INTERVIEW

Interview de Mass Hysteria

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MASS HYSTERIA en concert À ANTIBES aux NUITS CARRÉES le 27 juin 2019

 


« Il y a des a priori en France sur le metal alors que ça ramène quand même beaucoup de monde »


Morgane Las Dit Peisson : Le groupe Mass Hysteria est né il y a déjà plus de 20 ans ?

Yann Heurtaux : Le groupe est né d’un groupe qui s’est séparé. Moi je suis arrivé deux ans après en 1995. On se connaissait, on s’est retrouvé dans le même bain et tout le reste s’est fait « à l’humain ». Ils ont formé « Mass » et moi j’adorais ce qu’ils faisaient, j’ai répondu à leur requête en acceptant de jouer avec eux. Pour tous les nouveaux membres de Mass ça s’est passé à peu près de la même manière. Je suis allé chercher Raphaël, le batteur, dans un autre groupe et pour les samples ç’a été pareil. Le groupe s’est monté un peu vite, comme ça, sans aucune hostilité ou rivalité entre nous et puis on a sorti notre premier album en 1997.

Vous êtes arrivé deux ans après la création de Mass Hysteria donc dans un groupe de metal industriel, c’était votre style à vous ou il a fallu vous y plier ?

Je faisais un style encore plus extrême que ça ! (rires) Mais j’adorais ce qu’ils faisaient et ils m’ont ouvert à d’autres choses. Ils m’ont intégré et j’ai joué du rock tout en incorporant un peu de metal indus de temps en temps.

Est-ce que les autres arrivants après vous dans ce groupe ont changé et fait évolué le style initial ?  

Oui, Olivier Coursier, par exemple, qui est arrivé en 2000 et qui est resté sept ans avec nous. Il était guitariste et lui c’est pareil, il a toujours fait un peu d’électro à côté et il a vraiment influencé notre groupe. Et puis il a rencontré Simon et ils ont monté un projet qui marche bien, AaRON.

Le metal est un style, en France, qui a du mal à durer dans le temps, qui a du mal à survivre. Vous, ça fait plus de 20 ans, c’est quoi votre secret ?  

Je ne sais pas… Les groupes internationaux durent. Mais c’est vrai qu’en France, mis à part la scène, il n’y a aucun média qui nous suit parce que ça ne fait pas partie de la culture française alors que quand Metallica passe à Paris, ils font un Stade de France… Il existe un festival, Hellfest, qui est le deuxième plus grand festival de France qui accueille plus de 100 000 personnes en trois jours et qui est l’un des plus grands festivals d’Europe mais tout ça se fait en sous-marin parce qu’aucun gros média ne s’intéresse au metal en France. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de groupes français qui n’y arrivent pas… On n’est aidé par personne. Nous ça fait vingt ans qu’on fait ça, on a sept albums, on va jouer en avril à l’Olympia et ça risque d’être complet, ce n’est quand même pas rien ! Mais Nagui par exemple ne nous invitera par sur son plateau car il dit que c’est trop bruyant. C’est un peu n’importe quoi alors qu’il va s’empresser de faire jouer Kamikasi à Taratata, on ne joue pas plus fort ! (rires) C’est juste pour dire qu’il y a des a priori en France sur le metal alors que ça ramène quand même beaucoup de monde.

Et l’Olympia c’est la première fois ?

Non on avait déjà joué en 2005 avec Europe 2. Là c’est vraiment nous tout seuls ! On a fait toutes les salles de Paris. On les a fait complètes, toutes, au moins deux fois. On a fait quatre fois l’Elysée Montmartre complet, Le Bataclan complet il y a deux ans. On a joué à La Cigale c’était complet aussi. On a fait les premières parties de Korn à Bercy, bon ce n’était pas nous tout seuls mais on a fait quand même beaucoup de salles. Mais le fait de remplir la salle au complet ça va peut-être éveiller la curiosité des parisiens.

