COUPS DE COEUR

Mélanie Page en interview pour son spectacle seul en scène « Ce qui ne nous tue pas »

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« Jouer seule, c’est un tsunami ! » Mélanie Page

 


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De passage aux Théâtrales d’Èze cet été avec la comédie romantico-poético-loufoque Je m’appelle Georges, Mélanie Page est revenue sur son « autre » projet, qu’elle a joué en parallèle à Avignon. Pour la première fois de sa carrière, la comédienne s’est lancé deux défis de taille : signer l’adaptation d’un texte autobiographique écrit par un homme (James Hindman) et camper un personnage, seule sur les planches. Transposée au féminin, l’histoire poignante qu’elle raconte incite chaque spectateur à s’interroger sur le sens même de sa propre existence. Alors qu’elle aborde des thèmes profonds comme la maladie, la cruauté dont est capable l’humain, les désirs inassouvis ou la conscience de la mort, son personnage – Stella – nous fait réaliser à quel point la vie mérite d’être vécue et chérie…

 

 

 


 

 

Mélanie Page en interview pour son spectacle seul en scène Ce qui ne nous tue pas

interview / spectacle / théâtre / seul en scène

 

 


 

 

 

Morgane Las Dit Peisson : Seule en scène, la 1ère fois…

Mélanie Page : Dans l’intensité, c’était au-delà de tout ce que je pouvais imaginer. Honnêtement, jouer seule, c’est un tsunami. Une fois qu’on a fait ça, on peut vraiment tout affronter ! (rires) Maintenant, je suis une warrior, plus rien ne me fait peur ! Et puis, il m’est arrivé tellement de choses, humainement, à « côté » de la pièce, pendant, dedans… Je ne peux pas rentrer dans les détails parce que j’ai vécu des moments assez terribles durant cette période, mais j’ai eu la sensation de passer dans une machine à laver, une espèce d’essoreuse émotionnelle sur les débuts de l’exploitation…

Et en même temps, il y avait les retours du public qui me donnaient l’impression de faire quelque chose d’utile. Des gens m’ont dit qu’après avoir vu le spectacle, ils percevaient la vie différemment et avaient envie d’en profiter pleinement en réalisant tout un tas de choses qu’ils n’avaient jamais pris le temps de faire avant.

Une maman m’a rapporté qu’après être venue avec son ado, celui-ci avait décidé de faire des recherches sur la Shoah pour en savoir plus, parce que c’est un thème que j’aborde dans la pièce… Et à force de recevoir des témoignages d’inconnus que Ce qui ne nous tue pas avait touchés, j’ai pris conscience que c’était aussi pour ça que je faisais ce métier.

 

 

C’est galvanisant de sentir que ce qu’on fait a vraiment du sens et que l’art peut pousser au questionnement, qu’il ouvre les portes, qu’il peut être tout sauf futile et inutile. Avec cette pièce, on  est sur ce qu’il y a de plus important pour moi : véhiculer des messages, partager et prôner la vie.

Bien qu’il parle de la mort, ce texte est criblé d’espoir et à force de le jouer à Avignon pendant les élections, j’ai même eu l’impression de mener un spectacle politique. Les mots sont tellement forts et riches de sens qu’en fonction du moment et du contexte, ils apportent une lecture différente aux évènements… Ça aborde le devoir de mémoire, l’amour, ce qui est essentiel dans l’existence et le travail qu’il faut faire sur soi pour s’échapper des boucles de négativité alors, entre les deux tours par exemple, certaines des phrases que je dis sur scène avaient réellement un autre poids.

 

Un texte que tu as adapté…

Mélanie Page : Ce qui ne nous tue pas a été écrit par James Hindman et en effet, je l’ai adapté moi-même. C’était une « première fois » également… C’est une aventure folle de se présenter seule sur scène, surtout avec un texte aussi puissant. Ça te prend tout et tu donnes tout… Ce que j’ai découvert avec cette expérience, c’est que si on n’est pas prêt à tout lâcher, à tout partager, à prendre des risques, à sauter dans le vide et à s’oublier, il ne faut pas y aller !

 

 

Nicolas Briançon à la mise en scène…

Mélanie Page : C’est la deuxième fois qu’on travaille ensemble. J’avais besoin, pour un tel projet, d’être accompagnée de quelqu’un que j’aime profondément et avec qui je me sens en confiance. C’est un super acteur et c’est certainement parce qu’il connaît tellement cet exercice qu’il est aussi formidable comme metteur en scène.

On a beaucoup cherché, tous les deux, le bon équilibre car s’attaquer à ce genre de spectacle un peu hybride était une première pour lui également… Ça a commencé comme un stand-up, puis on est allé vers des choses beaucoup plus profondes et donc on a tâché de façonner la meilleure « forme ». Il me disait tout le temps de ne jamais couper le fil avec le public, de ne pas partir dans quelque chose d’introspectif, de casser le 4ème mur et d’être constamment à l’écoute de la salle, ça m’a énormément aidée.

Et puis, il m’a dit cette phrase magnifique que je retiendrai toute ma vie : « Tu n’as pas besoin de sourire pour être intéressante »… Je souris beaucoup, voire en permanence et je m’aperçois que c’est peut-être aussi une coque de protection, une espèce de barrière… Il voulait que j’arrête de me cacher derrière ça et je me suis mise à chialer comme une madeleine ! On s’est pris dans les bras l’un de l’autre et j’ai réalisé que cette pièce était également une thérapie personnelle…

 

 

La perruque permet le lâcher-prise ?

Mélanie Page : Ça m’a permis d’aller beaucoup plus loin… C’était une idée de Nicolas pour me pousser à véritablement rentrer dans un personnage et me déconnecter de moi. Ce n’est pas mon histoire – c’est celle, autobiographique, de l’auteur James Hindman – mais elle me touche tellement que pour ne pas risquer d’être dans la retenue, on a façonné une identité très distincte. Ne pas me ressembler nous aide – autant le public que moi – à croire que ce n’est pas parce que je me présente seule sur les planches que je viens parler de moi. Je ne suis pas Mélanie mais Stella. Dès le début, je parle de ma femme, je montre des photos d’elle et vu qu’à peu près tout le monde sait qui est mon mari (ndlr : Nagui), ça crée la cassure et la salle admet tout de suite que je suis quelqu’un d’autre. Et puis, la modification d’aspect aide à la projection. Avec les cheveux roux et courts, il y a une espèce de liberté qui s’empare de moi... En fait, quand on est comédien, si on s’éloigne physiquement ou verbalement de nous, on prend spontanément conscience qu’on peut ouvrir toutes les vannes. Il n’y a plus d’autojugement puisqu’on n’est plus nous, donc on se permet tout…

© Propos recueillis aux Théâtrales d’Èze 2024 par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos Émilie Brouchon

 

Mélanie Page, Ce qui ne nous tue pas : Synopsis

Une crise cardiaque. Une obsession pour Mylène Farmer. De l’amour, des raisins et des voyages. C’est une comédie sur la vie, la mort et ce qu’il y a entre les deux.

 

 

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