CINÉMA
« Petites mains » : Quand les femmes de chambre des palaces se rebiffent
Petites mains de Nessim Chikhaoui
cinéma / film social / comédie
- sortie nationale le 01 mai 2024
Petites mains : Grandes âmes
En octobre 2018, la France « découvrait » les conditions de travail des femmes de chambre lors d’un mouvement social très médiatisé dans le 17ème arrondissement de Paris. Inspiré de ces faits réels, le film Petites mains du réalisateur Nessim Chikhaoui dévoile l’envers du décor de ces travailleuses de la précarité qui évoluent dans les luxueux palaces parisiens. Point d’apitoiement mais du courage, de l’entraide et le goût du travail bien fait… À découvrir au cinéma à partir du 1er mai, jour, ça tombe bien, de la Fête du Travail !
Quand Eva (campée par Lucie Charles-Alfred) – fière jeune femme de chambre transfuge des hôtels Ibis – intègre l’équipe du grandiose Aston Palace, elle est loin de se douter qu’elle participera à un mouvement social pionnier qui contribuera à changer le regard du public et des professionnels sur son métier. Pugnace et combative, elle travaille en duo avec Simone – Corinne Masiero -, consciencieuse et appliquée malgré un corps souffrant de plus en plus des conditions de travail difficiles. Alors que la 2ème inculque les codes du standing « palace » à la 1ère, celle-ci la convainc, en retour, de suivre le mouvement de grève que leurs collègues tentent de faire éclore. Le but ? Dénoncer leurs salaires insuffisants et le manque de reconnaissance criant. Soutenues par un syndicaliste CGT – porté par le convaincant Kool Shen, rappeur de NTM -, ces Petites mains organisent un contre-défilé de mode lors de la Fashion Week parisienne, sur le seuil de l’hôtel, braquant sur elles les objectifs des médias et l’attention des passants venus nombreux pour les soutenir.
Petites mains est une comédie qui réussit à rester joyeuse tout en décortiquant le quotidien de ces femmes de l’ombre qui oscillent en permanence entre ultra luxe, conditions de travail dégradés, économie du moindre produit d’entretien, interdiction d’accéder à la cantine de l’établissement car simples prestataires et caprices de clients au mieux indélicats et au pire, indécents.
Aucun pathos dans ce film qui fait la part belle à des laborieuses qui aiment leur travail et le raffinement de ces établissements élégants. Emmenées par les charismatiques Salimata Kamate et Marie-Sohna Condé, les frondeuses sont unies par un profond sentiment de sororité, se parlant franc comme si elles se connaissaient depuis toujours. Corinne Masiero incarne une battante plus solitaire, qui se démène pour garder son salaire, malgré les difficultés du quotidien. Chacune, avec grâce et ardeur, se jette dans une bagarre créative et féminine. Belle alternative aux piquets de grève empestant le pneu brûlé !
© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / photo DR / avril 2024
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