CINÉMA
« Chien blanc » : La nouvelle adaptation du roman de Romain Gary est un succès
Chien blanc d’Anaïs Barbeau-Lavalette
cinéma / drame
- sortie nationale le 22 mai 2024
Chien blanc : L’histoire d’un chien « dressé pour tuer »
Après Dressé pour tuer en 1982, c’est la deuxième fois que le roman de Romain Gary est adapté au cinéma. Il en garde cette fois-ci le titre éponyme – Chien blanc – et revient sur un épisode fort de la vie de l’auteur français alors en couple avec la célèbre actrice Jean Seberg et installé à Los Angeles, sur fond de lutte pour les droits civiques des afro-américains. À découvrir le 22 mai au cinéma.
De prime abord, le film – comme le livre – dénonce le racisme. Installé dans sa maison de Los Angeles, Romain Gary découvre un matin, un chien abandonné, assis sur son palier. Après avoir fait connaissance avec l’animal, la petite famille décide de l’adopter. Mais ils s’aperçoivent bien vite que ce canidé est moins ingénu qu’il ne le semble : c’est un « chien blanc », dressé pour attaquer les Noirs. Le film révèle donc ces infâmes traditions esclavagistes où ces derniers étaient surveillés par des chiens, comme du bétail.
Mais, dans un second temps – et c’est là tout l’intérêt du film -, la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette questionne plus profondément le militantisme des Blancs aux côtés des Noirs ainsi que leurs motivations. En effet, on voit dans le film la femme de Romain Gary – l’actrice américaine Jean Serberg – s’engager dans la lutte pour les droits civiques des afro-américains et ne plus pouvoir tolérer ce chien qui « agit » contre ses convictions. L’auteur français qui lui, croit en « l’humanité » de l’animal, refuse de le faire euthanasier et tente de le « déséduquer » grâce à Keys, un dresseur afro-américain. Cette mise en abîme du racisme systémique – qui se répète sans qu’on y réfléchisse comme cette bête qui n’a aucune réflexion ni conscience de ce qu’elle fait – permet aussi de questionner le soutien des Blancs. Pourquoi s’engager dans une cause qui n’est pas la sienne ? Comment en percevoir tous les enjeux quand on n’en subit aucune violence ? Quels sont les contours ? Où commence l’appropriation illégitime ? Le sujet était brûlant après l’assassinat de Martin Luther King en 1968 et est largement redevenu une question sociétale après la mort de George Floyd (2020) et le second souffle du mouvement Black Lives Matter qui s’en est suivi.
Dans ce film choral – réalisé par la canadienne Anaïs Barbeau-Lavalette, interprété par le français Denis Menochet (Romain Gary), les américains Kacey Rohl (Jean Seberg) et K.C. Collins dans le rôle de Keys mais aussi encadré par deux consultants afro-américains (Maryse Legagneur et Will Prosper) -, tout tend vers une vision des plus réalistes. Pour se faire son propre avis, le film sera dans les salles à partir du 22 mai. Attention, les débats d’après projection pourraient être animés !
© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / photo DR / mai 2024
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