« Monsieur Aznavour » : Le monstre sacré vu par Grand Corps Malade et Mehdi Idir

Monsieur Aznavour de Mehdi Idir et Grand Corps Malade

cinéma / biopic / musical

• sortie nationale le 23 octobre 2024
• de Mehdi Idir et Grand Corps Malade
• avec Tahar Rahim, Bastien Bouillon, Marie-Julie Baup 
• durée 2h13

Monsieur Aznavour : Le parcours d’un monument de la chanson française

Si pour la jeune génération, il était un petit monsieur aux cheveux blancs et à la voix tressaillante, il fut pour le public et les interprètes de toute une époque, une véritable référence de la chanson française. Le biopic sur Charles Aznavour revient sur le parcours hors norme d’un féru de musique et de poésie sur qui personne, dans le show-business, n’aurait misé un franc. Et pourtant, sa force de caractère et sa persévérance, qui ont porté leurs fruits, sont des exemples à suivre pour tous : Charles Aznavour – décédé en 2018 – est encore aujourd’hui, l’un des artistes hexagonaux les plus connus à travers le monde. Monsieur Aznavour sera en salles à partir du 23 octobre 2024. Il fait d’ailleurs partie des productions les plus attendues de l’année, marchant (pour le moment) dans l’ombre d’un autre biopic qui avait créé l’évènement en 2007, La Môme sur Édith Piaf, au point de faire table rase aux Golden Globes, aux BAFTA, aux Césars et aux Oscars !

Cette année 2024 aura été marquée par une série de films biographiques retraçant la vie de grands noms de la culture populaire : Bob Marley : One love ; Back to Black pour Amy Winehouse ; Maria pour Maria Schneider, Niki pour Niki de Saint Phalle… En cet automne, c’est une icône de la variété française qui se taille la part du lion avec Monsieur Aznavour, réalisé par les deux non moins talentueux et amis Mehdi Idir et Grand Corps Malade.

Le « grand » Charles est porté à l’écran par Tahar Rahim, physiquement méconnaissable. Pour donner corps et voix au chanteur, l’acteur a subi de longues heures de maquillage journalières et a tenu à jouer et à chanter lui-même les chansons du film. Si Aznavour a eu aussi une superbe carrière de comédien, c’est bien sur l’ascension musicale du « Sinatra français » que s’attarde le long-métrage. Les deux scénaristes et réalisateurs avaient tout particulièrement à cœur de montrer l’incroyable ténacité de ce fils d’immigrés arméniens qui a tout tenté pour accéder à la reconnaissance. Pour se faire un nom, celui qui, avec sa voix voilée et sa gueule cassée, ne répondait pas aux standards des charismatiques interprètes de l’époque, n’a pu compter que sur sa persévérance hors norme… et sur deux belles rencontres. Celle avec le compositeur Pierre Roche (Bastien Bouillon à l’écran), avec qui il formera un duo vocal et qui lui permettra de poser un pied au Québec pour le lancement de sa future carrière internationale, puis celle, bien sûr, avec Édith Piaf en 1946 – incarnée par Marie-Julie Baup. Alors que La Môme est, elle, au sommet de sa notoriété, elle prendra le jeune chanteur sous son aile, l’encourageant autant qu’elle le poussera dans ses retranchements, le préparant à la dure réalité d’une vie d’artiste, exposé sur le devant de la scène.

Ce parcours, de l’ombre à la lumière, en passant par de difficiles épreuves personnelles, a largement inspiré Mehdi Idir et Grand Corps Malade, qui n’ont jamais souhaité livrer une ode à l’interprète de J’me voyais déjà. Bien au contraire, le film dévoile les failles, les peurs, les doutes d’un homme qui fut victime de féroces critiques, de racisme et de chauvinisme en premier lieu. De son vivant, il avait d’ailleurs adoubé les deux réalisateurs et leur scénario, pour qu’ils mettent en scène la réalité de ses débuts. Il connaissait personnellement les deux amis et avait déjà partagé le micro avec Fabien Marsaud – alias Grand Corps Malade – en 2010, pour le duo Tu es donc j’apprends.

En septembre dernier, le slameur à la béquille a réitéré, en publiant le titre À chacun sa Bohème, où il mêle sa voix à un sample du chanteur disparu. Son portrait cinématographique supervisé par ses deux fils sortira en salle le 23 octobre prochain et fera revivre le temps de cette fresque réussie, l’un des chanteurs qui a le plus fait rayonner la variété et la culture françaises.

© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / photo DR / octobre 2024

↵ Retour vers la rubrique « cinéma »