrement tant l’actualité change à une vitesse folle ! Ce n’est pas un spectale que l’on peut faire en dilettante ! (rires) Pourtant, je prends toujours autant de plaisir à l’emmener sur les routes et ça risque d’être encore plus fort jusqu’au 15 décembre prochain puisque je sais que ce seront les dernières dates…

Et même si la scène vous occupe beaucoup, on va vous retrouver souvent au cinéma…

Dernièrement, j’ai tourné quatre films donc c’est vrai que je ne vais pas lâcher le public comme ça ! (rires) Et pour honnête, que ce soit le biopic Dalida dans lequel j’incarne Bruno Coquatrix, le film de Valérie Lemercier – Marie-Francine – qui raconte l’histoire de quinqua revenus vivre chez leurs pa- rents, Stars 80 la suite ou encore Gangsterdam où je suis passé père de Kev Adams, je les aime tous car, une fois de plus, je dois reconnaitre que j’ai la chance de pouvoir me permettre de choisir les scé- narios uniquement en fonction de mes envies…

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés

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