CINÉMA
« Priscilla » vue par Sofia Coppola au cinéma nous ouvre les portes de la famille Presley
Priscilla de Sofia Coppola
cinéma / drame / biopic
- sortie nationale le 03 janvier 2024 / durée : 1h53
Priscilla : Derrière les strass
On aurait pu croire à un conte de fées. C’est l’histoire de la jeune et belle Priscilla (alors seulement âgée de 14 ans !), courtisée, enlevée telle une Cendrillon des temps modernes par le chanteur de rock (alors en pleine ascension Elvis Presley) devenue l’épouse de ce dernier.
Mais la belle, alors enivrée de tant de faste et de paillettes a vite déchanté. Embrigadée dans sa vie de femme mariée et dévouée (voire assouvie), elle sera pour The King une soupape de secours, un alibi (lui permettant de passer pour un bon père de famille et un mari attentionné), le tout en devant se contenter d’être belle et si possible silencieuse… Se taire et taire les aventures extra-conjugales du plus célèbre et adulé chanteur de l’époque. Taire aussi ses addictions aux drogues et à l’alcool. Taire enfin son envie de vivre librement malgré tout l’amour sincère qu’elle lui portait. Elle dira d’ailleurs dans son autobiographie parue en 1986, 7 ans après la mort de la star, « Je dépendais de lui, tout comme lui dépendait de moi ».
Et si sa jeunesse (volée ?) auprès de cet homme fut insolite et extraordinaire, dans tous les sens du terme, Priscilla – qui avouera encore : « Les six premiers mois que j’ai passés avec lui ont été remplis de tendresse et d’affection » – a vécu, plus récemment, des drames innommables comme le suicide de son petit-fils en 2020 suivi de celui de sa fille unique Lisa Marie, début 2023…
Sofia Copolla est loin d’en être à son coup d’essai dans la réalisation. Et si certains ont tendance à penser qu’être « fille ou fils de » peut ouvrir des portes qui seraient restées totalement closes sans l’aide d’un patronyme célèbre ; dans la famille Copolla, on doit bien admettre que la seule injustice qu’on puisse soulever réside dans la génétique… Tant le père (Francis Ford Copolla) que la fille ont en effet réalisé de véritables petits chefs-d’œuvre.
Après Virgin Suicide, Lost in Translation et bien d’autres encore, elle sort Priscilla qu’elle signe en tant que réalisatrice mais aussi scénariste, puisque c’est elle même qui a réécrit le long-métrage d’après l’autobiographie Elvis and Me de Priscilla Presley et Sandra Harmon. Elle a mis en lumière ce que le jeune prodige du rock et l’ingénue ont véritablement été lorsque les portes du show business se refermaient sur eux, seuls dans leur maison de Graceland. Beaucoup de choses ont été dites, beaucoup d’articles ont été écrits, et bon nombre de films ou reportages ont été faits sur ce couple mythique mais qu’en était-il vraiment de son côté à elle ? Que ressentait-elle, avec ses 10 ans de moins que lui, ce bébé arrivé alors qu’elle n’avait que 22 ans et la presse à scandale qui se délectait de le montrer en photos en compagnie d’autres femmes ? Le film se veut fidèle au point de vue de Priscilla et l’actrice qui campe la jeune femme – Cailee Spaeny – a d’ailleurs été récompensée pour son si juste jeu à La Mostra de Venise 2023 en recevant la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine.
© Delphine Goby pour Le Mensuel / janvier 2024
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