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« Pauvre Bitos » revient sur scène avec Maxime d’Aboville

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Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes avec Maxime d’Aboville

théâtre / théâtre contemporain

 


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Pauvre Bitos ou le Dîner de têtes : Délicieux cynisme

C’est un texte qui aurait pu devenir un classique du théâtre français de la seconde moitié du XXème siècle s’il n’avait pas été aussi décrié lors de ses premières représentations en 1956. La comédie grinçante de Jean Anouilh, Pauvre Bitos ou Le dîner de têtes, revient sur les planches pour la 1ère fois depuis 1967 et se livre de nouveau à la critique du public, qui semble être bien plus clément aujourd’hui… Dans cette pièce, aux références historiques importantes, se mêlent des parallèles entre l’épisode de la Terreur durant la Révolution française et l’épuration des collabos après la Seconde Guerre mondiale en France. Ces deux épisodes politico-sociétaux – dont l’un est encore particulièrement vivace dans la France de 56 – mettent le feu aux poudres alors que pour Anouilh, c’était une occasion de lever le voile sur des comportements controversés et de questionner les notions philosophiques de probité et de vertu. À découvrir le 25 février sur la scène du Théâtre Princesse Grace de Monaco… en ayant révisé vos bases d’Histoire de France, pour être sûr de saisir l’essentiel !

 

 

Mais alors, que raconte cette pièce ? André Bitos est invité dans un dîner de têtes (dîner où les convives sont grimés) lors d’une soirée donnée dans sa petite ville natale. Lui, fils du peuple, est devenu substitut du procureur de la République et jouit d’une réputation irréprochable et d’une moralité inébranlable. Mais voilà, dans la France de l’après-guerre, le magistrat condamne d’une main de fer – et de manière rapide et arbitraire – tous les collabos qui lui sont présentés. Ainsi, la petite bourgeoisie qui l’invite ce soir-là entend faire vaciller son intégrité en faisant avouer à ce « Monsieur la vertu » qu’il profite de son pouvoir afin de faire régner une certaine forme de terreur, comme le fit, en son temps, un fameux Maximilien de Robespierre. Lors de ce dîner de têtes, justement, chaque convive endosse le rôle d’un personnage historique sur le thème de La Révolution ! Bitos se voit affubler la perruque du « Montagnard », longtemps surnommé l’Incorruptible, mais finalement devenu l’une des figures historiques les plus controversées de notre pays. Mise en abîme, quand tu nous tiens…

 

Pauvre Bitos ou Le Dîner de Têtes

 

Dans une mise en scène qui condense le texte original de 3h en 1h20, les personnages vêtus de magnifiques costumes d’époque brossent un portrait transversal de la société révolutionnaire post seconde Guerre Mondiale. La cruauté s’invite largement dans les débats – que les hôtes voulaient historiques – puisque le but de cette folle soirée est bien de se moquer, puis de faire chanceler la moralité de ce Pauvre Bitos. Incarné par Maxime d’Aboville (qui succède ainsi à son cher Michel Bouquet), le magistrat résiste avec fougue aux assauts verbaux des convives. Aux yeux du public, il est d’abord parfaitement détestable tant sa droiture semble être une posture convenue dans laquelle il se complait, puis il flanche peu à peu en révélant la difficulté humaine et humaniste de son rôle. De bourreau, il devient héros puis victime des attaques de ces bourgeois emperruqués… Jusqu’à ce que les spectateurs changent de camp. C’est pour cette prouesse de jeu dans l’émotion et la sensibilité que le comédien était dernièrement nommé aux Molières 2024. Il tient bon, à contre-courant, seul contre tous, face aux 7 autres acteurs de la pièce qui rivalisent eux aussi de gouaille et de dialogues savoureux. 

© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / Photo Bernard Richebé 

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