INTERVIEW
Jean-Pierre Castaldi en interview
Malgré 45 ans de bons et loyaux services à la télé, au cinéma et sur les planches, Jean-Pierre Castaldi ne boude toujours pas son plaisir à l’idée de s’inviter dans la peau de nouveaux personnages ! Revenu sur scène dans un boulevard qui n’a semble-t-il d’autre intention que celle de faire rire ses spectateurs, il est marié à une souveraine qui, à peine arrivée dans son luxueux hôtel parisien, va apprendre que le vent de la révolte s’est levé dans son pays. Sur fond de pouvoir, de conflit générationnel et de trahison, on assiste à la bataille d’une reine qui, comme beaucoup d’hommes politiques, tentera de résoudre cette crise non pas pour le bien de son peuple mais pour ne pas risquer de perdre ses acquis…
Aux frais de la princesse
À Marseille le 22 janvier 2017
« Quand j’entre en scène, que je ne suis pas dans la lumière, je ne suis plus moi, je suis mon personnage, je suis libre… »
Aux frais de la Princesse n’en est qu’à ses débuts…
Jean-Pierre Castaldi : En effet, c’est encore tout frais ! (rires) C’est une pièce de Jean Franco, un jeune auteur plutôt brillant à qui l’on doit Panique au Ministère ainsi que quelques autres pièces assez modernes. Dans Aux frais de la Princesse, ma femme – qu’incarne Marion Game – est une reine d’un pays imaginaire, la Mythonie… Rien que l’idée du nom en dit long ! (rires) Elle m’a épousé, moi, un simple acteur français parce que son premier mari a été tué d’une façon assez drôle… (rires) Elle avait donc besoin d’une sorte de prince consort et c’est tombé sur moi ! Au moment où se déroule la pièce, ils sont en visite officielle en France.
Marion Game est-elle là aussi la reine des scènes de ménage ?
C’est peut-être une déformation professionnelle mais il faut avouer qu’elle est très douée dans ce domaine… (rires) Sur scène, les deux époux s’insultent copieusement mais on s’aperçoit vite que c’est elle qui tient la culotte et c’est d’ailleurs la règle en Mythonie où les femmes ont tous les pouvoirs. Il y a de la manigance, un fils illégitime, un espion, des coups bas, ça rentre, ça sort comme un Feydeau… Bref, c’est un joyeux bordel ! (rires)
Les premières dates sont celles des ajustements…
Je crois que ce sont justement celles-ci qui ont presque le plus de charme et qui sont les plus excitantes… J’ai eu la chance, quand j’ai commencé au théâtre, de côtoyer des gens comme Jean Poiret ou Pierre Mondy qui m’ont énorménent appris. Pour la pièce Rumeurs par exemple, Jean Poiret avait interdit l’accès à tous les professionnels pendant les trois premières semaines car il ne voulait pas fausser le dialogue avec le public qui détermine le bon déroulement de la pièce. Quasiment un soir sur deux, on avait des notes avec des corrections qui découlaient de la réaction des gens. Le public, il ne faut pas l’oublier, est le premier partenaire de l’acteur…
Et parmi vos partenaires de scène, Marion Game…
La vie nous a permis de nous croiser très souvent dans le privé et ça m’a fait plaisir de la retrouver, elle qui est « de la même école ». Elle a été la compagne de Jacques Martin avec qui je travaillais beaucoup à l’époque sur ses émissions marrantes destinées aux enfants et aux ados. Pour lui, je me suis transformé – entre autres – en homme de Cro-Magnon et en extra-terrestre ! (rires)
Chose impensable en télé de nos jours…
Oui, ça peut paraître complètement fou aujourd’hui mais il y a une petite trentaine d’années, on avait, je crois, beaucoup d’humilité, on ne se prenait pas au sérieux et surtout, on ne pensait pas à faire « carrière »… La réussite vous surprend, elle ne se calcule pas, elle n’est qu’une accumulation de rencontres, de hasards, de chances et de travail. Sur les tournages, on rigolait, on allait prendre des pots en- semble, on allait danser en boîte de nuit et surtout, quand on était débutant, on était aux anges d’avoir un rôle, même de quelques secondes ! (rires)
Après 45 ans de métier, vous semblez toujours aussi curieux et heureux…
Sincèrement ce n’est pas un mythe, quand on est comédien, on reste un grand enfant ! (rires) Je dis toujours que je ne travaille pas mais que je joue, je m’amuse. C’est quand je ne suis pas sur scène que je m’emmerde ! Alors bien sûr, maintenant que j’ai un certain âge, je me rends un peu plus compte de l’énergie qu’exige la scène, mais ça reste l’endroit où je me sens le mieux et le plus vivant.
On y oublie vraiment tout ?
J’étais sur scène le soir de la mort de ma mère et Jean Poiret m’a dit que je n’avais jamais aussi bien joué que ce soir là… J’étais totalement dans ma bulle, il fallait que je sois dans la pièce, totalement dans le rôle et dans l’écoute de l’autre. C’est ça qui est formidable dans ce métier car quand on rentre en scène on n’a plus mal, on est immunisé. Quand j’entre en scène, que je suis dans la lumière, je ne suis plus moi, je suis mon personnage, je suis libre…
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés
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