CINÉMA
« La chambre d’à côté » de Pedro Almodóvar : Un film puissant sur le suicide assisté
La chambre d’à côté de Pedro Almodóvar
cinéma / biopic / drame
- au cinéma le 08 janvier 2025 / durée 1h47
- de Pedro Almodóvar
- avec Tilda Swinton, Julianne Moore, John Turturro…
La chambre d’à côté avec Tilda Swinton et Julianne Moore : Quand et comment tirer sa révérence
En septembre, Pedro Almodóvar faisait se lever le public dans la salle de la prestigieuse Mostra de Venise où il fut récompensé du Lion d’Or pour son dernier film La chambre d’à côté. Le réalisateur espagnol a ému et bousculé les spectateurs italiens avec ce long-métrage brillamment porté par Julianne Moore et Tilda Swinton dont le douloureux sujet central est le suicide assisté. Connu pour ses prises de position et son activisme en faveur de la culture LGBT, Pedro Almodóvar prend ici fait et cause pour l’euthanasie et offre des rôles d’une rare intensité dramatique aux deux actrices américaines dans cette adaptation du roman Quel est donc ton tourment ? de Sigrid Nunez (2020).
Martha – Tilda Swinton – et Ingrid – Julianne Moore – ont fait leur gamme de journalistes ensemble avant que les hasards de la vie ne les séparent. La première est devenue reporter de guerre et la seconde, romancière à succès. Quelques décennies plus tard, leurs chemins se croisent à nouveau et l’amitié renaît aussi fort qu’auparavant. Plus fort même, lorsque Martha demande à Ingrid de l’aider pour son prochain voyage : atteinte d’un cancer de l’utérus en phase terminale, la jeune quinqua souhaite choisir l’heure et le jour de sa dernière révérence. Les deux femmes se retirent alors dans une maison isolée et organisent ce passage dans la vie d’après, parlent, se confient, réfléchissent à l’existence qu’elles ont menée…
La chambre d’à côté est un « grand Almodóvar », à la fois parce qu’on y retrouve son amour pour les mises en scène d’actrices – qui d’ailleurs crèvent l’écran avec peu de mots, mais des regards qui se plantent directement dans le cœur des spectateurs – et aussi parce que la qualité de l’image, si franche, propre et colorée, contraste avec la noirceur du moment. Pourtant, il y a quelque chose qui change dans l’œuvre du cinéaste ibérique. Avec ce premier long-métrage tourné en anglais (après le moyen-métrage La voix humaine en 2020 et le court Strange way of life en 2023, également en langue de Shakespeare), le réalisateur espagnol s’est mis en difficulté. Car aborder un sujet si puissant, si controversé, si épidermique même, dans une autre langue que la sienne l’a poussé à peser le sens de chaque mot. Il en résulte une sobriété des dialogues qui sert pleinement le propos et nous laisse à nous, public, le soin d’interpréter et le « loisir » de penser à ce qui se déroule sous nos yeux : une femme forte, témoin des pires atrocités sur les champs de bataille qu’elle a documentés, se voit diminuer par une maladie parfaitement hasardeuse et tente de reprendre le dessus en se réappropriant le cours de son destin. Elle, et elle seule, décidera quand il sera temps de mourir.
À découvrir en salle, le cœur bien accroché et un petit mouchoir dans la poche, à partir du 08 janvier 2025…
© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / photo Pathé
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