COUPS DE COEUR

Mathieu Kassovitz en interview pour la comédie musicale « La Haine »

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« C’est à la fois l’adaptation et la suite… » Mathieu Kassovitz

 


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Comédien apprécié du grand public depuis plus d’une trentaine d’années, Mathieu Kassovitz – l’homme aux multiples casquettes – vient d’ajouter une autre corde à son arc… On le connaissait évidemment acteur (Regarde les hommes tomber qui lui a valu un César ou encore Vie sauvage), scénariste, réalisateur (Les rivières pourpres, L’ordre et la morale entre autres), le voici « directeur artistique » d’une comédie musicale urbaine et contemporaine ! Afin d’apporter une nouvelle lecture à son film La Haine – devenu culte et « césarisé » par 3 fois -, il s’est lancé dans cette aventure scénique aussi inattendue que totalement évidente. Sur les planches, Samy Belkessa, Alivor et Alexander Ferrario succèdent à Vincent Cassel, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui pour dévoiler le quotidien des jeunes dans les cités ; l’esthétique en noir et blanc, les lieux et les atmosphères reprennent leurs droits en live ; des morceaux ont été spécialement composés pour compenser l’absence de B.O. ; mais surtout, l’âme qui se dégageait du long-métrage est restée intacte malgré les 3 décennies écoulées… Tout comme l’actualité, malheureusement…

 

 


 

 

Mathieu Kassovitz en interview pour la comédie musicale La Haine : jusqu’ici rien n’a changé

interview / cinéma / comédie musicale / tournée / rap / hip-hop

 

 


 

 

 

La Haine sur scène…

C’est Farid Benlagha – producteur de comédies musicales – qui est venu me voir avec Émilie Capel et Yaman Okur, un couple de chorégraphes. Ils m’ont proposé cette idée, j’ai réfléchi à comment transformer le film en comédie musicale et ça m’est venu tellement organiquement que j’ai foncé, à la condition qu’on travaille ensemble pour que je puisse découvrir un nouveau métier.

 

Un succès populaire avec un film en noir et blanc…

Je vais vous décevoir mais cette décision n’est pas due à un quelconque courage… (rires) C’est surtout qu’on n’avait pas d’argent pour faire que les choses soient belles à l’écran. Les décorateurs étudient des palettes de nuances très précises, mais pour pouvoir les respecter sur le tournage, il faut avoir les moyens de repeindre les murs, avoir les voitures dans les teintes choisies, les vêtements qui vont avec… Quand vous allez dans un quartier, ce n’est pas agréable à l’œil, la masse est souvent grise avec des couleurs disparates donc par « facilité », le noir et blanc m’a permis d’uniformiser tout ça et de faire en sorte qu’on s’intéresse exclusivement au sujet et aux personnages. Ça lui a donné un cachet artistique singulier sans lequel, je pense, il n’aurait pas eu autant de succès.

 

 

Sur scène, ce n’est pas que l’adaptation du film…

Exactement, c’est le film mais vu sous un autre angle, avec des scènes qui se poursuivent là où elles se sont arrêtées sur écran, avec des explications de certaines choses qui sont « en l’air » depuis 30 ans et sur lesquelles les gens se posent des questions. C’est à la fois l’adaptation et la suite, ou en tout cas un complément de réponses.

 

 

La Haine reste malheureusement toujours d’actualité…

C’est ce qui me déprime le plus… Voir que ce qu’on dénonçait il y a 30 ans est encore une réalité, c’est désespérant et c’est peut-être pour ça que c’est essentiel de continuer à en parler à travers un spectacle vivant…

 

 

Rendre vivante une histoire qui a été immortalisée sur pellicule…

C’est notre plus grand défi car les gens arrivent, pour la plupart, en sachant ce qu’ils vont voir, donc il faut s’adresser directement à leurs émotions plutôt qu’à leur mémoire. Ça passe beaucoup par la musique qui permet d’exprimer une idée, une pensée intérieure, un sentiment… Les chansons pénètrent l’intimité des personnages, ça offre une nouvelle lecture sur des sujets que le film a parfois été contraint de survoler…

 

 

Trouver les 3 rôles principaux…

On a trouvé nos trois gars, nos Vinz, Hubert et Saïd après avoir organisé un énorme casting ! Il aura fallu un an pour tomber sur trois perles rares capables de reprendre les personnages du film ! À l’époque, par fainéantise sur le plateau, j’avais gardé le prénom des acteurs mais sur scène, Samy Belkessa, Alivor et Alexander Ferrario incarnent sans imiter. Tous les 3 actualisent ce que pourraient être ces jeunes-là aujourd’hui…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel à Marseille / Photo Hélène Pambrun

 

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