INTERVIEW
Rachid Badouri en interview
Bien que l’on admire tous, en tant que français, la joie de vivre de nos cousins québécois et que bon nombre d’entre nous ne résistent d’ailleurs pas à l’envie de s’installer outre-Atlantique malgré la rudesse des hivers, l’humoriste Rachid Badouri a fait, quant à lui, le chemin inverse en élisant domicile en France ! Amoureux de notre pays qui lui a à la fois ouvert ses portes et celles du marché humoristique international, l’artiste n’en est pas devenu trop français pour autant ! Pas encore râleur ni constamment mécontent, il a surtout su conserver son autodérision, sa fraîcheur et ses multiples talents de showman qui nous font parfois un peu défaut en France…
Rachid Badouri rechargé
À Toulon le 16 décembre 2016
« Ces cinq dernières années ont été les plus occupées et les plus bouleversantes de toute ma vie ! »
Tu reviens nous voir dans un tout nouveau théâtre, Le Colbert à Toulon, qui ouvre ses portes ce mois-ci…
Rachid Badouri : Je dois t’avouer que je ne suis pas particulièrement supersticieux mais je trouve ça très honorable de faire partie des premiers à inaugurer cette nouvelle salle. Ça m’est déjà arrivé au Québec d’avoir la primeur d’un lieu alors, en souvenir, j’ai écrit sur le mur de la loge que j’avais été le premier à y péter… Un vrai prince charmant ! (rires)
Tu viens dans un nouveau théâtre mais surtout avec ton dernier spectacle, Badouri rechargé…
Exactement, c’est celui avec lequel je tournais au Québec il y a quelques temps et contrairement au premier – Arrête ton cinéma ! -, Badouri rechargé n’a pas connu de grosses transformations. On a retouché quelques expressions, des petites références et atténué peut-être un peu l’accent mais globalement, il était déjà bien prêt à débarquer en France ! (rires) Le plus difficile finalement a été d’opérer des coupes pour nous aligner au format français et c’est en ça que les dates de rodage nous ont bien aidés.
En quoi les formats diffèrent entre les deux pays ?
Le spectacle d’origine comprenait deux actes d’une heure chacun alors qu’en France, vous expédiez un peu plus la chose car à Paris il y a souvent plusieurs shows qui s’enchaînent dans la même salle ! Il a alors fallu qu’au fil des représentations j’arrive à éliminer l’équivalent d’une demi-heure de sketchs, ce qui est énorme surtout quand on raconte une histoire ! Au Québec, il est très rare à l’inverse de ne pas avoir d’entracte car nos théâtres sont équipés de bars assez conséquents qui représentent une belle source de revenus. Du coup, même si tu n’as pas prévu de pause dans ton spectacle, tu es fortement invité à en a jouter une pour t’éviter de payer une compensation au théâtre qui peut aller jusqu’à 2000$ par soir !
Tu t’es désormais installé en France avec ta famille…
Oui ! Ça y est ! J’ai sauté le pas ! (rires) J’en avais marre que mes copains humoristes me fassent la réflexion que je n’étais jamais là quand il fallait, du coup, je suis resté… Réellement, c’est un peu curieux mais – particulièrement dans le monde de l’humour – tu t’aperçois que la France est assez possessive et qu’elle ne supporte pas réellement que tu aies le cul entre deux chaises alors j’ai fini par faire un choix. Par contre, même à l’ambassade, ils n’ont pas compris pourquoi je voulais aller dans le pays aux 75% d’impôts ! (rires)
Tu nous aimes vraiment énormément pour vouloir payer tes impôts chez nous…
J’aime sincèrement la France, c’est vrai, au point d’ailleurs qu’il me sera de plus en plus difficile, je pense, de trancher entre elle et le Québec… Un peu comme l’affection que l’on porte à ses deux parents… Ce n’est pas facile d’être loin du pays où j’ai grandi mais je suis heureux d’être là et surtout très reconnaissant d’avoir la chance d’y exercer mon métier.
C’est agréable aussi de ne plus avoir à se présenter ?
Oui dans Badouri rechargé, je peux désormais aller un peu plus droit au but puisqu’on se connaît déjà. J’y raconte « la suite » de ma vie, des anecdotes et surtout tout ce qui a changé ces cinq dernières années. J’ai hâte de jouer quasiment tous les soirs à Paris car même si j’aimerai toujours le premier, ce spectacle-ci a quelque chose de différent… Il y a bien sûr la « sauce » Badouri que les gens ont eu l’air – j’espère – de bien aimer mais il est aussi le reflet d’une certaine maturité. Il est plus intime et encore plus sincère.
Tu t’es rechargé de quoi pour ce 2nd one-man ?
D’histoires et d’anecdotes… Ces cinq dernières années ont été les plus occupées et les plus bouleversantes de toute ma vie ! Je me suis marié, j’ai perdu ma mère, je me suis mis au bio, je suis devenu papa, je suis venu en France, j’ai fait une irrigation du côlon… Bref, j’ai eu quarante ans le mois dernier… (rires)
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés
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