CINÉMA

« Rosalie » : Nadia Tereszkiewicz en magnifique femme à barbe

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Rosalie de Stéphanie Di Giusto

cinéma / film historique / drame  

  • sortie nationale le 10 avril 2024
  • De Stéphanie Di Giusto
  • Avec Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay

 


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Rosalie : Histoire vraie d’une femme à barbe

Dans la France rurale de la fin du XIXème siècle, un père cherche à marier sa fille. Comme il était de coutume, le patriarche offre une dote pour le futur mari. Celle de Rosalie est particulièrement conséquente et attire Abel, tenancier d’une taverne en déroute. Le mariage est célébré, les deux époux font plus ample connaissance et lors de la nuit de noces, Abel découvre le terrible secret de sa nouvelle femme : depuis la puberté, Rosalie développe une pilosité qui recouvre tout son corps. Elle est, ce que le sensationnalisme appelle, une femme à barbe. Un film fort et touchant à découvrir en salle à partir du 10 avril prochain.

 

 

Nadia Tereszkiewicz prête ses gracieux traits à Rosalie, qui assume avec fierté et bravoure la barbe qui mange son visage de poupée de porcelaine. Alors qu’elle dissimulait le dysfonctionnement de son système pileux afin de trouver un époux, une fois mariée avec Abel – Benoît Magimel -, elle décide de laisser libre cours à cet « atout » et de se transformer peu à peu en « animal de foire » afin d’attirer de nouveaux clients dans le bar de son mari et éponger, ainsi, ses dettes. La chose fonctionne et nombreux sont les curieux à se presser pour découvrir cette femme hors normes. Cette histoire des plus romanesques est inspirée de la vie de Clémentine Delait, véritable femme à barbe, habitante des Vosges et tenancière d’un bar à cette même époque.

Benoît Magimel, lui, est un homme brisé par la récente guerre contre la Prusse. Il pense se reconstruire grâce à ce mariage qui aurait dû lui offrir un horizon plus doux que celui des champs de bataille. Il se retrouve finalement assailli à cause de cette femme « monstrueuse » à qui il reproche aigrement de l’avoir trompé « sur la marchandise », lui qui doit subir la fureur du qu’en-dira-t-on et la violence des lynchages répétés. Petit à petit, il reprend pied grâce à l’incroyable aplomb dont fait preuve Rosalie face à la méchanceté et la bêtise des hommes.

 

 

Dans ce film sensible, le public hésite à distribuer les cartes des émotions. D’Abel ou Rosalie, qui est le plus fragilisé par la vie ? Qui est le plus vulnérable ? Qui aide l’autre ? La candeur du visage de Nadia Tereszkiewicz – bien que très perturbante avec cette fameuse barbe – face aux traits burinés de Benoît Magimel oblige à passer outre les apparences et leurs magnifiques jeux d’acteurs nous conduisent à trouver la beauté derrière l’anomalie. L’organisation du tournage a largement aidé les comédiens à s’emparer de leur rôle, notamment grâce à un déroulé chronologique des prises, qui leur a permis de se découvrir au fil du film. La première rencontre entre Rosalie barbue et Abel a littéralement lieu face caméra – les deux acteurs ne s’étaient pas vus en coulisses au préalable -, la surprise est donc sincère et véritable. Pour le public, aussi, elle le sera, mais dans les salles de cinéma…

© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / photo DR / avril 2024

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