CINÉMA
« La vallée des fous » avec Jean-Paul Rouve : un tour du monde à la voile sans quitter son jardin
La vallée des fous de Xavier Beauvois
cinéma / drame
- sortie nationale le 13 novembre 2024
- de Xavier Beauvois
- durée 2h00
La vallée des fous : Une thérapie inédite pour se retrouver soi-même
Alors que sa vie part à vau-l’eau, que sa femme n’est plus là, que son fils ne lui adresse plus la parole, que son addiction à l’alcool le renferme sur lui-même un peu plus chaque jour et que seule sa jeune fille reste à ses côtés, Jean-Paul (Jean-Paul Rouve) se lance dans un projet insensé : participer au Vendée Globe et faire ainsi le tour du monde à la voile, en solitaire et sans escale. Marin aguerri, il n’est cependant pas remonté à bord d’un bateau depuis des années, à la suite d’un accident. Comment dès lors entamer cette course folle sans naviguer ? C’est là toute la poésie du nouveau film de Xavier Beauvois, La vallée des fous, le récit émouvant d’un voyage immobile, mais qui pourtant conduit Jean-Paul au dépassement de soi. En salles à partir du 13 novembre… à découvrir avec un petit mouchoir dans la poche !
Depuis quelques années déjà, le Vendée Globe couru par les plus grands navigateurs du monde se déploie aussi en réalité virtuelle sur la plateforme Virtual Regatta. Tous les marins novices peuvent donc « jouer » au Vendée Globe et manœuvrer un IMOCA virtuel – ces immenses monocoques aux performances extraordinaires – depuis le canapé de leur salon. Mais pour Jean-Paul, ce n’est pas ça, « faire le Vendée Globe ». Dans sa folie douce, il mène réellement sa course imaginaire sur son voilier… posé sur deux tréteaux au fond de son jardin. Isolé, vivant selon les conditions réelles de la compétition, le marin fait le tour de son monde, pense et redessine le passé, cherche à comprendre et à se reconstruire.
Aux côtés d’un Jean-Paul Rouve d’une grande justesse, on retrouve un monstre du cinéma français, Pierre Richard qui, du haut de ses 89 ans, incarne le père de Jean-Paul, tiraillé entre la bienveillance, l’envie d’aider son fils pour qu’il s’extirpe de cette spirale infernale et le ras-le-bol d’un homme bourru qui ne comprend pas la dépression. On connaissait l’envergure de jeu du héros de La Chèvre, mais il campe ici un personnage froid et cassant, répertoire qu’on lui connait peu et dans lequel il excelle. De l’autre côté de l’échelle des âges, Madeleine Beauvois – fille du réalisateur – interprète la cadette qui, si elle agit comme l’ado renfrognée qu’elle est censée être, veille tout de même affectueusement sur son père.
Cette fresque familiale, mise en scène sans pathos ni excitation surjouée, se révèle touchante et emporte le spectateur dans un voyage immobile en quête du dépassement de soi, qui mélange allègrement fiction et réalité. Quelques incursions des navigateurs Michel Desjoyaux et Jean Le Cam (qui sera réellement au départ de la course), aidant Jean-Paul à mener à bien son projet, connectent ce long-métrage à la vraie vie pour en faire, par moments, un quasi-prequel de la véritable histoire du Vendée Globe qui débutera le 10 novembre prochain.
© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / photo Guy Ferrandis
↵ Retour vers la rubrique « cinéma »
You must be logged in to post a comment Login