Vous êtes un groupe français qui chante en français. C’était important pour vous dès le départ ?  

En fait, quand je suis arrivé dans le métier, je ne savais pas chanter en anglais. Et quand on a signé avec Sony en 1996 il y avait une volonté de reconnaissance des groupes français et une certaine demande de chanter en français. On s’y est essayé et on s’est aperçu que notre chanteur, Mouss, était vachement plus fort en français qu’en anglais et du coup on est resté comme ça ! Mais je pense que c’est grâce à ça qu’on est toujours là. C’est vrai qu’en comparaison à d’autres groupes metal on a un chanteur qui peut laisser un message compréhensible et pas uniquement un son guttural. On comprend vraiment ce qu’il dit. Il a un message un peu politique, il dit des choses intéressantes et c’est peut-être pour ça qu’on est toujours là aujourd’hui. On a un public plus large que les autres.

Qu’est ce qui a changé en 20 ans ?  

L’évolution, c’est un peu comme un couple… Un couple à cinq ! (rires) On a appris les défauts de chacun, on a appris à faire avec pour durer. Il faut accepter les défauts des uns et des autres pour pouvoir avancer. Mais quand on part en tournée, on a toujours les mêmes galères qu’avant et les mêmes sentiments qu’avant !

En août 2012 vous avez sorti votre dernier album « l’Armée des Ombres », on le dit plus sombre et plus violent. Comment vous, vous le voyez de l’intérieur ?

Nous, on n’a rien changé en fait. C’est juste une image. On a flashé sur un artiste finlandais qui fait des photos un peu sombres justement. On a toujours fait des choix sur l’esthétique de nos pochettes et c’est vrai que celle-ci est très sombre. Il semble que les gens en écoutant la musique soient influencés par le visuel mais nous, on n’a pas changé grand-chose à notre façon de faire. Le premier morceau s’appelle « Positif à bloc » et c’est un peu notre message depuis le début… Essayer de positiver même dans les moments durs.

L’album est positif malgré le visuel ?

C’est positif tout en restant hyper réaliste. Mouss fait ça sur l’instant. Parfois il écrit un texte à un moment où il n’est pas bien et il essaye de faire une introspection sur lui-même et ça part un peu de là, ça parle de l’humain dans ses mauvais moments comme dans ses bons moments. On peut parler aussi de l’état du Monde qui actuellement n’est pas tout rose.

Fin 2011 le bassiste Stéphane Jacquet est parti du groupe, est ce que vous le regrettez après tant d’années passées ensemble et est-ce que ça été difficile pour le petit nouveau d’intégrer ce « vieux couple » ?

La séparation d’avec Stéphane a été très, très dure parce que c’est lui qui avait formé Mass Hysteria en fait. On n’a pas voulu faire de casting pour le remplacer par des gens qu’on ne connaissait pas donc on a pris quelqu’un qui était dans notre entourage, qui traînait vraiment avec nous. On le connaissait vachement bien et on savait que son intégration se ferait facilement. Il n’y a pas eu d’audition et on a pris Vincent qui était un pote à nous.

Pour en revenir à la scène, c’est ce qu’il y a de plus important pour le groupe ? C’est là que vous prenez toute votre dimension ?

La scène a toujours été notre lieu de prédilection. Et puis aujourd’hui le marché du disque s’écroule alors heureusement qu’on a toujours vécu notre musique grâce à la scène. Quand on ne tourne pas, on travaille à côté parce qu’on n’a plus les ventes de disques qu’on avait avant. Pour nous la tournée c’est vraiment une histoire de fous. C’est vraiment l’endroit où on aime être effectivement.

Toujours autant de plaisir à rencontrer les gens ?

Ah oui, carrément. Ils nous donnent l’énergie. Quand on part sur une date, même si il y a un rituel qui est toujours le même, on va quand même rencontrer de nouvelles personnes, de nouveaux fans. On se le disait encore quand on était en répèt mardi : « je suis pressé de partir jeudi » !

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel

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